Voir plus
Voir moins

Lectures de novembre

Notre sélection mensuelle d’ouvrages publiés par des professeurs, chargés de cours, étudiants, employés, diplômés ou retraités de l’UQAM.

20 novembre 2015 à 14 h 11

Mis à jour le 12 juillet 2022 à 10 h 09

Série «Titres d’ici»

Délinquance sexuelle

Les études sur la délinquance sexuelle des mineurs se sont accrues au cours des deux dernières décennies. Elles portent sur les comportements spécifiques associés à l’abus sexuel, sur des comparaisons avec d’autres types de délinquants et sur des dimensions familiales, sociales et personnelles. «Avant de conclure à la présence de facteurs communs entre les adolescents auteurs d’abus sexuels et les autres délinquants, il importe d’analyser de façon plus étayée les facteurs relationnels, familiaux, de représentation et possiblement neuropsychologiques, de même que criminologiques», souligne la professeure Monique Tardif, du Département de sexologie, qui a dirigé la publication de l’ouvrage La délinquance sexuelle des mineurs. Celui-ci réunit des articles de chercheurs et de professionnels cliniciens provenant de différentes disciplines (psychologie, criminologie, sexologie et psychiatrie). Son objectif consiste à présenter un état de la recherche actuelle dans le domaine de la délinquance sexuelle des mineurs ainsi que des orientations théoriques pour les recherches futures. La première partie dégage des pistes de réflexion et questionne les modes d’intervention auprès des jeunes. La seconde traite des victimes d’abus, de la violence commise par des adolescents dans le contexte de leurs relations amoureuses et de l’usage d’Internet à des fins sexuelles, des sujets appelés à prendre de l’importance au cours des prochaines années. Paru aux Presses de l’Université de Montréal.

Nouvelles muséologies

Depuis deux décennies, l’univers des musées et des patrimoines a subi de nombreux changements. Des transformations touchent à la fois la nature des collections, l’élargissement de la notion de patrimoine muséologique, les pratiques de conservation et les formes de médiation. La multiplication des politiques patrimoniales suscite, par ailleurs, des mutations profondes. L’ouvrage Musées et muséologies: nouvelles frontières, publié sous la direction des professeurs Yves Bergeron et Daniel Arsenault, du Département d’histoire de l’art, et de la doctorante en muséologie, médiations et patrimoine Laurence Provencher, réunit les contributions de chercheurs et de praticiens du Québec, du Canada, de la France et de la Belgique. À la lecture des textes, on comprend que les frontières entre les catégories de musées tendent à disparaître et que la notion de patrimoine, de plus en plus complexe, contribue à redéfinir les limites territoriales des disciplines ayant participé au développement de la muséologie. Dans le prologue du livre, le professeur émérite du Département d’histoire de l’art Raymond Montpetit identifie quelques tendances qui ont marqué, ces dernières années, la muséologie internationale et québécoise: le tournant vers les visiteurs et l’éducation; les minorités ethnoculturelles et l’inclusion; le tourisme culturel; les technologies et l’interactivité. Paru aux Presses de l’Université Laval.

Les livres curieux

Plusieurs œuvres littéraires sont habitées par des savoirs intellectuels qui façonnent nos vies, de la médecine à l’histoire, de la littérature à la sociologie, de la physique à la biologie en passant par l’anthropologie ou la philosophie. Comment la littérature s’approprie-t-elle ces disciplines ? Comment les récupère-t-elle ? Voilà quelques-unes des questions abordées par Jean-François Chassay dans l’essai Les livres curieux. Le professeur du Département d’études littéraires s’intéresse depuis plusieurs années à ces fictions qui en appellent à notre curiosité en fouillant l’univers encyclopédique que l’humanité a lentement constitué. «La littérature n’est pas un savoir objectif, mais possède la capacité de refléter l’ensemble des savoirs, d’embrasser l’ensemble du discours social, et d’en proposer une lecture qu’aucun autre type de discours ne peut tenir de cette façon», souligne-t-il. La première partie de son ouvrage s’intéresse aux sciences dites «exactes», la deuxième à l’érudition comme moteur de la narration et la troisième à la fiction comme une manière de tester des hypothèses extrêmes. Parmi les œuvres auxquelles s’intéresse l’auteur, on retrouve, entre autres, celles de Philip Roth, Victor-Lévy Beaulieu, Maylis de Kerangal, Pierre Senges, René Lapierre, Karoline Georges, Don DeLillo et Gertrude Stein. Paru chez Leméac.

