Série «Titres d’ici»
Le Québec de Michael Blum
Le livre Notre histoire| Our History du professeur Michael Blum, du Département des arts visuels et médiatiques, n’est pas un livre d’artiste proprement dit, mais bien une sorte de complément à l’exposition du même nom qui a été présentée à la Galerie de l’UQAM du 2 septembre au 4 octobre derniers. Afin de nourrir sa réflexion sur les identités québécoises et canadiennes, thèmes principaux de l’exposition, l’artiste a eu l’idée en 2013 d’envoyer un questionnaire à des personnalités des domaines politique, artistique, journalistique et universitaire afin de sonder leurs opinions et leurs visions du Québec et du Canada. Chaque participant devait répondre à cinq questions. L’ouvrage rassemble ainsi les textes d’un peu moins d’une centaine de participants, rédigés en anglais comme en français et divisés par chapitres correspondants aux questions du sondage. «7 novembre 2013. Le projet de Charte des valeurs est déposé à l’Assemblée nationale […], écrit Michael Blum dans son journal de bord, qui sert d’introduction à l’ouvrage. La fausse naïveté de mes questions impossibles ne manquera pas d’effrayer certains de mes correspondants qui n’en percevraient pas l’ironie.» Le résultat donne à lire une série de textes, tantôt amusants, grinçants, parfois pessimistes, voire mélancoliques, mais toujours surprenants. Publié par la Galerie de l’UQAM.
Révolution psychiatrique
L’isolement en asile, largement utilisé à la fin du XIXe siècle pour guérir la folie, a été progressivement remis en question durant le XXe siècle. La conception des réseaux de santé, le développement des disciplines psychiatrique et psychologique dans l’après-guerre, la découverte des neuroleptiques au début des années 1950 et les contrecoups de la Révolution tranquille, accompagnés d’un vent de décléricalisation, ont mené à une révolution psychiatrique. L’ouvrage Désinstitutionnalisation psychiatrique en Acadie, en Ontario francophone et au Québec 1930-2013 propose une analyse critique de cette période de transition en matière de santé mentale et évalue les conséquences des transferts sur la vie des patients sortis des asiles ainsi que le rôle des intervenants qui les accompagnent. Il soulève également des pistes d’intervention quant aux nouveaux enjeux sociaux concernant la prise en charge des malades mentaux, soulignent Marie-Claude Thifault, professeure à l’École des sciences infirmières de l’Université d’Ottawa, et Henri Dorvil, professeur à l’École de travail social de l’UQAM, directeurs du collectif. Alliant criminologie, histoire, sociologie, travail social et sciences infirmières, l’ouvrage traite autant de politiques d’hygiène mentale, de contrôle social, de médicaments psychotropes que de marginalisation des malades mentaux. Paru aux Presses de l’Université du Québec.
Sciences humaines au primaire
Construire la conscience sociale du citoyen: voilà l’objectif assigné à l’enseignement de l’histoire et de la géographie au primaire par la réforme de l’éducation au Québec. Treize ans après l’implantation de cette réforme, l’ouvrage Les sciences humaines à l’école primaire québécoise, publié sous la direction d’Anderson Araújo-Oliveira, professeur au Département de didactique, et Marie-Claude Larouche, professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, offre des regards variés sur la mise en œuvre d’un programme d’études jugé important pour la formation intellectuelle, sociale et culturelle des jeunes, celui de l’univers social. Il dresse également un portrait actuel de la réflexion dans ce domaine et présente plusieurs travaux relevant d’approches théoriques et méthodologiques différentes et novatrices. Plusieurs chercheurs et intervenants scolaires québécois – dont Anik Meunier, professeure au Département de didactique, et Charlène Bélanger, étudiante au doctorat en éducation –, canadiens et européens se penchent sur les enjeux liés à ce domaine d’enseignement afin de contribuer à l’essor d’une didactique des sciences humaines au primaire qui tient compte du contexte socioéducatif québécois. Paru aux Presses de l’Université du Québec.
