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Au cœur de l’imaginaire contemporain

Le Centre de recherche FIGURA organise un colloque international sur les créations littéraires et artistiques de notre époque.

Par Claude Gauvreau

22 avril 2014 à 15 h 04

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

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L’omniprésence d’écrans multifonctionnels est au coeur de notre rapport complexe aux signes et aux images, souligne Bertrand Gervais, directeur de FIGURA.

À quelles expériences l’imaginaire contemporain nous convie-t-il ? Quels récits littéraires et œuvres d’art génère-t-il?  Ces questions seront au centre d’un colloque international, L’imaginaire contemporain: figures, mythes et images, qui se tiendra aux pavillons de Sève et de Design, les 23, 24 et 25 avril prochains. Organisé par le Centre de recherche FIGURA sur le texte et l’imaginaire, qui fêtera à cette occasion ses 15 ans d’existence, le colloque se penchera sur les créations littéraires et artistiques contemporaines à partir de perspectives tant esthétiques que philosophiques.

Dans le cadre d’une quinzaine d’ateliers, des chercheurs et créateurs du Québec et d’Europe analyseront les manifestations de l’imaginaire contemporain et tenteront d’en comprendre les effets sur notre rapport au monde. Ils s’interrogeront également sur l’impact du numérique sur les pratiques littéraires et artistiques et sur les stratégies de diffusion de la recherche et de la création.

«On peut concevoir l’imaginaire comme une interface entre le sujet et le monde, dont les éléments centraux apparaissent sous les traits de signes, de figures et de représentations qui demandent à être interprétés», souligne Bertrand Gervais, professeur au Département d’études littéraires et directeur de FIGURA.

La veille du colloque, le 22 avril, la librairie Le Port de tête accueillera le lancement de l’ouvrage  L’imaginaire du 11 septembre 2001. Motifs, figures et fictions, paru chez Nota Bene sous la direction de Bertrand Gervais, d’Alice van der Klei et d’Annie Dulong. Dans les analyses qui y sont réunies, le 11 septembre 2001 pose, comme tous les événements marquants de l’Histoire, la question des possibilités et des limites de la représentation. Enfin, le colloque proposera trois conférences et une soirée de lectures et de performances qui rassemblera, le 23 avril, une quinzaine d’artistes de la scène culturelle montréalaise.

La culture de l’écran

Bertrand Gervais donnera une conférence intitulée «Sommes-nous maintenant? Réflexion sur le contemporain et la culture de l’écran». Pour lui, la notion de contemporain est marquée par ce qu’il appelle le présentisme. «Alors que le temps des utopies sociales et politiques semble être révolu, rendant l’avenir problématique, nous vivons une sorte de fascination pour le temps présent, alimentée par Internet et la société du spectacle. Les événements, à l’instar des attentats  du 11 septembre 2001, sont médiatisés au moment même où ils se produisent, générant un sentiment diffus d’inquiétude.»

Bertrand Gervais questionnera la transformation de la culture du livre en une culture de l’écran, autre trait de l’imaginaire contemporain. «L’omniprésence d’écrans multifonctionnels, qui sont autant des espaces d’écriture et des outils de diffusion d’images que des instruments de navigation et de surveillance, est au cœur de notre rapport complexe aux signes et aux images, soutient-il. Des images que nous regardons de moins en moins et que nous manipulons de plus en plus en les transformant et en les classant.»

Experts du cyberespace

Créé en 1999, FIGURA regroupe aujourd’hui près de 50 chercheurs et 300 étudiants, membres et collaborateurs, répartis dans huit universités. Le Centre possède deux antennes à l’Université Concordia et à l’Université du Québec à Chicoutimi, ainsi que des unités de recherche, dont le Laboratoire NT2 sur les œuvres hypermédiatiques. «Notre premier objectif était de créer un centre interuniversitaire et multidisciplinaire, ouvert non seulement sur la littérature mais aussi sur les arts visuels, la vidéo, le cinéma et d’autres modes d’expression culturelle», explique le chercheur.

L’intégration des nouvelles technologies numériques dans la recherche, la création et la diffusion est l’un des traits distinctifs de FIGURA. «Les œuvres culturelles contemporaines se déploient de plus en plus dans le cyberespace, note Bertrand Gervais. Grâce à NT2, nous avons développé une expertise en la matière et avons construit des bases de données comme le répertoire des arts et des littératures hypermédiatiques.»

Un nouvel observatoire

Il y a six ans, FIGURA a lancé le projet de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain, sorte de méga base de données consacrée à la compréhension des pratiques littéraires, artistiques et culturelles contemporaines. Ouvert à tous et se déployant en temps réel, l’observatoire contient une diversité de documents et d’informations: dossiers thématiques, documents audio et vidéo, cahiers de recherche virtuels, conférences filmées ou enregistrées, colloques en ligne, etc.

«Nous avons conçu l’observatoire comme un écosystème, un environnement de recherches et de connaissances qui ne s’intéresse pas seulement aux résultats finaux de travaux de recherche et de création mais aussi au processus lui-même en publiant des résultats au fur et à mesure de leur élaboration», souligne le professeur.

Selon Bertrand Gervais, FIGURA a contribué à créer une communauté dynamique de chercheurs et à élaborer des stratégies de diffusion de la recherche adaptées aux réalités du XXIe siècle.