
À première vue, l’imprimante n’a pas le look futuriste auquel on peut s’attendre. Elle ressemble vaguement à une presse lithographique et n’est pas très imposante. La nouvelle acquisition de l’École des arts visuels et médiatiques fabrique pourtant de petites merveilles en quelques heures, à partir d’une image de synthèse dans un logiciel. Elle peut imprimer en trois dimensions de petits objets comme des étuis rigides pour les téléphones intelligents ou des boîtiers. C’est le professeur Alexandre Castonguay, dont le travail de recherche et de création s’inscrit dans le domaine des arts numériques, qui est responsable de son acquisition.

Conçue par l’ingénieur québécois Stéphane Rousseau, de l’École de technologie supérieure, à partir de modèles disponibles sur Internet, l’imprimante ÉchoRap fonctionne par dépôt de filament. «Le filament de plastique en fusion passe dans une tête d’impression, dont la buse est chauffée à 200 degrés Celsius, explique Alexandre Castonguay. Le fil extrudé est déposé sous forme liquide sur le plateau et se superpose en couches successives, qui durcissent en refroidissant. Le plateau se déplace pour sa part sur trois axes afin de donner à l’objet sa forme complexe.»
Une telle machine coûte environ 2000$. Pour fabriquer les objets, il est possible d’utiliser différentes substances: de la résine, de l’époxy, de la céramique, des matériaux compostables ou comestibles comme du chocolat et même un plastique fabriqué à partir de fécule de maïs! Le professeur veut réaliser des tests dans le but de trouver de nouveaux matériaux de fabrication. «On pourrait créer des alliages intéressants à partir de matériaux traditionnels et plus technologiques», dit-il.
L’imprimante servira à la fois d’outil pédagogique et d’instrument de recherche. «L’objectif est de permettre aux étudiants de l’École de se familiariser avec les techniques les plus modernes de fabrication et de production. Ils auront la possibilité d’imaginer des formes nouvelles, des prototypes, des moulages et de fabriquer une foule d’objets en peu de temps, à partir d’une image de synthèse. Un monde infini de possibilités s’ouvre à eux», dit le professeur.
L’imprimante 3D permet aux créateurs de prendre conscience d’une chaîne de production qui n’est pas associée habituellement à l’art et au rôle de l’artiste. «Même si l’École offre depuis une dizaine d’années des cours en modélisation et en animation 3D, l’imprimante fait le pont entre le travail de l’ingénieur et celui de l’artiste, note Alexandre Castonguay. Le travail devient plus tangible: on passe du virtuel à un objet véritable devant soi. On pense comme un artiste en imaginant des objets et on les réalise comme un ingénieur.»
Les utilisateurs de l’imprimante auront la chance de travailler en parfaite autonomie: il est possible de fabriquer et d’imprimer des pièces de remplacement sur place ou d’en concevoir d’autres pouvant répondre à de nouvelles fonctions. «La machine est conçue à partir de matériels et de logiciels libres dans le but d’éviter le piège de l’obsolescence programmée, explique Alexandre Castonguay. Cela encourage la débrouillardise et nous amène à nous questionner sur notre consommation ou, du moins, à revoir notre manière de consommer.»
Pour l’instant, l’engin est réservé aux professeurs, aux techniciens et à certains étudiants afin de tester son fonctionnement. En septembre prochain, les étudiants qui suivent des cours de robotique, de modélisation 3D ou d’interactivité pourront l’utiliser pour créer les objets les plus inusités!