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Carburer à la musique

Figure importante du milieu artistique montréalais, Laurent Saulnier est le lauréat 2014 du prix Reconnaissance de la Faculté de communication.

Par Valérie Martin

20 mai 2014 à 9 h 05

Mis à jour le 7 juin 2022 à 12 h 14

Sept diplômés de l’UQAM seront honorés à l’occasion du Gala Reconnaissance 2014 pour leur cheminement exemplaire et leur engagement. Ce texte est le dernier d’une série de sept articles présentant les lauréats.

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Laurent Saulnier. Photo: Nathalie St-Pierre

Depuis ses débuts comme journaliste spécialisé en musique dans les années 80, Laurent Saulnier (B.A. communication, 1985) a toujours baigné dans cet univers. Désormais vice-président de la programmation et de la production du Festival International de Jazz de Montréal, des FrancoFolies de Montréal et du festival Montréal en lumière, l’homme a assisté à presque tous les grands événements musicaux de la ville, a voyagé aux quatre coins du monde en quête de la nouvelle curiosité musicale et doit connaître le bottin de l’industrie musicale au grand complet, de Montréal à Paris en passant par Londres, Tel Aviv et Tombouctou! Malgré ses 50 ans bien sonnés, il est toujours aussi passionné par la musique. «C’est la trame de ma vie professionnelle. Je carbure à la découverte. J’aime imaginer que je découvre avant l’heure la nouvelle bibitte qui va monter, celle qui va faire courir les foules. C’est très stimulant. Je veux faire travailler les bons musiciens!», dit-il.

C’est Alain Simard, fondateur et concepteur des trois festivals, qui lui a proposé d’occuper le poste en 1999, alors que Laurent Saulnier était responsable de la section musique à l’hebdomadaire culturel Voir depuis 1991, tout en collaborant à plusieurs émissions de radio et de télévision, dont les Francs-Tireurs, sur les ondes de Télé-Québec. On chuchote dans le milieu que c’est en partie grâce à Laurent Saulnier que les FrancoFolies de Montréal ont pris par la suite un virage plus «jeune public».

Même si Laurent Saulnier adore assister à des concerts – «Rien ne remplace une telle expérience, dit-il. Il y a un côté brut, sans filet, que j’adore. Ce n’est pas comme écouter un album fait en studio; la scène, ça ne pardonne pas.» –, il admet qu’une grande partie de son travail se déroule devant son écran d’ordinateur à répondre à des courriels ou dans les nombreuses réunions auxquelles il doit assister. «J’ai sous ma responsabilité une solide équipe, dit-il. Autrement, on n’y arriverait jamais!»

La tâche est colossale: bâtir chaque année une programmation alléchante pour trois festivals, en plus des concerts présentés ici et là en dehors de la saison. «Cela représente grosso modo plus de 1000 événements», précise Laurent Saulnier. Est-il angoissé après chaque clôture de festival? «C’est toujours l’occasion de repartir sur de nouvelles bases, dit-il, ce qui évite la répétition. Il faut dire que le talent se renouvelle constamment, alors il n’y a jamais de quoi être blasé! Chaque année, je découvre un artiste ou une chanson qui me font vibrer!»

Parmi les grands moments de sa carrière, Laurent Saulnier se rappelle avec émotion des deux prestations de feu Alain Bashung, en 2005, au Métropolis. «Nous avons monté son spectacle Carte blanche ensemble. Je n’en revenais pas! Je me revoyais à 14 ans dans le sous-sol de mes parents à écouter ses disques.» Laurent Saulnier aime prendre des risques et travailler sur des projets un brin casse-gueule. «C’est un vrai privilège de travailler avec un artiste comme Pierre Lapointe, par exemple, parce qu’il a beaucoup d’idées, tout en ayant le courage de les mettre en forme. Il se sert de nos événements pour pousser l’expérience toujours plus loin.»

Parmi les spectacles à ne pas manquer aux Francofolies du 12 au 22 juin prochains, celui des Dead Obies, «un groupe de hip-hop émergent dont je suis la carrière depuis quelques années déjà et qui est maintenant prêt à percer», celui de Stromäe, «il ne faut pas oublier que c’est un exploit pour un artiste francophone de remplir le Centre Bell pour une deuxième année consécutive», et celui du groupe rock français Moodoïd. «Un groupe fantastique, poursuit Laurent Saulnier. Je suis accro à la chanson ”Je suis la montagne”: je l’ai écoutée au moins 3500 fois!»

Durant le Festival International de Jazz de Montréal (26 juin au 6 juillet), Laurent Saulnier ne ratera pas la venue de Benjamin Clementine, un jeune chanteur d’origine afro-britannique qui verse dans le funk, la soul et le R&B. «Il est hallucinant et offre une performance à se jeter par terre», raconte-t-il. Le nouveau projet Big Sun, du pianiste avant-gardiste pop Chassol, de la Martinique, réinvente selon Laurent Saulnier le rapport de la musique avec l’image, rien de moins!