
Utiliser des appareils de séquençage à haut débit pour étudier l’ADN des bactéries présentes sur les feuilles des plantes? «Il y a à peine une dizaine d’années, il aurait été impossible de mener ce type de recherches car la technologie ne le permettait pas», note Steven Kembel. Le professeur du Département des sciences biologiques, titulaire de la Chaire de recherche du Canada – Biodiversité et Interactions des plantes et de la vie microbienne, vient de publier un article faisant état de ses recherches dans la prestigieuse revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
«Nous savons que beaucoup de bactéries vivent sur les feuilles des plantes et jouent un rôle important dans la croissance, la santé et la fonction de celles-ci, ainsi que dans l’activité des écosystèmes forestiers, explique Steven Kembel. En revanche, nous ne connaissons pas les raisons pour lesquelles certaines communautés bactériennes s’installent sur une espèce d’arbre plutôt que sur une autre.»
Pour trouver des réponses à leurs interrogations, Steven Kembel et ses collègues ont utilisé le séquençage à haut débit pour quantifier la structure de la communauté bactérienne sur les feuilles de 57 espèces d’arbres dans une forêt néotropicale du Panama. «C’est une forêt particulière, puisqu’on y retrouve plus de 350 espèces d’arbres. C’est plus que ce que l’on retrouve dans tout le Canada et les États-Unis», souligne le professeur, qui est également membre du Centre d’étude de la forêt.
Les chercheurs ont découvert que les feuilles des arbres étudiés hébergent en moyenne plus de 400 taxons bactériens – «le terme espèce n’est pas utilisé pour qualifier des regroupements de bactéries, mais l’idée des taxons, basée sur les similitudes de séquence d’ADN, est semblable», explique Steven Kembel.
Puisque chaque espèce d’arbre possède des communautés bactériennes distinctes, les chercheurs ont voulu vérifier s’il existait un lien entre celles-ci et les attributs de leurs hôtes, comme l’identité taxonomique, le taux de croissance et de mortalité, la densité du bois, et la concentration d’azote et de phosphore des feuilles. «Nous avons démontré par des analyse bio-informatiques une corrélation entre la présence de certains taxons et certaines mesures spécifiques liées aux attributs des arbres, affirme Steven Kembel. Il nous reste maintenant à déterminer si ce sont ces attributs qui attirent certaines bactéries – nos hypothèses tendent vers cela – ou si ce sont plutôt les bactéries qui influencent ces attributs.» À suivre…