Série «Titres d’ici»
Quels liens entre sciences, technologies et société ?
Vaccination, OGM, épidémies, contraception, changements climatiques. Voilà autant de sujets de controverse où la science semble être à la fois juge et partie. Louées ou honnies, les sciences et les technologies font intimement partie de notre vie, sans que nous ne comprenions toujours comment ou pourquoi. Publié sous la direction de Frédéric Bouchard, directeur du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST), ainsi que de Julien Prud’homme, professeur associé au Département d’histoire, et de Pierre Doray, professeur au Département de sociologie, également chercheurs au CIRST, l’ouvrage Sciences, technologies et sociétés de A à Z constitue un dictionnaire unique en son genre. Il cartographie nos liens complexes avec la science et la technologie et détaille le vocabulaire et les questions que soulève ce champ des sciences humaines. Chaque entrée présente l’état des recherches sur un aspect précis (déterminisme technologique, gestion de la technologie, philosophie des sciences, représentations sociales, etc.) et rend compte des acquis théoriques, des méthodes d’enquête et des débats en cours. Le grand public, les étudiants, les décideurs et les chercheurs y trouveront un outil de référence indispensable pour réfléchir autrement aux questions qui nourrissent nos inquiétudes et nos espoirs. Paru aux Presses de l’Université de Montréal.
BGL en mots et en images
L’exposition Canadassimo du collectif d’artistes BGL, présentée du 9 mai au 22 novembre 2015 au pavillon du Canada dans le cadre de la 56e édition de la Biennale de Venise, s’accompagne d’un beau catalogue en couleurs bilingue. On y trouve de superbes images de l’installation immersive que BGL a réalisée pour l’événement, un dépanneur authentiquement québécois auquel se greffe un atelier en désordre, le tout produit à partir de matériaux récupérés. Dans son essai intitulé «De la réappropriation à l’improductivité», Marie Fraser, commissaire de l’exposition et professeure au Département d’histoire de l’art, souligne l’importance de la matière dans le travail artistique de BGL et la volonté de ses membres de ramener la production matérielle à une échelle plus humaine. «À un mode de production de masse et à une consommation rapide, BGL impose une lente et longue vie artistique: de marchandise à œuvre d’art, d’objet ordinaire à objet singulier, de l’utilité à inutilité, d’objet fini et usiné à l’objet récupéré, usé ou fait à la main qui conserve la trace du temps, du geste et de l’outil», écrit-elle. La professeure signe dans un deuxième temps un entretien avec les artistes permettant de mieux comprendre leur démarche artistique. Publié aux éditions du Musée des beaux-arts du Canada.
L’amour à l’université
«Le rapport amoureux, sexuel, entre un professeur d’université et une étudiante est un cas de figure investi des centaines de fois par la culture populaire, la littérature, le cinéma, un cas de figure qui fait aussi partie de la réalité de l’université et qu’il semble important d’interroger pour essayer d’en comprendre les enjeux», lit-on en introduction de l’ouvrage Sexe, amour et pouvoir: il était une fois à l’université, qui fait suite au colloque du même nom organisé à l’UQAM par la professeure Martine Delvaux, du Département d’études littéraires, en novembre 2014. Des étudiantes et des professeures se penchent dans cet ouvrage sur une histoire aussi ancienne que taboue: la relation entre désir et pédagogie. L’université, selon elles, n’est pas une tour d’ivoire et un lieu d’impunité. Depuis quelques temps déjà, des féministes ont rompu la digue du silence et une vague de dénonciations spectaculaires a suivi. Quel est le rapport entre professeurs et étudiants et qu’arrive-t-il lorsque la séduction s’en mêle? Quelles histoires cette relation raconte-t-elle, pervertit-elle ou permet-elle d’inventer? Ce livre ne prétend pas trancher la question du sexe, de l’amour et du pouvoir au sein des universités, mais d’en montrer plutôt la complexité, tout en convoquant la communauté universitaire à une résistance féministe solidaire. Publié aux Éditions du remue-ménage.
