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À ton tour Montréal!

La Galerie de l’UQAM présente l’exposition itinérante do it dans une version toute montréalaise et universitaire.

Par Valérie Martin

12 janvier 2016 à 14 h 01

Mis à jour le 13 janvier 2016 à 9 h 01

Instruction «do it» de Jim Shaw.Photo: L-P Côté, Galerie de L’UQAM

L’exposition do it, qui fait le tour du monde depuis 23 ans, sera présentée à la Galerie de l’UQAM à partir du 13 janvier. Conçue à Paris par le réputé commissaire en art actuel Hans Ulrich Obrist, do it prend la forme d’une exposition capable de générer continuellement de nouvelles versions d’elle-même.

Organisé par Independent Curators International (ICI), un organisme basé à New York, le projet implique que l’institution d’accueil, les visiteurs et les artistes invités réalisent eux-mêmes les œuvres, à partir d’instructions à accomplir. Les instructions peuvent être directives ou plus philosophiques. Pour chaque itération, l’institution d’accueil est responsable de faire une sélection au sein d’une anthologie de 250 instructions rassemblées dans l’anthologie do it : the compendium, publiée en 2012, et d’en coordonner les interprétations. Ces règles du jeu assurent la divergence entre les versions d’une même œuvre, donnant ainsi un caractère unique à chaque événement do it. Plus de 400 artistes provenant d’une trentaine de pays ont participé au projet, qui a été diffusé entre autres en Australie, en Chine, au Danemark et au Costa Rica.

La commissaire déléguée Florence-Agathe Dubé-Moreau, candidate à la maîtrise en histoire de l’art, a été mandatée pour coordonner l’édition montréalaise, qui réunit plus de 80 artistes québécois et internationaux. L’étudiante a été choisie dans le cadre de l’initiative Premier commissariat, qui permet à un étudiant de deuxième cycle de l’UQAM de réaliser un premier mandat à la Galerie, sous la supervision de Louise Déry et d’Audrey Genois, respectivement directrice et conservatrice adjointe de la Galerie. «C’est un mandat bien spécial, parce qu’une fois que l’institution choisit les instructions, cette dernière doit aussi les réaliser!, note l’étudiante. Nous nous retrouvons à la fois à assurer le commissariat et à créer les œuvres qui seront présentées durant l’expo.»

Un projet uqamien

Par sa forme, do it est très malléable au lieu où elle est présentée, souligne l’étudiante, précisant qu’on a pu en voir différentes versions dans un département de linguistique, dans des festivals, des musées, des écoles primaires et d’autres galeries universitaires.

«La mouture montréalaise, qui comprend 60 instructions tirées de l’anthologie, sera une occasion de réfléchir au commissariat et aux nouvelles muséologies, au milieu de l’art contemporain, à la production des savoirs en art ainsi qu’au rôle politique et social de l’artiste, explique Florence-Agathe Dubé-Moreau. C’est à partir de ces réflexions que nous avons choisi les instructions.»

Dans do it montréal, on retrouve, par exemple, une recette pour réaliser «la meilleure peinture de tous les temps», une instruction sur la construction de son propre socle d’exposition en carton et une autre concernant un guide pour devenir un artiste international. «Certaines instructions interpellent directement les visiteurs afin de poursuivre une œuvre ou de la créer, dit la commissaire déléguée. On peut, par exemple, dessiner une ligne sur le mur en choisissant une couleur selon les règles définies par l’instruction.»

Florence-Agathe Dubé-Moreau.Photo: Nathalie St-Pierre

Selon Florence-Agathe Dubé-Moreau, le fait de pouvoir interpeller le visiteur change la dynamique de l’exposition. «Les visiteurs ne sont pas en mode contemplation, mais en mode actif, note-t-elle. Les œuvres sont activées par les visiteurs.»

L’exposition, qui se modifiera au cours des semaines, s’adresse à différents publics: certaines instructions, par exemple, interpellent directement les enfants. Des instructions seront disséminées aux quatre coins du campus, hors des murs de la Galerie, et d’autres seront offertes en version «pour emporter», que les visiteurs pourront réaliser à la maison.

Des instructions inédites

Fait inusité, 10 instructions inédites ont été conçues par des artistes, des chorégraphes, des auteurs et des dramaturges québécois. «En nous tournant vers des artistes provenant de différentes disciplines artistiques, nous avons voulu faire éclater le format de l’exposition», relève la commissaire déléguée. Les auteurs Martine Delvaux, professeure au Département d’études littéraires, et Larry Tremblay (M.A. art dramatique, 1983), professeur associé à l’École supérieure de théâtre, proposeront de nouvelles instructions.

Parmi les 14 artistes qui ont été invités à interpréter les instructions créés par d’autres créateurs, on retrouve Danièle Desnoyers, chorégraphe et professeure au Département de danse, et ses étudiants du baccalauréat en danse, le collectif Pour ici ou pour s’emporter, formé d’étudiants au baccalauréat en arts visuels, ainsi que projets hybris, un collectif interdisciplinaire dont Philippe Dumaine (B.A. art dramatique, 2010), candidat à la maîtrise en histoire de l’art, et Mylène Bergeron (C. histoire de l’art, 2009) sont les cofondateurs. Le collectif compte «activer» l’instruction qui lui a été confiée de manière furtive. Plusieurs performances seront réalisées lors des événements spéciaux do it hors les murs au Cœur des sciences (27 janvier, de 12 h à 13 h 45) et do it performances (3 février, de 12 h à 21 h). D’autres activités sont aussi prévues. On peut consulter l’horaire ici.

Tout au long de l’événement, le travail de documentation sera très important puisque, selon les règles du jeu, toutes les œuvres présentées dans le cadre de do it doivent être détruites à la fin de l’exposition!

On retrouve sur le site Internet de la Galerie de l’UQAM un onglet spécial do it montréal comprenant des images des œuvres, des instructions d’artistes, un glossaire et des essais critiques. Les visiteurs sont également invités à prendre des photos des œuvres et de les partager sur les médias sociaux au moyen du mot-clic #doitmtl.

L’exposition se termine le 20 février prochain.