Karen Messing, professeure émérite au Département des sciences biologiques et au Centre de recherche interdisciplinaire sur le bien-être, la santé, la société et l’environnement (CINBIOSE), est la lauréate 2014 du William P. Yant Award de l’American Industrial Hygiene Association (AIHA). Créé en 1964 en l’honneur de William P. Yant, le premier président de l’AIHA, ce prix prestigieux est décerné à une personne résidant à l’extérieur des États-Unis qui a contribué de manière exceptionnelle à l’amélioration de la santé au travail.
La chercheuse présentera une conférence à la session d’ouverture de l’AIHA Conference and Exposition, qui se tiendra à San Antonio, au Texas, du 31 mai au 5 juin prochain. Créée en 1939, l’AIHA compte environ 10 000 membres. Elle a pour mission de développer les savoirs en vue de protéger la santé et la séurité au travail.
Détentrice d’un baccalauréat en relations sociales de l’Université Harvard, d’une maîtrise en génétique et d’un doctorat en biologie de l’Université McGill, Karen Messing a enseigné à l’UQAM de 1976 à 2008. Ergonome de renommée internationale, elle a consacré sa carrière à l’étude de la santé au travail.
Au départ spécialisée en génétique moléculaire, la chercheuse étudie dans les années 1980 l’exposition aux radiations des techniciens en radiologie, poste occupé majoritairement par des femmes. Elle s’aperçoit alors que les travailleuses souffrent davantage de leurs conditions de travail qui s’alourdissent que du niveau de radiation relativement faible auquel elles sont exposées. Pour Karen Messing, la misère quotidienne des travailleuses constitue un objet d’étude aussi noble que la biologie moléculaire. En 1985, avec sa collègue et complice Donna Mergler, elle fonde le CINBIOSE dont les travaux sont axés sur une approche écosystémique de la santé.
Auteure de dizaines d’articles scientifiques et de plusieurs ouvrages, dont La Santé des travailleuses : la science est-elle aveugle?, traduit en six langues, la professeure contribue à la mise sur pied, en 1993, du groupe de recherche L’invisible qui fait mal, en collaboration avec les centrales syndicales. La mission de cette équipe multidisciplinaire : révéler le caractère pénible de certaines tâches accomplies par les femmes et donner à ces dernières des outils pour revendiquer leurs droits en santé et sécurité au travail. Karen Messing s’intéresse notamment au sort des employées – vendeuses, serveuses, caissières, personnes au bas de l’échelle – forcées de travailler debout pendant de longues heures, sans possibilité de s’asseoir pour se reposer.
En 1993, la chercheuse est la première femme issue des sciences naturelles à recevoir un prix de l’ACFAS, le prix Jacques-Rousseau en recherches interdisciplinaires. L’année suivante, elle est nommée «Femme de mérite» par le YWCA de Montréal. En 2009, elle compte parmi les lauréates du Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire «personne», lequel rend hommage à des personnes ayant contribué à promouvoir l’égalité des femmes.
Même si elle a pris sa retraite de l’enseignement, Karen Messing continue de superviser des étudiants de cycles supérieurs et de participer à plusieurs projets de recherche subventionnés par le Réseau de recherche en santé et en sécurité du travail du Québec et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).