«Ce n’est pas un hasard si les deux tiers des Chaires UNESCO au Canada se trouvent au Québec. Les universités québécoises, dont l’UQAM, sont, en effet, particulièrement engagées sur la scène internationale», lance Philippe Jonnaert, professeur au Département de mathématiques et titulaire de la Chaire UNESCO de développement curriculaire.
Celui-ci était l’un des principaux organisateurs d’une rencontre tenue à l’UQAM, le 9 janvier dernier, qui réunissait les titulaires des Chaires UNESCO du Québec, en présence de Line Beauchamp, représentante du Québec au sein de la Délégation permanente du Canada à l’UNESCO, à Paris, et d’Élisabeth Barrot, chargée de programme à la Commission canadienne pour l’UNESCO. Des membres de la direction de l’UQAM, dont le recteur, Robert Proulx, ont aussi participé à l’événement.
«Ce n’était pas une rencontre protocolaire, dit Philippe Jonnaert. L’objectif était de renforcer les liens entre les titulaires des chaires et les représentants du Québec et du Canada à l’UNESCO. Line Beauchamp, qui amorce son mandat à titre de déléguée du Québec, s’est informée des besoins et des attentes des chercheurs et ceux-ci lui ont expliqué la nature des travaux effectués par leurs chaires.»
Le recteur Robert Proulx a exposé sa vision de l’internationalisation de la formation et de la recherche, fondée sur la collaboration entre les universités, et a rappelé que les valeurs prônées par l’UNESCO et l’UQAM étaient convergentes. «Ce sont des valeurs sociales d’équité et de paix, souligne Philippe Jonnaert. L’UNESCO, par exemple, consacre beaucoup d’énergies au développement d’une éducation accessible à tous, en particulier aux femmes.»
Bâtir des passerelles
Les Chaires UNESCO ont pour mission de développer le transfert des connaissances entre les pays du Nord et les pays en développement, notamment en stimulant les échanges scientifiques et culturels entre les universités, ainsi que la formation des étudiants des cycles supérieurs. Les Chaires agissent comme des bâtisseurs de passerelles entre le monde académique, les collectivités locales et les décideurs.
On dénombre aujourd’hui 811 Chaires UNESCO réparties dans 134 pays. Le Canada en compte 18, dont 12 au Québec, dans les domaines de l’éducation, des sciences naturelles et sociales, de la culture et des communications. L’UQAM est l’université qui en héberge le plus, soit 4. Leurs titulaires sont les professeurs Yves Prairie (Chaire sur les changements environnementaux à l’échelle du globe), Josiane Boulad-Ayoub (Chaire d’étude des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique), Magda Fusaro (Chaire en communication et technologie pour le développement), et Philippe Jonnaert. Un autre professeur, Paul Bélanger, du Département d’éducation et formation spécialisées, préside le comité scientifique de la Chaire de recherche appliquée pour l’éducation en prison, au Cégep Marie-Victorin. Enfin, l’UQAM abrite le secrétariat du réseau international des Chaires UNESCO en communication (Orbicom), dirigé par le professeur Yves Théorêt, de l’École des médias.
Une expertise reconnue
Les titulaires de Chaires UNESCO sont, pour la plupart, des chercheurs aguerris qui ont acquis une expertise reconnue par l’UNESCO. Ils s’intéressent à des problématiques de recherche en lien avec les domaines de compétence de l’UNESCO. «Celle-ci les autorise à utiliser son nom – un label de qualité – après avoir évalué la pertinence de leurs travaux», observe le professeur.
L’UNESCO, toutefois, ne finance pas les Chaires. «Le financement provient des organismes subventionnaires de recherche ou encore d’organisations agissant sur la scène internationale, explique Philippe Jonnaert. La Chaire que je dirige, par exemple, est financée par la Banque mondiale.»
Les Chaires collaborent étroitement avec l’UNESCO à travers de multiples projets. Ainsi, la Chaire de Philippe Jonnaert appuie les systèmes éducatifs dans les pays de l’Union économique et monétaire de l’ouest de l’Afrique, en partenariat avec les bureaux locaux de l’UNESCO. «Nous venons justement de démarrer un projet en Côte d’Ivoire afin d’aider ce pays à reconstruire son système d’éducation après des années de violents conflits.»
À l’UQAM, les Chaires UNESCO sont appuyées, entre autres, par le Service des partenariats et du soutien à l’innovation ainsi que par le Service des relations internationales. Bien que chaque Chaire possède ses propres thématiques de recherche, rien ne les empêche de collaborer dans des dossiers d’intérêt commun. «Nous travaillons avec les titulaires des autres Chaires du Québec à préparer un mémoire à l’intention de l’UNESCO sur les stratégies éducatives post 2015, souligne le professeur. Il y a quelques années, les Nations Unies avaient défini des objectifs à atteindre afin d’assurer aux enfants de la planète une éducation de qualité. Aujourd’hui, plus de 50 millions d’enfants à travers le monde ne sont pas scolarisés. Il faut maintenant définir de nouveaux objectifs et trouver des moyens pour les réaliser. Nous avons exprimé à Line Beauchamp le souhait qu’elle défende notre mémoire auprès des autorités concernées de l’UNESCO.»