
Trente étudiants des programmes de baccalauréat en urbanisme et en design de l’environnement ont participé à la 8e édition de la Charrette en urbanisme qui, cette année, s’est tenue dans la communauté atikamekw de Manawan, du 21 au 23 février derniers. Organisé par l’Association générale des étudiants en urbanisme, en collaboration avec le Conseil de bande de Manawan et le collectif Cameo, ce concours consistait à élaborer un concept d’aménagement urbain dans un délai de 36 heures.
«Ce fut une course contre la montre, confie Joelly Barlari, étudiante au baccalauréat en urbanisme et coordonnatrice du concours. Nous avons quitté Montréal le vendredi 21 février et avons voyagé en autobus. Conformément au concept de la charrette, aucun des étudiants ne connaissait la destination. À mi-chemin, nous les avons informés de la nature du projet. C’était la première fois que la charrette se déroulait dans une communauté autochtone.»
La réserve de Manawan est nichée en pleine forêt, à 250 km au nord de Montréal, dans la région de Lanaudière. Sa communauté compte environ 2 400 membres, dont 60 % ont moins de 30 ans. «La crise du logement est l’un des principaux défis auxquels est confrontée la population», dit Joelly Barlari. On estime qu’il faudrait construire au minimum 400 unités de logement d’ici les 10 prochaines années. En 2011, le taux d’occupation s’élevait à près de huit personnes par maison.
«Faire son nid»
La Charrette 2014 s’est déroulée sous le thème «Faire son nid». «L’idée était de rassembler des éléments essentiels à la création d’un milieu de vie durable, qui reflète les besoins et les aspirations de la communauté de Manawan, explique l’étudiante. Les participants devaient concevoir des projets d’aménagement urbain à petite échelle, sous forme de maquettes, susceptibles de développer chez les Atikamekw le sentiment d’un chez soi et de les amener à vouloir s’investir dans leur communauté.»
Les projets étaient diversifiés: une typologie résidentielle, un jardin communautaire, un espace de rassemblement et de festivités, un centre sportif, un lieu d’échanges culturels sur les berges, etc.
Une démarche collaborative
Une des priorités de la charrette était d’inclure la population de Manawan dans le processus de réflexion afin que les projets imaginés lui ressemblent. Regroupés en six équipes, les étudiants ont eu des discussions en ateliers avec les Atikamew. Ceux-ci avaient établi un tableau des priorités que les étudiants ont baptisé la «bible des participants».
«Les membres du Conseil de bande se sont impliqués dans l’élaboration du concept de la charrette dès le début, note Joelly Barlari. Ce sont eux qui ont déterminé les priorités à la base du mandat et la problématique générale du concours. L’expérience a été dépaysante et enrichissante sur le plan culturel. Les étudiants devaient prendre le temps d’écouter les gens de la communauté et surmonter certaines barrières, dont celle de la langue. L’atikamekw, connu de tous, est la langue de communication courante.»
Le concours s’est terminé le dimanche par un souper communautaire et par la présentation publique des projets devant les membres d’un jury et ceux de la communauté.

Trois prix d’une valeur totale de 3 000 dollars ont décernés. L’équipe gagnante était composée d’Alexandre Primeau, Charlie-Anne Bonnet-Painchaud, Maeva Lonni, Lorie-Aude Grenier et Véronique Lapointe. La deuxième place a été remportée par l’équipe formée de Dominic Dionne, Noémie Candau, Louis Bastien-Lapierre, Hugo-Gabriel Mercier et Annabelle Côté.
André Cassault, architecte et professeur à l’Université Laval, Samir Admo, chargé de cours au Département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion, Marc-Antoine Vallée, de la firme BC2, et deux membres du Conseil de bande, dont le chef Paul-Émile Ottawa, composaient le jury.