
«La situation n’est ni rose ni grise. Le Québec n’est pas en période d’austérité, mais sa croissance économique demeure modérée», a déclaré le ministre des Finances et de l’Économie, Nicolas Marceau, lors d’une conférence donnée à l’UQAM, le 4 février dernier. Invité par l’École des sciences de la gestion, celui qui était professeur au Département des sciences économiques avant d’être élu sous la bannière du Parti québécois a dressé un état des lieux en matière de finances publiques et a abordé les défis économiques du Québec de demain.
Nicolas Marceau a d’abord rappelé que le gouvernement poursuivait son objectif de retour à l’équilibre budgétaire pour 2015 en privilégiant une approche équilibrée qui repose sur un contrôle rigoureux des dépenses, tout en assurant le maintien des services à la population, et sur la mise en œuvre d’une politique économique axée sur l’emploi. «Nous devons intensifier les efforts pour assainir les finances publiques, a souligné le ministre. Au cours des deux dernières années, nous avons repris le contrôle des dépenses en limitant leur taux de croissance. Il s’agit de la meilleure performance des 15 dernières années. Nous devons trouver le moyen d’offrir des services de qualité à moindre coût en respectant un ordre de croissance des dépenses de 2 %.»
Du côté des revenus, la situation s’avère toutefois plus difficile, a reconnu Nicolas Marceau. «La croissance économique du Québec en 2013 a été moins forte que prévue, a-t-il dit, et ce, dans un contexte de reprise plus lente à l’échelle nord-américaine et mondiale.» Le ministre a noté d’autres facteurs, notamment la très faible inflation des derniers mois et un taux d’épargne des Québécois plus élevé qu’anticipé, entraînant un ralentissement des dépenses de consommation. Au total, le gouvernement se retrouve avec un manque à gagner de 2,5 milliards de dollars.
Des mesures phares
Pour agir sur la colonne des revenus et stimuler la croissance, le gouvernement a lancé une nouvelle politique économique centrée sur la création d’emplois, a rappelé Nicolas Marceau. Quatre mesures phares seront mises en œuvre : l’utilisation des surplus d’électricité pour créer des emplois; l’accélération des investissements publics pour rénover et moderniser les infrastructures; des mesures fiscales afin de stimuler les investissements des particuliers et des entreprises; la poursuite des investissements dans les infrastructures du Nord. La politique comporte également un deuxième volet composé de quatre initiatives stratégiques: une politique nationale de la recherche et de l’innovation, une politique industrielle, un plan de développement du commerce extérieur et une stratégie d’électrification des transports.
«Les objectifs poursuivis sont d’intensifier la recherche et le développement, tant en ce qui concerne la recherche fondamentale que le recherche industrielle, de rendre nos entreprises plus performantes, d’accroître les exportations et d’imposer le Québec comme une référence en électrification des transports», a déclaré le ministre. Selon lui, la nouvelle politique économique devrait permettre de créer plus de 43 000 emplois d’ici 2017.
Nuages à l’horizon
Nicolas Marceau a conclu son exposé en rappelant que le vieillissement de la population constituait l’un des plus importants défis auxquels le Québec est confronté. Un phénomène qui risque d’entraîner des coûts supplémentaires en santé et de ralentir la croissance économique. «L’âge moyen d’entrée dans la vie active est passé de 19 ans, en 1970, à 22 ans, en 2009, a-t-il souligné. L’âge de la retraite, lui, est passé de 65 ans à 62 ans pour la même période. En 1970, les gens passaient 65 % de leur vie au travail, contre 50 % en 2009.»
Le ministre a insisté sur l’importance de renforcer la scolarisation, de lutter contre le décrochage scolaire, de développer la formation professionnelle et de garder en poste le plus longtemps possible les travailleurs les plus expérimentés pour assurer le transfert des compétences. Des conditions essentielles pour que le Québec se dote d’une main-d’œuvre qualifiée et d’entreprises performantes.
Il a par ailleurs plaidé pour un «régime fiscal intelligent», qui réponde à des critères d’efficacité, d’équité et de simplicité.
En réponse à une question concernant le financement des universités, Nicolas Marceau s’est voulu rassurant en affirmant que les universités ne seraient pas désavantagées par les prochains choix budgétaires du gouvernement.