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Hommage à quatre personnalités marquantes

L’UQAM remet un doctorat honoris causa à Evelyne St-Onge, Dan Hanganu, Jean Lemire et Olivier Houdé.

16 novembre 2015 à 15 h 11

Mis à jour le 7 juin 2022 à 10 h 24

Sur recommandation de ses facultés de science politique et de droit, des arts, des sciences humaines et des sciences de l’éducation, l’UQAM a décerné un doctorat honorifique à la militante des droits autochtones Evelyne St-Onge, à l’architecte Dan Hanganu, au biologiste et cinéaste Jean Lemire et au psychologue Olivier Houdé.

La remise de ces distinctions a eu lieu dans le cadre des cérémonies de collations de grades des quatre facultés, qui se sont déroulées à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau les 13, 14 et 15 novembre derniers.

Evelyne St-Onge

Evelyne St-Onge entourée de Catherine Mounier, vice-rectrice à la Recherche et à la création, et de Hugo Cyr, doyen de la Faculté de science politique et de droit. Photo: Jean-François Hamelin

Originaire de la communauté innue Uashat-Maliotenam, sur la Côte-Nord, Evelyne St-Onge a joué un rôle prépondérant dans la sauvegarde, le développement et la transmission des savoirs autochtones. Après des études en sciences infirmières à Montréal, elle entame une carrière dans ce domaine et épouse un non-autochtone, une union qui lui fait perdre son statut d’Indienne en vertu de la Loi fédérale sur les Indiens.

En 1974, elle cofonde l’Association des femmes autochtones, qui a pour mission d’harmoniser les relations entre les autochtones et les non-autochtones, entre les communautés autochtones elles-mêmes et, surtout, de faire reconnaître l’égalité des droits entre les femmes et les hommes au sein de ces communautés. Elle s’engage aussi dans la bataille visant à faire modifier la Loi sur les Indiens afin que les femmes conservent leur statut d’Indiennes à la suite d’un mariage avec un non-autochtone. La loi fédérale sera finalement modifiée en 1985.

Evelyne St-Onge poursuit son action dans le domaine de l’éducation, consacrant ses efforts à l’adoption de la langue innue comme langue d’enseignement et à l’intégration des pratiques et des traditions innues dans le cursus scolaire. Son travail de sensibilisation aux diverses réalités culturelles, mené en collaboration avec la Commission des droits de la personne, sous l’égide de l’Institut culturel et éducatif montagnais Tshakapesh, permet de rejoindre 45 000 élèves dans une trentaine d’écoles du Québec.

En 1987, la militante participe à la création de la première maison de production de vidéos autochtones au Québec, les Productions Manitu, qui réalise une quarantaine de documentaires contribuant à l’enrichissement et au rayonnement de la culture innue. En 1994, son travail de mobilisation contre la construction du barrage SM3 sur la rivière Sainte-Marguerite, qui empiète sur les terres autochtones, lui vaut une peine d’emprisonnement de 10 jours et deux ans de liberté surveillée. Malgré tout, cette mobilisation éveille le Québec aux risques d’un développement mal planifié des ressources.

De 2010 à 2013, Evelyne St-Onge occupe le poste de conseillère de la Réserve Maliotenam et travaille au transfert des fonds d’exploitation des ressources naturelles vers des programmes d’éducation. Aujourd’hui, cette féministe courageuse continue à faire valoir les revendications autochtones auprès de nombreuses associations régionales de la Fédération des femmes du Québec.

Dan Hanganu

Né en Roumanie en 1939, l’architecte Dan Hanganu a réalisé une œuvre qui est inscrite dans le tissu urbain de Montréal. Après des études à l’Université de Bucarest, il vit l’expérience directe des chantiers en tant qu’employé de l’État, apprenant tous les métiers, de la maçonnerie à l’électricité.

Jean-Christian Pleau, candidat au poste de doyen de la Faculté des arts, Dan Hanganu et Catherine Mounier, vice-rectrice à la Recherche et à la création. Photo: Jean-François Hamelin

Dan Hanganu immigre au Québec en 1970, où il amorce une carrière de professeur aux universités de Montréal et McGill, puis de concepteur de projets résidentiels, l’habitation constituant, selon lui, l’abc du métier, qui permet de comprendre l’espace. En 1979, il fonde sa propre firme d’architecture dans le Vieux-Montréal. Ses matériaux de prédilection sont le béton, l’acier et le bois, tandis que la lumière, largement exploitée, devient presque un matériau en soi.

L’architecte réalise aussi des projets d’hôtels et d’édifices commerciaux, puis de bâtiments institutionnels d’envergure liés à l’éducation et à la culture, tels que le pavillon de Design de l’UQAM, le Musée Pointe-à-Callière, le Théâtre du Nouveau Monde, le Musée commémoratif du 400e anniversaire de la Ville de Québec et le studio du siège social du Cirque du Soleil.

Depuis 2010, Dan Hanganu mène trois projets résidentiels dans la région d’Ottawa et huit projets culturels au Québec. Il est aussi responsable de la conception du quartier des affaires internationales de la ville de Chongqing, en Chine, et du siège social de la compagnie La Capitale à Québec. Cette dernière création lui a d’ailleurs valu le Prix d’excellence de l’Institut de développement urbain du Québec, catégorie meilleur projet immobilier, en 2013.

