Jade Boivin (B.A. communication/relations humaines, 2015) et Karine Pontbriand (B.A. relations internationales et droit international, 2013), candidates à la maîtrise en communication internationale, font partie d’une délégation québécoise qui participera à un séminaire sur la prévention et la lutte contre les discours haineux sexistes à Strasbourg, en France. Organisé par le Centre européen de la jeunesse de Strasbourg en partenariat avec l’Unité d’égalité de genre, l’événement, dont un important volet sera consacré au phénomène en ligne, se déroulera du 10 au 12 février prochains. Près d’une soixantaine de participants sont attendus.
Le séminaire, qui rassemblera des jeunes de l’Europe et du Québec, vise à mieux faire comprendre les causes, l’ampleur et les différentes formes que peuvent prendre ce phénomène, aussi appelé cybersexisme, ainsi que les conséquences sur les victimes. L’événement s’inscrit dans le cadre d’un plus vaste mouvement lancé par le Conseil de l’Europe afin de mobiliser les jeunes à prendre conscience du phénomène et à trouver des actions pour l’enrayer. «Les discours haineux en ligne sont une problématique qui touche davantage les jeunes puisqu’ils en sont souvent les victimes», fait remarquer Karine Pontbriand, qui travaille comme journaliste au réseau TVA.
À la fin du séminaire, les travaux du groupe permettront de créer un plan d’action, des propositions pour le Conseil de l’Europe et un recueil de bonnes pratiques destiné aux gouvernements et à la société civile. «Nous aurons l’occasion d’échanger avec d’autres jeunes, de participer à des discussions et à des tables rondes et de présenter des initiatives réalisées au Québec qui luttent contre le discours de haine sexiste», précise Karine Pontbriand. De retour au Québec, les jeunes femmes auront pour mandat de promouvoir la campagne. «Nous pensons à publier des articles en lien avec notre expérience», ajoute Jade Boivin.
Un phénomène inquiétant
Le cybersexisme peut prendre plusieurs formes sur le Web et sur les médias sociaux. «Les femmes, et en particulier les jeunes filles, sont davantage ciblées que les hommes, observe Karine Pontbriand. Elles font plus souvent l’objet de violence, de menaces et d’insultes à caractère sexuel ou d’intimidation par rapport à leur physique.»
Sur Facebook, des internautes vont écrire des commentaires désobligeants ou inappropriés sur des jeunes femmes qu’ils ne connaissent pas nécessairement. «Ils vont, par exemple, commenter les photos d’une jeune femme en la qualifiant de grosse et de laide», remarque Jade Boivin, qui s’intéresse à la condition féminine en contexte d’immigration dans le cadre de son mémoire. «Dans d’autres cas, des jeunes femmes peuvent être victimes de sextorsion, une forme d’exploitation pratiquée sur le Web dans le but d’obtenir des faveurs sexuelles ou de l’argent, ou encore de revenge porn, soit la mise en ligne de photos ou de vidéos compromettantes délibérément publiées par un ancien amoureux ou partenaire sexuel», poursuit l’étudiante.
D’autres gestes commis en ligne peuvent sembler moins graves, mais ne constituent pas moins des propos sexistes. «Les internautes ne publieront pas nécessairement des posts sur Facebook disant qu’ils détestent toutes les femmes, mais ils feront des déclarations plus subtiles, qui peuvent prendre la forme de blagues», illustre Jade Boivin.
Selon les jeunes femmes, le Web est un terreau fertile pour le discours haineux en raison de son aspect anonyme. «Cela permet à de nombreux individus de faire des choses qu’ils ne feraient pas autrement», remarque Karine Pontbriand.
Les membres de la délégation québécoise, quatre femmes et un homme, ont été choisis par les Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ), coordonnateurs du Mouvement contre le discours de haine au Québec. En partenariat avec le Conseil de l’Europe, le LOJIQ défraie les coûts d’hébergement et des repas ainsi que des frais de transport, dont une portion du billet d’avion.