La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, dit le dicton. «J’ai obtenu un bac en psychologie, puis une mineure en science politique, avant de m’apercevoir que l’appel du droit était plus fort que tout», raconte Élise Morissette, dont les deux parents sont avocats. L’étudiante, qui terminera son baccalauréat en droit en avril prochain, a obtenu récemment le prix Natacha-Binsse-Masse pour son implication dans la défense et la promotion des droits et libertés, en plus d’obtenir une bourse pour la première place du cours Droit de la preuve civile et administrative.
Élise Morissette a collaboré avec la Clinique internationale de défense des droits humains (CIDDHU) de l’UQAM, où elle a produit un manuel en droit du travail et droit de l’immigration à l’intention des travailleurs saisonniers qui viennent au Québec dans le cadre de programme fédéraux. «Ce manuel leur permettra de connaître l’étendue de leurs droits dans les cas de figure où ils ne seraient pas payés ou seraient licenciés illégalement, précise-t-elle. Il sera traduit en espagnol et devrait être diffusé prochainement.»
L’été dernier, elle a effectué un stage en Haïti auprès du Groupe d’appui aux réfugiés et aux rapatriés (GARR), partenaire de la CIDDHU. Le GARR est une plateforme d’associations et d’organisations non gouvernementales qui travaillent conjointement sur la problématique de la migration. Élise Morissette a collaboré étroitement avec les avocats du GARR afin de poursuivre le développement du programme d’assistance légale dans la région du Plateau central, à l’extérieur de Port-au-Prince. «J’ai dépouillé des centaines de documents légaux afin d’élaborer un nouveau protocole d’accueil et de suivi légal des dossiers, explique-t-elle. J’ai aussi rédigé deux rapports sur la situation des rapatriés d’origine haïtienne ainsi que sur la violence faite aux femmes dans cette région. Et j’ai eu l’occasion de participer aux entrevues avec des victimes de violation de droits humains dont le dossier s’apprêtait à être entendu devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme.»
Élise Morissette a aussi pris part au programme Pro Bono UQAM. «J’ai été jumelée pendant un an, à raison d’une fois par semaine, avec un avocat du Centre de recherche-action sur les relations raciales qui travaille avec des gens victimes de discrimination en milieu de travail», précise celle qui œuvre également depuis cinq ans à titre de bénévole et de formatrice à Suicide Action Montréal.
La filière UQAM
Choisir la même carrière que ses parents comporte des avantages et des inconvénients. «Ils peuvent me donner des conseils, et je l’apprécie, mais je veux aussi faire ma place dans le milieu par moi-même», dit Élise Morissette, dont la mère est avocate à l’aide juridique et le père avocat spécialisé en droit du travail et en droit syndical. Michel Morissette fait d’ailleurs partie des premières cohortes de diplômés de l’UQAM en sciences juridiques – il a obtenu son diplôme en 1978. Et le grand-père d’Élise, Robert Morissette, a été professeur en sciences de l’éducation lors de la création de l’UQAM, en 1969, jusqu’en 1984. Il a ensuite été chargé de cours jusqu’à son décès en 2007. «Il aurait beaucoup aimé savoir que j’étudie à l’UQAM, car il adorait cette université», confie sa petite-fille.
Même si elle a fait un détour par la psychologie et la science politique, les membres de sa famille n’ont jamais douté un instant qu’Élise finirait par étudier en droit. «Quand j’étais enfant, je me portais à la défense de tout le monde, on m’appelait “Mère Teresa”, raconte-t-elle. J’argumentais toujours lorsque je jugeais que les choses n’étaient pas justes.»
Droit du travail
Le droit international et les dossiers concernant les droits humains ne débouchent que très lentement sur des résultats concrets. «Et je ne suis pas patiente!» lance en riant Élise Morissette. Voilà pourquoi elle flirte de plus en plus avec le droit du travail. C’est d’ailleurs dans ce domaine qu’elle souhaite décrocher un stage. Les futurs avocats ont en effet l’obligation d’effectuer un stage de six mois après avoir réussi l’examen du Barreau, qui aura lieu en septembre prochain dans son cas. «La course aux stages est déjà lancée et j’espère obtenir des réponses favorables», conclut-elle.
En attendant, la jeune femme poursuit sa préparation en équipe pour le Concours de procès simulé en droit international Charles-Rousseau. Ce concours, réunissant des participants de 25 universités à travers le monde, aura lieu au campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke du 2 au 10 mai prochain.