Penser la ville au XXIe siècle

Tissée de patrimoines et d’identités, la ville est le lieu et le véhicule des projets humains. De Montréal à Tokyo, en passant par Las Vegas, Barcelone, Prague ou Belgrade, les vies de quartier qu’elle met en scène tranchent sur l’arrière-plan austère de la mondialisation : c’est ce qu’on a pris l’habitude d’appeler le «vivre-ensemble». «Circuler, travailler, habiter, se récréer» ont animé l’urbanisme du XXe siècle ; le XXIe siècle apprend plutôt à aménager l’imaginaire urbain, car la ville «réceptacle parfait de l’investissement humain, est autant imaginaire que tangible. La ville, c’est notre identité», souligne Lucie K. Morisset, professeure au Département d’études urbaines et touristiques de l’ESG UQAM et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain, qui dirige l’ouvrage S’approprier la ville. Le devenir ensemble, du patrimoine urbain aux paysages culturels. Ce dernier, né dans la foulée de deux séries de rencontres organisées en avril 2012 à l’occasion de la remise d’un doctorat honoris causa au professeur Jean-Claude Marsan, porte l’espoir d’apprendre «à aménager l’imaginaire urbain en adoptant le devenir-ensemble comme mode de planification, mais aussi comme ossature du patrimoine urbain, ce vieux complice du génie du lieu et de l’identité des villes.» Publié aux Presses de l’Université du Québec.

L’art à double sens

Chargé de cours à l’École des arts visuels et médiatiques, Clément de Gaulejac est artiste, blogueur, auteur et illustrateur. Celui qui est aussi candidat au doctorat en études et pratiques des arts s’est notamment fait connaître dans les médias sociaux par ses illustrations sur la grève étudiante de 2012. Dans une démarche humoristique, Clément de Gaulejac met en scène des dialogues entre les images et les mots, le réel et le symbolique. Au moyen de plusieurs procédés (détournements de sens, jeux linguistiques, double sens, changements de niveau logique), l’illustrateur invite le spectateur à voir des ressemblances inopinées entre les choses et à créer de nouveaux liens faisant un pied de nez à «l’hégémonie du système explicatif de la pensée rationnelle». Dans son dernier recueil d’illustrations en noir et blanc intitulé Les tailleurs d’histoires, l’artiste s’amuse de nouveau à prendre les métaphores au pied de la lettre et à confondre le propre et le figuré. Les images sont ludiques, ironiques, ou un brin énigmatiques. Certaines font réfléchir. L’ouvrage accompagne l’exposition Les naufrageurs, présentée à Vox-Centre de l’image contemporaine jusqu’au 5 décembre prochain. Cette installation visuelle et sonore, dans laquelle figurent, entre autres, une foreuse cyclope et un panier d’épicerie clandestin, est destinée aux jeunes de 8 à 12 ans. Publié aux éditions de la Mauvaise tête.

Pour une communauté artistique plus inclusive

Peu d’artistes provenant des communautés culturelles sont visibles sur la scène et à la télévision québécoises. Pourtant, une personne sur trois, à Montréal, est issue de l’immigration. Dans l’essai Il est temps de dire les choses, Jérôme Pruneau, ethnologue et chargé de cours au Département de sociologie, livre un témoignage, tout en cherchant à comprendre le rapport à l’Autre. Comme directeur général de l’organisme Diversité artistique Montréal, Jérôme Pruneau accompagne depuis trois ans des artistes dits de la diversité dans le (re)développement de leur carrière professionnelle et fait la promotion de la diversité culturelle auprès des institutions culturelles et des circuits de diffusion. «La croissance rapide et importante de la diversité surprend, interroge et véhicule des peurs, des questionnements légitimes, des amalgames contre-productifs aussi qu’il faut combattre», écrit-il en guise de conclusion. Outre une lecture personnelle de la problématique, l’auteur propose des pistes de solution et une série de recommandations ayant fait l’objet d’un mémoire déposé en février 2015 au ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion dans le cadre d’une consultation publique portant sur une nouvelle politique en matière d’immigration, de diversité et d’inclusion. Publié aux éditions Dialogue Nord-Sud.