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Développer l’amour du français

Des ateliers de soutien à l’apprentissage du français sont offerts aux enfants réfugiés syriens.

Par Valérie Martin

19 avril 2016 à 16 h 04

Mis à jour le 27 avril 2016 à 16 h 04

Atelier du programme de soutien aux apprentissages en français.Photo: Catherine François/Radio-Canada

L’organisme communautaire montréalais Hay Doun, qui signifie maison arménienne, offre depuis la mi-mars des ateliers d’apprentissage en français à quelque 70 enfants et adolescents syriens âgés de 4 à 18 ans. Tous les samedis durant une heure et demie, ces derniers ont rendez-vous avec une soixantaine de bénévoles francophones dans des classes des collèges Montmorency et Vanier mises gracieusement à leur disposition. «Ce ne sont pas des cours de français, mais bien des ateliers, qui par l’entremise de jeux et d’activités sociales et pédagogiques, visent à susciter l’intérêt pour la langue française et à développer une meilleure connaissance de celle-ci», explique Gabriella Djerrahian, chercheuse postdoctorale au Centre interdisciplinaire de recherche en développement international et société (CIRDIS) et coordonnatrice bénévole du projet. La plupart des enfants ont l’arménien pour langue maternelle. «Ayant vécu en Syrie, ils sont aussi arabophones et certains baragouinent même l’anglais», ajoute la postdoctorante.

Gabriella Djerrahian.Photo: Nathalie St-Pierre

Le programme de soutien aux apprentissages en français a été conçu par l’organisme Hay Doun en collaboration avec Isabelle Anne Beck, bénévole et conseillère au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. «L’approche pédagogique est non-conventionnelle puisqu’elle est basée sur l’interaction sociale et l’apprentissage par le jeu, précise Gabriella Djerrahian.»

Les enfants réfugiés et leurs familles sont arrivés au Québec dans le cadre d’un programme de parrainage privé instauré par l’organisme de la communauté arménienne. «Comme le parrainage fonctionne d’abord par réseaux familiaux, il est certain que plusieurs de ces familles syriennes sont d’origine arménienne et chrétienne, précise Gabriella Djerrahian. Mais on trouve aussi des familles multiethniques. Nous acceptons tout le monde, il n’y pas de discrimination.»

Mieux intégrer les jeunes réfugiés

Les ateliers visent aussi à faciliter l’intégration des jeunes réfugiés dans leur société d’accueil. «L’idée, c’est de leur faire rencontrer des gens qui ne sont pas issus de leur communauté», rappelle Gabriella Djerrahian. Les ateliers sont aussi enrichissants pour les bénévoles québécois. «Bien souvent, les Québécois ne connaissent de la Syrie que ce qu’ils ont vu ou lu dans les médias», remarque-t-elle.

Selon la coordonnatrice, les ateliers donnent aux enfants et à leurs parents l’occasion de prendre conscience des efforts déployés par la société d’accueil pour les accueillir. «Lorsque j’ai appris à un parent syrien que les bénévoles n’étaient pas payés pour leurs actions, il ne m’a pas crue!», raconte Gabriella Djerrahian, une Québécoise née en Éthiopie dans une communauté arménienne. «Les bénévoles donnent beaucoup d’amour et de temps aux enfants, qui le leur rendent bien puisqu’ils les adorent et apprennent très vite le français. C’est d’ailleurs assez surprenant de les voir à l’œuvre!», ajoute-t-elle, ravie.

Gabriella Djerrahian fait aussi de l’accompagnement auprès d’étudiants de niveau postsecondaire ou en voie de terminer leurs études secondaires. «Mon objectif est de leur donner toutes les informations nécessaires et l’appui dont ils ont besoin afin qu’ils puissent poursuivre, le plus rapidement possible, leur cheminement académique au Québec.»

Les ateliers de l’organisme communautaire Hay Doun se poursuivent jusqu’au 4 juin prochain. Malgré le fait que l’organisme ne reçoive aucune subvention, ses membres espèrent que le projet sera reconduit. «Mon souhait, c’est que ce programme soit reconnu au même titre que les programmes de francisation du gouvernement, mentionne Gabriella Djerrahian. Les ateliers pourraient ainsi être offerts à des réfugiés provenant d’autres pays.»

Dans le cadre de son doctorat réalisé à l’Université McGill, l’anthropologue de formation s’est intéressée aux dynamiques entre communautés minoritaire et majoritaire. «Je me suis penchée plus précisément sur les concepts de race, de nation et de racisme en lien avec les Juifs éthiopiens en Israël», explique-t-elle.

Sous la supervision de la professeure du Département de sociologie Marie-Nathalie LeBlanc, membre du CIRDIS, Gabriella Djerrahian continue ses recherches sur la communauté juive d’Éthiopie. «Je prépare un projet à dimension davantage historique, basé majoritairement sur un travail d’archives. J’étudie les interactions entre les groupes lobbyistes pro-juifs éthiopiens des États-Unis et du Canada ayant entrepris des projets humanitaires et de développement en Éthiopie dans le but d’améliorer le sort des communautés juives et de les préparer à une migration éventuelle en Israël.»