Dans une lettre envoyée la semaine dernière au premier ministre du Québec, un collectif de 53 professeurs de 11 établissements universitaires québécois associés au Centre d’étude de la forêt (CEF) demande que le gouvernement reconsidère sa position en rétablissant deux programmes de soutien à la recherche forestière, programmes abolis ou en réévaluation. Les chercheurs soulignent que ces deux décisions récentes «apparaissent préoccupantes relativement à la place du secteur forestier québécois sur les marchés internationaux et à son rôle clé dans l’économie québécoise, notamment dans les régions forestières ».
Cette lettre est une initiative des codirecteurs du CEF, Pierre Drapeau, professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM, et Louis Bernier, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval. Le CEF est un organisme panquébécois, reconnu et soutenu par le Fonds de recherche du Québec (FRQ), qui regroupe les forces vives de la recherche universitaire en sciences forestières.
Pour les signataires, le gouvernement du Québec a entrepris et réalisé un virage majeur dans la gestion de ses forêts publiques, qui a culminé avec l’adoption, en avril 2013, de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier. Cette Loi confirme clairement l’intention du gouvernement d’accorder un rôle prépondérant à l’aménagement écosystémique et à la recherche scientifique dans la mise en œuvre d’une gestion durable des ressources forestières et du territoire.
Cet important changement vers l’aménagement durable des forêts a été rendu possible grâce à la recherche scientifique financée par les programmes de partenariat du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT) pour l’ensemble du Québec, et du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) dans les régions forestières. Ce virage place le secteur forestier du Québec dans une position avantageuse sur les marchés internationaux.
Compromettre la recherche scientifique en forêt constitue une mauvaise décision pour une société moderne qui s’appuie sur le savoir pour innover ainsi que pour l’économie de la forêt, estiment les signataires. Ces derniers concluent en insistant sur le maintien du financement de la recherche en forêt qui «n’est pas un luxe dont on peut se passer en période d’austérité et de rigueur budgétaire. Il s’agit plutôt d’une action qui est bel et bien génératrice de revenus à court terme pour le secteur forestier. L’appui à la recherche représente une garantie que le gouvernement du Québec souscrit de façon tangible à une gestion durable des forêts.»