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Lectures de mars

Notre sélection mensuelle d’ouvrages publiés par des professeurs, chargés de cours, étudiants, employés, diplômés ou retraités de l’UQAM.

24 mars 2014 à 10 h 03

Mis à jour le 22 septembre 2017 à 11 h 09

Série «Titres d’ici»

Débats polémiques

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Les Québécois n’aiment pas la chicane, dit-on. Est-ce vraiment le cas? L’ouvrage Un Québec polémique, signé par Dominique Garand et Philippe Archambault, professeur et chargé de cours au Département d’études littéraires, et par Laurence Daigneault-Desrosiers, professeure au Cégep Ahuntsic, examine notre rapport au débat polémique. Il analyse quelques grands débats qui ont marqué le Québec des années 1990-2000. Durant cette période, l’historienne Esther Delisle fait couler beaucoup d’encre en tentant de démontrer que les idées politiques du chanoine Lionel Groulx et du mouvement nationaliste étaient marquées par l’antisémitisme. À la veille du référendum de 1995, Andrée Ferretti, militante indépendantiste de la première heure, demande à des écrivains et à des artistes d’écrire une lettre expliquant pourquoi il faut voter «oui» au référendum. Le dramaturge René-Daniel Dubois, pour sa part, dénonce ce qu’il appelle la pensée unique du milieu culturel, largement favorable à la souveraineté. L’essai explore une dimension souvent négligée dans les analyses des conflits idéologiques: la part qu’y jouent l’intersubjectivité, les affects, l’image que l’on se fait de soi et de l’autre. Jusqu’à quel point, en effet, le souci de protéger son image publique et sa dignité personnelle interfère-t-il dans les discussions? Devant nos contradicteurs, cherchons-nous un terrain d’entente ou tentons-nous plutôt de les discréditer ? Paru aux éditions Hurtubise.    

Légendes pédagogiques

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Existe-t-il des personnes plus «cerveau gauche» et d’autres plus «cerveau droit»? Utilisons-nous seulement 10 % de notre cerveau? Les nouvelles technologies de l’information et des communications ont-elles vraiment le pouvoir de nous rendre plus performants? Dans un ouvrage intitulé Légendes pédagogiques. L’autodéfense intellectuelle en éducation, Normand Baillargeon, professeur au Département d’éducation et pédagogie, déconstruit 14 légendes pédagogiques. Comme les légendes urbaines, écrit-il, les légendes pédagogiques sont répétées et circulent abondamment. Données pour vraies, elles sont le plus souvent fausses ou, du moins, dénuées de plausibilité conceptuelle ou d’une solide base scientifique. Contrairement aux légendes urbaines, toutefois, elles n’expriment pas tant des peurs que des croyances rassurantes, romantiques, idéalistes, voire généreuses. Normand Baillargeon distingue deux types de légendes pédagogiques: les «confusionnelles», en apparence plausibles ou séduisantes, que l’on peut réfuter en analysant des termes et des concepts qui y sont invoqués, puis les «pseudoscientifiques, dont la réfutation exige le rappel de données empiriques ou de théories scientifiques crédibles. L’auteur consacre quelques chapitres aux «neuromythes», qui invoqueraient à tort des résultats réels ou allégués des sciences cognitives et des neurosciences. Il invite aussi à ne pas succomber au chant des sirènes technophiles en éducation, promptes à l’hyperbole, selon lui. Paru aux éditions Poètes de brousse.  

Les travailleuses et Wal-Mart

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Stéphanie Mayer, diplômée de la maîtrise en science politique et de la concentration de deuxième cycle en études féministes (2012), a mené une enquête auprès d’une douzaine d’employées des magasins Wal-Mart. Elle rapporte ses résultats dans Les effets de la libéralisation des marchés sur les conditions de travail et de vie des femmes. Le cas Wal-Mart. Même si l’auteure ne prétend pas pouvoir extrapoler ses conclusions à l’ensemble du personnel salarié de l’entreprise – souvent perçue comme le modèle ultime du capitalisme avancé à cause de son importance dans le secteur du commerce de détail et de l’impact de ses stratégies d’approvisionnement et de gestion de la main-d’œuvre – ni à l’ensemble du secteur tertiaire, ses entrevues ont validé ses hypothèses. Selon elle, la segmentation du marché du travail et la montée parallèle du travail précaire et atypique conduisent à une reconduction, voire à un renforcement de la division sexuelle du travail, ainsi qu’à une augmentation de la précarité pour les travailleuses concernées. Cette recherche, encadrée par le Service aux collectivités de l’UQAM, l’Institut de recherches et d’études féministes, l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM), la Fédération des femmes du Québec et le Réseau québécois en études féministes, a été publiée aux Éditions IEIM.

