Comment favoriser l’apprentissage du français auprès des élèves allophones? Comment faciliter leur passage de la classe d’accueil à la classe ordinaire? Comment mieux collaborer avec les parents immigrants? Les professeurs Simon Collin et Valérie Amireault, du Département de didactique des langues, ont participé à la mise sur pied d’un programme de formation continue destiné aux enseignants de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) afin d’améliorer la réussite des élèves allophones issus de l’immigration et de faciliter leur passage de la classe d’accueil à la classe ordinaire. Subventionné par le ministère de l’Éducation, le projet, conçu en collaboration avec des conseillers pédagogiques et des enseignants de la CSDM, s’est étalé sur quatre ans. «Nous avons répondu à un appel de projets destiné aux chercheurs universitaires», précise Simon Collin.
Pour les élèves allophones, le séjour en classe d’accueil dure en moyenne d’un à deux ans. Ils suivent des cours intensifs de français afin d’intégrer le plus rapidement possible les classes ordinaires pour poursuivre leur scolarité. Durant cette période, ils suivent également des cours en mathématiques, en éducation physique et en art. «Cette période transitoire n’est pas très balisée, explique Simon Collin. Pour les enseignants en classe d’accueil, il n’existe pas de consignes précises leur permettant de déterminer le moment opportun pour un élève d’intégrer la classe ordinaire. L’élève est-il prêt? Va-t-il réussir sa transition? La formation a mis cette problématique en lumière et tenter d’y remédier en développant de nouvelles pratiques et des outils pédagogiques.»
De leur côté, les enseignants des classes ordinaires, qui n’ont pas de formation en français langue seconde ou d’expérience en classe d’accueil, ne savent pas toujours comment intégrer les élèves allophones au cursus régulier. «Ces élèves font parfois des activités différentes de leurs camarades de classe, et peuvent ainsi se sentir mis de côté», illustre Simon Collin.
Le déclassement des élèves allophones quand ils arrivent en classe ordinaire est une des réalités auxquelles les enseignants doivent faire face. «Quand ces élèves quittent la classe d’accueil, ils sont parmi les meilleurs, tandis qu’en classe régulière, ils se retrouvent parmi les derniers. C’est un coup dur pour l’estime de soi», remarque le professeur, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux socioculturels du numérique en éducation et directeur du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante de l’Université du Québec (CRIFPE-UQ).
Les professeurs et leurs collègues de la CSDM ont eu l’idée de bonifier le programme de formation continue en réalisant un webdocumentaire et un site web interactif destinés au personnel scolaire œuvrant autant auprès des élèves nouvellement arrivés que des élèves plurilingues en classe ordinaire. «L’intégration des enfants immigrants va bien au-delà de l’école, dit Simon Collin. Les intervenants d’organismes communautaires pourront y trouver des ressources pédagogiques.»
Lancé le 3 novembre dernier, le webdocumentaire intitulé Des racines et des ailes est disponible gratuitement sur le site de la CSDM. Réalisé par Jacinthe Moffatt, le court métrage retrace le parcours d’élèves allophones. Khorshid, née en Iran, Ceren, originaire de la Turquie, et Yunshi, de Taiwan, racontent leur arrivée au Québec, tout en discutant de ce qu’ils aiment du Québec et de ce qu’ils trouvent plus difficile. Marc, leur professeur en classe d’accueil, témoigne également de son expérience. On peut aussi parfaire ou tester ses connaissances en matière d’intégration en remplissant un court questionnaire.