Pêches et Océans Canada a annoncé récemment l’octroi de trois subventions à des chercheurs québécois dans le cadre de l’appel de propositions du Groupe national consultatif sur les contaminants pour 2014-2015. Deux de ces subventions ont été obtenues par les professeurs Monique Boily et Jonathan Verreault du Département des sciences biologiques.
Poissons et pesticides
La professeure associée Monique Boily a obtenu un peu plus de 230 000 dollars sur trois ans (2014-2017) pour un projet intitulé «Développement d’outils diagnostiques (biomarqueurs) pour les poissons exposés aux pesticides». «Au Canada, comme ailleurs dans le monde, les pesticides sont largement utilisés en agriculture, explique la chercheuse. Dans le sud-ouest du Québec, les rivières qui traversent les régions d’agriculture intensive transportent des pesticides jusqu’au Lac Saint-Pierre. Dans cet écosystème riche en biodiversité, la population de perchaudes est en déclin depuis plusieurs années.»
En 2013, Philippe Brodeur, du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs , Magali Houde, d’Environnement Canada, et Monique Boily ont lancé un projet pour explorer les causes de ce déclin en procédant à l’analyse des contaminants de l’eau et en recueillant des données sur la population de perchaudes. «L’histologie du foie, le taux de parasitisme et des biomarqueurs de stress oxydatif ont été mesurés au niveau des gènes et des cellules afin de comprendre les “premières réactions ” au stress chimique subi par les perchaudes», explique Monique Boily.
Grâce à la subvention, les chercheurs pourront poursuivre les échantillonnages et ainsi répéter l’analyse des biomarqueurs. «Cette fois-ci, nous ciblerons les systèmes cholinergique, thyroïdien et génétique, puis nous effectuerons des tests in vitro sur des larves et des cellules de poissons afin d’identifier la toxicité des pesticide et nous procéderons à des analyses additionnelles de l’eau de surface pour connaître les concentrations chroniques auxquelles les poissons sont exposés en milieu naturel.» Les résultats obtenus serviront les gestionnaires dans leur prise de décisions concernant la protection de l’environnement et des ressources aquatiques.
Ce projet de recherche sera mené en collaboration avec les partenaires de 2013, auxquels s’ajoutent le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, le Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec et le Centre de recherche en toxicologie de l’environnement. Les professeurs Matias Attene-Ramos, Philip Spear et Jonathan Verreault, du Département des sciences biologiques, seront impliqués dans le projet, comme leur collègue Andrea Bertolo, de l’UQTR.
Retardateurs de flamme et mammifères marins
Le professeur Jonathan Verreault a obtenu une subvention de 181 000 $ sur trois ans (2014-2017) pour son projet «Bioaccumulation et effets biologiques de l’éther diphénylique polybromé (EDP) et produits ignifuges émergents prioritaires chez deux espèces de mammifères marins présentes dans l’estuaire du Saint-Laurent». Mené en collaboration avec des chercheurs des milieux universitaire et gouvernemental ainsi que d’organisations à but non lucratif, ce projet vise à analyser des échantillons de tissus prélevés dans les graisses et le foie de bélugas et de petits rorquals de l’Estuaire du Saint-Laurent afin de vérifier la présence de retardateurs de flamme halogénés (HFR) et d’étudier leurs effets biologiques.
Les retardateurs de flamme sont des composés ajoutés à une pléthore de produits de consommation – dans les plastiques, les textiles, les meubles rembourrés et les appareils électroniques – afin, comme leur nom l’indique, de retarder la propagation de la flamme en cas d’incendie. «Ces composés sont libérés avec l’usure normale des produits de consommation auxquels ils ont été ajoutés, explique Jonathan Verreault. Ils adhèrent aux particules et se propagent dans notre environnement immédiat. Lessivés par la pluie et la neige, ils se retrouvent dans les égouts et les usines d’épuration, qui sont incapables de les éliminer.»
Le chercheur et ses collègues ont auparavant démontré la présence de polybromodiphényléthers (PBDE) et de plusieurs nouveaux retardateurs de flamme dans les tissus de goélands et de deux espèces de poissons du Fleuve Saint-Laurent: le maskinongé et le brochet, des prédateurs supérieurs de l’écosystème aquatique.
Le projet portant sur les bélugas et les petits rorquals permettra de développer des outils de détection qui pourraient ensuite servir aux chercheurs intéressés par les mammifères marins. «Nous croyons que cela fournira également des informations pertinentes aux décideurs publics qui veillent à protéger les écosystèmes marins, sujets à la contamination environnementale, non seulement au pays mais partout dans le monde», précise Jonathan Verreault.