Sur les traces de Ducharme…

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À l’occasion du 40e anniversaire de la parution du roman L’hiver de force de Réjean Ducharme, paru en 1973, l’éditeur Marc Desjardins a voulu en proposer une relecture originale. Au moyen d’une mise en relation d’extraits choisis du texte et de documents visuels centrés autour de lieux significatifs du roman, L’hiver de force à pas perdus. Parcours montréalais conjugue une série d’archives visuelles produite en 1979 par Gilles Lapointe, professeur au Département d’histoire de l’art, et des images réalisées en 2012-13 par Sylvie Readman, professeure à l’École des arts visuels et médiatiques. Celles-ci visent à réintroduire la dimension subjective du couple de protagonistes – Nicole et André Ferron – dans leurs pérégrinations urbaines. «Les citations que nous faisons dialoguer avec les photographies ne sont évidemment pas des légendes explicatives. Si elles identifient un lieu en le nommant, elles ont plutôt, avec l’image, un rapport d’allusion, d’association d’idées, et peut-être surtout, elles marquent notre propre mémoire de la ville, désormais nouée à ce texte», écrit Élisabeth Nardout-Lafarge, professeure à l’Université de Montréal, qui a collaboré à l’ouvrage. Ce «parcours montréalais» à plusieurs voix renoue ainsi avec l’esprit du roman en réinvestissant un territoire urbain mémorablement balisé par Ducharme. Publié par le temps volé éditeur.

Femmes, écrivaines et francophones

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Les littératures francophones hors Europe et hors Amérique ont longtemps été dominées par des figures masculines. Depuis les deux dernières décennies, les femmes sont de plus en plus nombreuses à investir ce champ littéraire. Quelle est la réception de ces œuvres écrites par des femmes? Dans certains cas, elles ont déclenché la polémique. Dans d’autres, elles ont tout simplement été ignorées. «L’histoire de la francophonie littéraire au féminin n’est pas achevée si elle se limite à une titrologie insensible à la fonction marquante des œuvres, dont plusieurs n’ont pas encore bénéficié de l’attention qui leur est due», peut-on lire en avant-propos de l’ouvrage collectif Femmes en francophonie. Écritures et lectures du féminin dans les littératures francophones. Sous la direction d’Isaac Bazié, professeur au Département d’études littéraires, et de Françoise Naudillon, de l’Université Concordia, ce dossier présente une réflexion sur les modalités de perception, les constructions et autres représentations de la figure féminine dans les analyses scientifiques et les discours médiatiques. Des études de cas proposent différents aspects de la figure féminine sous la plume d’auteures arabes ou africaines. On trouvera ainsi une lecture à contre-courant et engagée du mythe de Shéhérazade. Isaac Bazié étudie quant à lui le lien entre violence et féminin, maternité et écriture. Publié chez Mémoire d’encrier.

L’amour au pays des baleines

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C’est en découvrant l’histoire de la chasse à la baleine dans le Saint-Laurent que Dominique Demers, diplômée et chargée de cours au Département d’études littéraires, a senti mûrir en elle l’histoire de son cinquième roman pour adultes. L’ouvrage Pour que tienne la terre, campé dans les environs de Tadoussac dans les années 1950, met en scène la tourmentée Gabrielle Deschamps, dite la «petite lutine de l’Anse-à-l’Eau». Après 15 ans d’exil dans la grande ville, la jeune femme,  désormais dans la trentaine, revient sur les lieux de son enfance afin de passer l’été à l’Hôtel Tadoussac, un lieu magnifique où se rendent de riches touristes anglais. Elle y fera la rencontre de Thomas, un vieil homme excentrique et misanthrope, amoureux fou des baleines et écologiste avant l’heure, et du docteur Harold Beattie, un psychiatre issu d’un milieu anglophone aisé, deux hommes à qui elle confiera des éléments de son passé douloureux. Les nombreuses escapades en mer à la découverte des baleines avec le vieux Thomas redonneront à Gabrielle l’envie de vivre. «Il ne s’est rien passé pendant des heures. Et en même temps, il se passait des millions de choses. Sous notre barque, au fond des océans, des baleines nageaient, heureuses et paresseuses.» Une histoire de résilience, de pardon et d’amour. Publié aux éditions Québec Amérique.