Professeur émérite du Département de sociologie et professeur associé à l’École nationale d’administration publique du Québec (ÉNAP), Benoît Lévesque a reçu, le 28 mars dernier, un doctorat honorifique de l’Université de Liège, en Belgique, pour ses contributions à la sociologie économique.
En prenant l’exemple de la société québécoise des 40 dernières années, le chercheur a caractérisé les transformations qui se sont succédé dans l’ère post-fordiste et post-keynésienne du capitalisme. Sa grille d’analyse, qui fera école au Centre de recherches sur les innovations sociales dans les entreprises et les syndicats (CRISES), prend ses sources dans la théorie des nouveaux mouvements sociaux porteurs de projets de société, dans certaines théories institutionnelles qui expliquent comment les institutions se reconfigurent et dans les théories organisationnelles qui cherchent à rendre compte des logiques d’action. Benoît Lévesque a réinterprété et articulé entre eux ces courants afin de construire un objet et un terrain de recherche: les innovations et les transformations sociales.
L’observation des nouveaux rapports sociaux dans les services collectifs est l’une des pistes qui l’ont conduit à explorer l’économie sociale et à en devenir l’un des principaux théoriciens. Il a consacré nombre de publications à ce sujet et on ne compte plus les références à ses travaux par les principaux chercheurs du domaine au niveau mondial. Les recherches du sociologue montrent que les innovations de l’économie sociale s’insèrent dans un processus historique plus large de démocratisation de l’économie et de la société. En devenant partie prenante d’une économie et d’une démocratie plurielles, ces innovations offrent, selon lui, une réponse aux enjeux soulevés par la mondialisation et la montée du néolibéralisme.
Benoît Lévesque a également utilisé la notion de système d’innovation sociale pour rendre compte d’une série d’institutions qui, depuis le milieu des années 1990, se mettent en place autour de l’économie sociale québécoise. La reconnaissance publique de l’économie sociale au Québec, pour laquelle une loi-cadre vient d’être annoncée, doit beaucoup à ses travaux.
Cofondateur du CRISES, qu’il a dirigé jusqu’en 2003, Benoît Lévesque soutenu les travaux de la section québécoise du Centre international de recherches et d’information sur l’économie publique, sociale et coopérative (CIRIEC) et a assuré pendant huit ans la présidence de son conseil scientifique international. Présent dans une quinzaine de pays, le CIRIEC, dont le siège social est à l’Université de Liège, a été créé en 1947.
Les recherches du sociologue ont inspiré plusieurs dizaines d’étudiants dans la poursuite de leurs études de maîtrise et de doctorat. Une vingtaine d’entre eux œuvrent maintenant comme professeurs dans des universités canadiennes et étrangères.
Benoît Lévesque a reçu de nombreux prix et distinctions et a été rédacteur en chef de la revue Coopératives et développement. Il est membre des comités éditoriaux de nombreuses publications, dont les Annales de l’économie publique, sociale et coopérative, la revue du CIRIEC.