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Lectures de mars

Notre sélection mensuelle d’ouvrages publiés par des professeurs, chargés de cours, étudiants, employés, diplômés ou retraités de l’UQAM.

16 mars 2015 à 14 h 03

Mis à jour le 12 juillet 2022 à 10 h 03

Série «Titres d’ici»

Puissante Chine

La montée en puissance de la Chine est devenue une réalité que l’on ne peut ignorer. Pour la première fois dans l’histoire récente, la plus grande puissance économique mondiale ne sera pas un pays occidental et, surtout, ne se réclamera pas de la démocratie tout en n’adhérant pas, du moins officiellement, au capitalisme. Quel sera le visage de la Chine en tant que première puissance mondiale? Comment le reste du monde réagira-t-il devant cette nouvelle réalité? «La société chinoise dans son ensemble […] impose une nouvelle manière de penser la gouvernance dans un pays où l’intérêt pour la politique ne fait que croître et où la participation citoyenne se décline sous de multiples formes, parfois au risque de faire chanceler le pouvoir. Ces trajectoires devraient se confirmer et même se conforter, parallèlement à la montée en puissance économique, et avoir un impact sur l’ensemble de la planète», peut-on lire en introduction de La Chine et le monde. Quelles nouvelles relations, quels nouveaux paradigmes?, un ouvrage paru sous la direction d’Éric Mottet, professeur au Département de géographie, du chercheur Barthélémy Courmont, associé de l’Institut de relations internationales et stratégiques, en France, et du professeur de géographie Frédéric Lasserre, de l’Université Laval. Publié aux Presses de l’Université du Québec.

Un fleuron des arts de la scène

La Place des Arts (PdA), le plus important centre de diffusion des arts de la scène au Canada, a célébré ses 50 ans en 2013. Au moment de son implantation, la Place des Arts atteignait un double objectif, soit de «permettre la diffusion de la culture, des artistes et des productions locales, tout en réservant une place significative aux productions internationales», écrit la professeure et doyenne de la Faculté des arts Louise Poissant, dans l’ouvrage 50 ans de la Place des Arts, publié sous sa direction. La publication fait suite à un colloque organisé conjointement par l’UQAM et la PdA en novembre 2013. L’événement, une idée originale de Claude Corbo, ancien professeur et recteur de l’UQAM, a réuni des chercheurs dans le but de dresser un bilan des 50 ans de la Place des Arts, d’en souligner les défis ainsi que d’en évaluer le rôle et l’influence, au passé comme au présent. L’ouvrage reprend les textes de chercheurs, d’artistes et de gestionnaires, dont Claude Corbo, Marie Lavigne (M.A. histoire, 1974), ancienne p.-d.g. de la PdA, Jean-Christian Pleau, vice-doyen aux études de la Faculté des arts, et les professeurs Louise Letocha et Raymond Montpetit, du Département d’histoire de l’art. Publié aux Presses de l’Université du Québec.

Dure critique de l’éducation

Enseignante en francisation des immigrants depuis 2007 et candidate à la maîtrise en didactique des langues, Tania Longpré vient de publier Péril scolaire. Les dix maux de l’éducation au Québec. Cet essai critique propose une réflexion sur la perception et la réalité du métier d’enseignant, qui souffre, selon l’auteure, d’une dévalorisation importante aux yeux du public. «Malgré les dédales administratifs et les problème récurrents, on peut croiser partout des enseignants passionnés qui ne désirent qu’exercer de la meilleure façon qui soit malgré toutes les embûches, écrit-elle. Malheureusement, à l’heure des réformes et de “la” réforme, le rôle de d’enseignant est passé de celui de transmetteur de savoirs à celui de “guide” et “d’accompagnateur”, pire, à celui de technicien de l’éducation à qui on fournit une liste de compétences et un programme en lui disant: “Tiens, fais ça!”» Selon l’auteure, cette déconsidération serait à la source d’un ensemble de maux affligeant l’éducation au Québec, eux-mêmes étroitement liés à d’autres enjeux de société qui font présentement l’objet de débats : la laïcité, la formation des maîtres, leur épuisement, la bataille des connaissances et des compétences, du privé et du public, les réalités de l’école montréalaise, la problématique de l’enseignement de l’anglais intensif au primaire. Paru chez Stanké.

