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Surmonter son handicap par le sport

Joueur de basketball en fauteuil roulant, Étienne Moisan représentera le Québec aux Jeux du Canada.

Par Jean-François Ducharme

19 janvier 2015 à 11 h 01

Mis à jour le 19 janvier 2015 à 12 h 01

Étienne Moisan.Photo: Jade St-Pierre

Étienne Moisan, né prématurément à 28 semaines de grossesse, souffre de paralysie cérébrale. Le fait que des neurones moteurs dans son cerveau soient paralysés l’empêche de solliciter certains muscles et affecte son équilibre, sa coordination et sa démarche. Il n’est pas en mesure, par exemple, de faire du vélo ou du patin à roues alignées. «Je me considère chanceux: je peux marcher, aller à l’université et conduire une voiture», affirme l’étudiant au baccalauréat en enseignement secondaire, dont l’énergie et la joie de vivre sont contagieuses.

Son état ne l’empêche pas non plus de pratiquer le sport qu’il adore, le basketball en fauteuil roulant. Du 12 au 20 février, Étienne participera aux Jeux du Canada, qui se tiendront à Prince George, en Colombie-Britannique.

L’athlète de 23 ans en sera à une deuxième expérience à ces jeux, ayant aidé l’équipe du Québec à remporter la médaille d’or en 2011, à Halifax. «Nous avions été traités comme des vedettes, se rappelle-t-il. Vol nolisé, manteau aux couleurs du Québec, immense cérémonie d’ouverture rassemblant des milliers d’athlètes de partout au Canada… C’était une expérience inoubliable!»

Un sport inclusif

Les joueurs de basketball en fauteuil roulant n’ont pas tous les mêmes habiletés physiques. Les plus habiles, dont le handicap n’affecte pas le haut du corps, se voient attribuer la classification maximale de 4,5. Étienne, qui éprouve des difficultés de coordination et de force, a quant à lui une classification de 1. Puisque le pointage cumulatif des cinq joueurs sur le terrain ne doit jamais dépasser 15 – une équipe ne pourrait donc pas aligner cinq joueurs de classification maximale en même temps –, des athlètes de différents niveaux sont amenés à se côtoyer.

Bien qu’il ne compte pas parmi les vedettes de l’équipe, Étienne Moisan a un rôle essentiel au sein de la formation québécoise. Son jeu préféré consiste à neutraliser un joueur de classification élevée de l’autre équipe afin de créer de l’espace pour ses coéquipiers vedettes. «Je suis conscient de mes forces et de mes faiblesses, et je suis très heureux d’aider l’équipe à gagner.»

Ce rôle plus effacé lui permet tout de même d’inscrire de deux à trois paniers par match. Il y a quelques années, lors d’un match de saison régulière, il avait marqué pas moins de 25 points! «Certainement le moment le plus mémorable de ma carrière», mentionne-t-il avec fierté.

Sa contribution n’est pas seulement importante sur le terrain, mais aussi à l’extérieur. «Je suis reconnu pour détendre l’atmosphère, pour mettre de la vie dans l’équipe. La formation québécoise a d’ailleurs acquis une réputation à travers le Canada d’être unie même dans la défaite.»

Lorsqu’il a commencé à s’intéresser à ce sport, il y a sept ans, ses parents étaient réticents. Ils étaient inquiets qu’il entraîne moins ses jambes en se déplaçant en fauteuil roulant. Au contraire, l’activité lui a permis de développer certaines capacités physiques, soutient-il. «Au début, mes mouvements étaient très spastiques, mais j’ai acquis une meilleure fluidité musculaire, une plus grande force et une vitesse de réaction plus rapide. Et il n’est pas question que je touche à un fauteuil roulant à l’extérieur d’un terrain de basketball!»

Contact humain

À l’école, Étienne Moisan a toujours aimé le contact avec les autres élèves. Ses talents en improvisation, sa personnalité attachante et son attitude positive ont fait de lui un être apprécié de ses camarades de classe. «Je touche du bois puisque je n’ai jamais souffert de discrimination, dit-il. Je dis souvent à la blague que certains roux ont eu la vie plus difficile que moi!»

Titulaire d’un DEC en communication, il a étudié la science politique durant un trimestre, avant de se diriger vers le baccalauréat en enseignement secondaire, concentration français langue première. «Dans mes stages, je me fais un devoir d’expliquer mon handicap à la classe dès nos premiers contacts. Je trouve important de mettre les élèves à l’aise et de défaire les tabous.»

Même s’il n’est pas fermé à l’idée d’un jour enseigner à des élèves handicapés, sa principale motivation pour poursuivre ses études, c’est son amour pour la langue française. «C’est une langue riche, belle, subtile et poétique», affirme celui qui amorcera son troisième stage à son retour des Jeux du Canada, en mars.

Parallèlement à ses études et à ses entraînements de basketball, Étienne donne également des conférences, dans le cadre de tournées organisées par l’organisme Parasports Québec. «Je trouve important de montrer l’impact positif du sport sur les personnes handicapées.»