En quête de ses racines
Anne-Élaine Cliche, professeure au Département d’études littéraires, a fait du judaïsme l’un de ses objets d’étude. Jonas de mémoire, son cinquième roman, raconte la vie de Jonas Perreault et se lit comme un récit intemporel alternant entre un présent et un passé aux frontières floues, comme dans un rêve. Le recours à une ponctuation minimale et à certaines répétitions renforcent cette impression. Dans la première partie du livre, campée en Abitibi, Jonas Perreault apparaît sous les traits d’un enfant fragile, dont la naissance est entourée d’un halo de mystère. Par la suite, on en apprend davantage sur le petit Jonas, dont le vrai nom est Yona, et sur sa famille originaire de Transylvanie qui a fui le fascisme en 1948. La troisième partie du livre nous présente un Yona en quête de ses racines et de sa culture juives. «Dors dors laisse-moi te raconter comment l’abolition de Yona dans les flots devient pour les marins l’occasion d’une conversion le mot paraît énorme mais il s’agit d’une conversion entends ça comme tu veux d’un retour d’un acquiescement à la ressemblance à cette part de nous-mêmes qui est à l’image du Créateur et à laquelle les hommes attentent sans relâche», écrit Anne-Élaine Cliche. Publié aux éditions du Quartanier.
Plaidoyers pour la gratuité scolaire
Revenue dans l’actualité lors du Printemps érable de 2012, la gratuité scolaire est généralement considérée comme une proposition politique marginale, voire utopique. «Pourtant, cette revendication faisait l’objet d’un large consensus parmi les protagonistes de la Révolution tranquille», rappelle Gabriel Nadeau-Dubois, étudiant à la maîtrise en sociologie, qui a dirigé la publication de l’ouvrage Libres d’apprendre: plaidoyers pour la gratuité scolaire. «Se donner l’éducation, c’est aussi se donner la chance de construire une société plus juste, plus libre; c’est encourager la diffusion de la culture, c’est faire avancer l’égalité des sexes, c’est introduire un peu de gratuité dans une société où l’inestimable a trop souvent un prix», écrit l’étudiant. Normand Baillargeon, professeur au Département d’éducation et pédagogie, Julia Posca, doctorante en sociologie, Anne-Marie Boucher, diplômée de la maîtrise en sociologie, Widia Larivière, diplômée du certificat en immigration et relations interethniques, de même que plusieurs personnalités comme Noam Chomsky, Lise Payette, Fred Pellerin et Micheline Lanctôt, livrent eux aussi un plaidoyer en faveur de la gratuité des études supérieures. «Bien que le réalisme économique d’une telle mesure y soit démontré, ce livre veut surtout poser l’idée de la gratuité comme un principe fondamental à défendre en soi», souligne Gabriel Nadeau-Dubois. Publié aux éditions Écosociété.
Ambivalences du quotidien
Le sixième recueil de nouvelles de Sylvie Massicotte, chargée de cours au Département d’études littéraires, sonde les ambivalences de la vie quotidienne alors que le temps passe avec légèreté au-dessus de drames qui couvent. Les personnages d’Avant d’éteindre expérimentent une loi implacable: la vie, comme la nature, emprunte rarement un parcours linéaire, lisse et sans heurts. Au contraire, l’amitié peut s’effriter, le couple se briser, les souvenirs s’effacer, les illusions voler parfois en éclats. Mais l’espoir finit toujours par pointer à l’horizon. «Nous ne savons pas exactement pourquoi ce type d’affinités naît entre les êtres, pourquoi c’est palpable à certains moments, surtout au début, et pourquoi aussi, bien souvent, les sentiments s’estompent, écrit l’auteure. On y repense ensuite, en scrutant l’horizon, et l’on se prend à sourire au ciel ou aux anges, quand on croit qu’ils existent, avec le sentiment d’avoir reçu un cadeau, quand on croit que l’amitié existe, quand on comprend qu’elle est constituée de ces instants fugitifs à saisir ou à laisser filer.» Publié aux éditions L’instant même.