Le phénomène de l’astroturfing

Des manifestants rémunérés? Un groupe d’intérêt prétendument «citoyen», mais fondé et financé par une entreprise privée? Une lettre d’opinion, autogénérée à votre insu, portant votre signature? Voilà des exemples d’astroturfing, une stratégie de communication dont la source réelle est occultée et qui prétend à tort être d’origine citoyenne. La parole citoyenne, symbolisant l’opinion publique aux yeux de plusieurs, jouit d’une grande crédibilité au sein de notre société. Plusieurs acteurs décident ainsi de se l’arroger, espérant atteindre plus facilement leurs objectifs communicationnels. Ce type de fraude, sans être nouveau, connaît une recrudescence grâce, notamment, à l’appropriation du Web 2.0. L’ouvrage intitulé Usurpation de l’identité citoyenne dans l’espace public, signé par Sophie Boulay (Ph.D. communication, 2012), chargée de cours au Département de communication sociale et publique, aborde 99 cas d’astroturfing qui ont été dénoncés au cours des 25 dernières années. Leur analyse permet de dresser un portrait de ces stratégies et de leurs instigateurs, de leurs objectifs et des moyens de communication déployés. Utilisé autant par les entreprises privées que par les partis politiques et les gouvernements, l’astroturfing influence les agendas public, médiatique et politique, ce qui lui confère un rôle non négligeable dans la gouvernance des sociétés. Paru aux Presses de l’Université du Québec.

Souvenirs urbains

Quartiers disparus fait revivre trois quartiers anciens de Montréal, disparus au milieu du siècle dernier, alors qu’urbanistes et dirigeants politiques ont repensé l’aménagement de la ville en n’hésitant pas à faire table rase du passé. Il y a la portion de l’ancien Red Light dans laquelle seront construites les Habitations Jeanne-Mance, la partie du Faubourg à m’lasse démolie pour permettre l’érection de tour de Radio-Canada et le Village-aux-Oies (Goose Village), aussi connu sous le nom de Victoriatown, complètement rasé pour les besoins d’Expo67. «Sur le plan physique, il ne reste plus rien de ces trois territoires anciens, écrivent Catherine Charlebois, historienne et muséologue au Centre d’histoire de Montréal, et Paul-André Linteau, professeur au Département d’histoire. (…) Si les bulldozers ont rayé de la carte des rues entières, ils n’ont toutefois pas réussi à en effacer la mémoire, une mémoire que ce livre fait revivre.» Les auteurs ont retenu 121 clichés, mis en valeur grâce à des extraits d’entrevues avec d’anciens résidents et des experts. L’ouvrage est né à la suite d’une exposition présentée au Centre d’histoire de Montréal de 2011 à 2013, conçue en collaboration avec le Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal et les Archives de la Ville de Montréal. Paru chez Cardinal.

Figures du posthumain

Créer un être artificiel à l’image de l’être humain – golem, automates, robots – est un mythe qui traverse les cultures depuis toujours. La science rejoint maintenant la fiction. Dans ce contexte, le concept de «posthumain» fait florès et interroge les liens entre nature et culture. Les textes réunis dans Les frontières de l’humain et le posthumain, sous la direction de Jean-François Chassay, professeur au Département d’études littéraires, et de Marie-Ève Tremblay-Cléroux, explorent en littérature et au cinéma les représentations de l’humain et de ses avatars à l’aube du posthumain. Comment l’imaginaire représente-t-il ces corps? Le posthumain annonce-t-il une perfection attendue ou une monstruosité? «À une époque où les questions d’altérité et d’identité envahissent le discours social, le motif de posthumain permet à la littérature et à l’art de rendre compte des effets des sciences de la vie sur ce qu’on nomme une éthique de la normalité», écrivent Jean-François Chassay et Marie-Ève Tremblay-Cléroux. Selon eux, aborder le posthumain en littérature, au cinéma et dans les arts en général permet également de constater la valeur cognitive de ces disciplines. «Le posthumain comme concept, mais aussi comme figure polymorphe, permet une réflexion forte sur le monde d’aujourd’hui», soulignent-ils. Paru dans la collection des Cahiers Figura, numéro 37.