Applaudies par la critique et par les spécialistes, la force et la cohérence de l’œuvre de l’architecte ont été reconnues par une cinquantaine de prix et distinctions, dont le prix Paul-Émile-Borduas du gouvernement du Québec et la médaille de Mérite de l’Institut royal d’architecture du Canada. Membre de l’Académie roumaine, Dan Hanganu a reçu le prix carrière Sam-Lapointe de l’Institut de design de Montréal ainsi que le titre d’officier de l’Ordre national du Québec.

Jean Lemire

Le biologiste, cinéaste et vulgarisateur scientifique Jean Lemire a contribué à sensibiliser le public aux enjeux reliés à l’environnement, à la biodiversité et aux changements climatiques.

Détenteur d’un baccalauréat en biologie de l’Université de Sherbrooke, Jean Lemire amorce au milieu des années 80 une carrière de chercheur et de vulgarisateur scientifique, d’abord à titre d’explorateur, mais aussi de réalisateur, producteur et scénariste d’une soixantaine d’œuvres cinématographiques et télévisuelles, diffusées dans une cinquantaine de pays.

Jean Lemire en compagnie du recteur Robert Proulx et de la doyenne de la Faculté des sciences humaines Josée Lafond. Photo: Jean-François Hamelin

Jean Lemire s’intéresse d’abord aux mammifères marins, notamment au comportement des baleines du Saint-Laurent. Ses premiers films sont réalisés pour le compte de sa maison de production, Ciné-bio, qu’il fonde en 1987. En 2001, il transforme un voilier océanographique, le Sedna IV, en plateforme de recherche scientifique et studio de production. Avec son équipe, il sillonne les océans du monde entier, recueillant des données sur l’état environnemental de notre planète. En 2002, il franchit le légendaire passage du Nord-Ouest, captant le tout dans le film Mission Arctique. Puis, il parcourt l’Antarctique pendant 15 mois et nous livre les mystères de ses vastes espaces. Cette mission donnera lieu à une série de 13 épisodes réalisés pour l’Office national du film du Canada, où il travaille comme réalisateur et producteur depuis 2002.

Le biologiste entreprend, en 2012, la série 1000 jours pour la planète, un tour du monde de trois ans visant à documenter la biodiversité mondiale, en collaboration avec le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique de l’ONU.

Conférencier apprécié, Jean Lemire a participé à des émissions de Radio-Canada et a collaboré aux quotidiens La Presse et Le Devoir. Il a remporté de nombreux prix et distinctions, ici et à l’étranger. Récipiendaire, entre autres, de la Médaille d’or de la Société géographique royale du Canada, en 2004, et du prix Mobius international de l’UNESCO pour le meilleur site Web éducatif, en 2005, Jean Lemire a été nommé, en 2010, Ambassadeur de la vague verte pour la diversité biologique par le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon.

Olivier Houdé  

Né à Bruxelles en 1963, Olivier Houdé est à l’origine de percées en psychologie de l’apprentissage et en  sciences cognitives, qui ont permis de renouveler les bases de la pédagogie scolaire. Professeur à la Sorbonne depuis 20 ans et directeur du Laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), à Paris, Olivier Houdé est l’un des premiers à avoir établi des ponts entre l’éducation, la psychologie expérimentale et les technologies d’imagerie cérébrale chez l’enfant.

René Côté, vice-recteur à la Vie académique, Olivier Houdé et Monique Brodeur, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation.Photo: Jean-François Hamelin

Selon le psychologue, le développement de l’intelligence ne se ferait pas nécessairement par cumul de connaissances et par paliers, de la naissance à l’âge adulte, comme l’affirmait Jean Piaget, mais présenterait une configuration beaucoup plus irrégulière. Grâce à la visualisation de l’activité cérébrale, Olivier Houdé a démontré que le cerveau possède trois systèmes cognitifs: l’un rapide et intuitif, un autre plus lent, logique et réfléchi, et un troisième, celui du contrôle cognitif, qui fait office d’arbitre entre les deux premiers. C’est ce dernier système, le plus sollicité sur le plan cérébral, qui assure l’inhibition du système rapide et intuitif lorsque l’application de la logique est nécessaire pour comprendre un problème.

Selon le chercheur, se développer c’est apprendre à résister aux automatismes (idées toutes faites, perceptions erronées), grâce notamment à l’expérience des échecs, à l’imitation, ou encore aux instructions venant d’autrui – un parent, un enseignant, un mentor. C’est aussi inhiber des stratégies déjà existantes pour en activer de nouvelles, plus réfléchies et plus efficaces. Cette théorie sur l’inhibition est à l’origine d’un nouveau programme de recherche en didactique des sciences proposé par des membres de l’Équipe de recherche en éducation scientifique et technologique de l’UQAM, laquelle s’intéresse au rôle de l’inhibition dans l’apprentissage de concepts scientifiques.

Auteur et coauteur de quelque 300 publications et communications scientifiques, Olivier Houdé est membre de l’Institut universitaire de France depuis 2007. Il a reçu le titre de Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques, en 2010, puis celui de Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur, en 2013.