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Lecture: mesurer les progrès chaque semaine

Méconnue, l’évaluation basée sur le curriculum serait l’une des interventions les plus efficaces en adaptation scolaire.

Par Pierre-Etienne Caza

5 septembre 2014 à 13 h 09

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

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Le professeur Éric Dion, du Département d’éducation et formation spécialisées, et l’une de ses anciennes étudiantes, la diplômée du doctorat en psychologie Marie-Christine Potvin, ont remporté récemment le prix Audet-Allard, décerné au meilleur article francophone publié au cours des deux dernières années dans la Revue canadienne de l’éducation. Leur article, publié en 2012 en collaboration avec Monique Brodeur, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation, et Corina Borri-Anadon, diplômée du doctorat en éducation, décrit le projet-pilote d’Apprendre à lire à deux, un programme d’apprentissage de la lecture aujourd’hui utilisé dans plusieurs écoles primaires au Québec et dans la francophonie canadienne. «L’article traitait également de l’évaluation basée sur le curriculum, une technique permettant de suivre semaine après semaine les progrès des élèves, souligne Éric Dion. Cet outil a été validé par une dizaine d’études rigoureuses aux États-Unis, mais n’a jamais fait de percée dans le monde francophone.»

Un indicateur fiable

Le principe de l’évaluation basée sur le curriculum est simple: il s’agit de demander à l’élève de lire le plus de mots possible en une minute, à partir d’une liste de mots choisis en fonction de ses capacités. L’évaluation est réalisée une fois par semaine et la liste de mots est différente d’une semaine à l’autre.

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Marie-Christine Potvin

«Ce type d’intervention a été créé pour l’adaptation scolaire, mais le principe d’une évaluation fréquente pourrait être aussi utilisé en psychologie clinique. Si le score de l’élève ou du patient augmente, l’intervenant peut poursuivre son travail. Si l’élève ou le patient plafonne, il faut tenter autre chose jusqu’à ce qu’il se remette à progresser», explique Éric Dion, qui s’est familiarisé avec l’intervention lors de ses études postdoctorales auprès de Douglas et Lynn Fuchs, de l’Université Vanderbilt, à Nashville.

«Nous avons commencé le projet-pilote d’Apprendre à lire à deux dans les classes en octobre 2004, se rappelle Marie-Christine Potvin. En décembre, nous savions déjà que c’était un succès. Grâce aux évaluations basées sur le curriculum, nous constations que les élèves avaient fait des bonds extraordinaires en lecture.»

Un futur projet de recherche?

Les problèmes d’apprentissage ont des causes multiples et les intervenants s’éparpillent parfois à force de vouloir régler une foule de petits problèmes. «L’évaluation basée sur le curriculum permet de recentrer l’intervention sur les résultats», note Éric Dion. «On fait parfois des interventions, mais sans trop savoir si cela fonctionne, ajoute Marie-Christine Potvin. Avec les évaluations basées sur le curriculum, on a immédiatement l’heure juste de jour en jour.»

La diplômée, qui travaille comme psychologue à la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles, espère que cette technique d’évaluation sera adoptée par les spécialistes canadiens en éducation. «Je comprends que les orthopédagogues soient occupés à faire de l’intervention, mais il ne leur prendrait qu’une minute par élève pour effectuer ce genre d’évaluation.»

Comment faire connaître davantage l’évaluation basée sur le curriculum? «Il faudrait réaliser un projet de recherche portant exclusivement sur le sujet. Avec des orthopédagogues, nous pourrions ainsi tester des variantes de la méthode et la raffiner», note Éric Dion. Avis aux intéressés !