Méditation sur la mémoire
Florence, reprise est le titre du premier roman de Dominique Garand, professeur au Département d’études littéraires. Méditation sur la mémoire, parcours érotisé d’une ville, ce récit explore l’élaboration d’une jouissance ancrée dans le désir du féminin. À l’époque où il n’est encore qu’un étudiant, Pierre Maureault, personnage central du roman, quitte le Québec, sa compagne et un milieu universitaire où il se sent à l’étroit pour se rendre à Florence. Le prétexte: effectuer une recherche sur deux zouaves pontificaux qui ont autrefois déserté les pieuses troupes de monseigneur Bourget. Mais, au fond, son véritable désir est d’expérimenter de nouvelles sensations et de renouer avec la poésie d’une vie ouverte à l’inédit. Symbole d’une renaissance et lieu d’un amour de jeunesse qui ne cesse de le hanter, Florence continue, 25 ans plus tard, de l’habiter. Dans le but de revivre cet épisode marquant et, ultimement, de s’en libérer, Pierre Maureault entreprend de le raconter à un jeune étudiant. Celui-ci aura pour mission de transformer l’histoire vécue en un roman vivant. Auteur d’Un Québec polémique: éthique de la discussion dans les débats publics, publié l’an dernier chez Hurtubise, Dominique Grand a aussi écrit des essais sur l’écrivain polonais Witold Gombrowicz et sur la culture québécoise. Son roman est paru chez Leméac.
Un conflit entre religion et politique
Le gouvernement libéral du premier ministre Félix-Gabriel Marchand, élu le 11 mai 1897, veut créer un ministère de l’instruction publique. Le projet de loi suscite une virulente opposition de l’Église catholique et des ultramontains. Le projet adopté par l’Assemblée législative est rejeté peu après par le Conseil législatif à majorité conservatrice. Cet échec politique sera durable, puisqu’il faudra attendre 1964 pour que le Québec se dote d’un ministère de l’éducation. «Il m’est apparu intéressant de revenir sur ces événements de 1897-1898 pour explorer les thèmes de l’échec politique, de l’échec en politique, de l’affrontement de l’Église et de l’État, du conflit entre religion et politique, du choc frontal de visions radicalement incompatibles de l’être humain et de la vie en société», écrit Claude Corbo dans L’échec de Félix-Gabriel Marchand. Une interprétation en forme dramatique. L’ancien recteur et professeur retraité du Département de science politique explore ces thèmes en trois temps. Une introduction rappelle les événements et les principaux protagonistes. Une sélection de documents de l’époque permet d’entendre les discours officiels et les échanges privés entre opposants. Entre les deux, il nous offre sous forme de pièce de théâtre une interprétation dramatique des personnages et des événements. Paru chez Del Busso Éditeur.
Durkheim aujourd’hui
Émile Durkheim. Généalogie, critique et épreuve constitue le dernier numéro (printemps 2014) des Cahiers de recherche sociologique, la revue du Département de sociologie. Comme son titre l’indique, ce numéro est consacré à Émile Durkheim, celui que l’on considère comme le fondateur de la sociologie française. Il s’attarde particulièrement aux Formes élémentaires de la vie religieuse, dernier ouvrage de l’auteur, publié en 1912. «Les études religieuses ont sans nul doute de beaux jours devant elles et le quatrième ouvrage de Durkheim, longtemps délaissé, n’est pas inutile à reprendre dans ce cadre nouveau», écrivent en présentation les deux responsables du numéro, Matthieu Béra, de l’Université de Bordeaux, et François Pizarro Noël, professeur associé au Département de sociologie, observant que bien loin de s’éteindre progressivement, comme l’ont longtemps prédit les sociologues, le fait religieux ne cesse de se démultiplier. Deux autres professeurs du Département de sociologie signent un article dans ce numéro: «Réalisme ontologique et subjectivité politique chez Durkheim: quelques traits hégéliens du fondateur de la sociologie», de Jean-François Filion, et «Émile Durkheim en renfort. Son actualité dans le renouvellement de la théorie critique chez Axel Honneth», de Jean-Marc Larouche. Publié aux Éditions Athéna.