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L’univers singulier de Michael Blum

L’artiste présente une exposition et quatre de ses films au centre Vox et à la Cinémathèque québécoise.

4 février 2014 à 14 h 02

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Photo

Une scène du film de Michael Blum, Cavale au Canada, consacré aux activités du criminel français Jacques Mesrine au Québec, au tournant des années 70.

Les œuvres de Michael Blum, professeur à l’École des arts visuels et médiatiques, seront  mises en valeur au cours des prochaines semaines. Du 7 février au 12 avril, le centre Vox de l’image contemporaine présente son exposition Guerre et paix, qui comprend une installation et un film relatant la cavale au Canada, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, du célèbre criminel français Jacques Mesrine. Parallèlement à cette exposition, la Cinémathèque québécoise propose, le 12 février, quatre de ses films.

Professeur à l’UQAM depuis 2010, Michael Blum développe une pratique multidisciplinaire  – vidéos, livres, installations – qui repose sur une relecture critique de la production culturelle et de l’histoire. Empruntant aux méthodologies du sociologue, de l’historien, du journaliste et du détective, il s’intéresse particulièrement aux accidents de l’histoire et aux personnages négligés, afin de construire une mémoire alternative en explorant des situations méconnues, ambivalentes ou controversées :  l’érection d’un monument à la rencontre, en Autriche, d’Hitler et du philosophe Wittgenstein, l’influence de la féministe Safiye Behar sur Mustapha Kemal Atatürk, premier président de la République de Turquie, la déportation d’un chat de Tel Aviv à Ramallah ou les tribulations d’une paire de chaussures Nike entre l’Europe et l’Asie.

Sur les traces de Mesrine

Le passage de Jacques Mesrine au Québec, de 1968 à 1972, a été marqué par des braquages de banque, un enlèvement, des évasions, une fuite aux États-Unis et un procès pour meurtre en Gaspésie. Avec le temps, la séquence de ces événements s’est brouillée, les fils qui les reliaient se perdant facilement dans le tourbillon dramatique d’une période souvent considérée comme l’âge d’or du banditisme au Québec. Le film Cavale au Canada de Michael Blum, qui est au cœur de son installation Guerre et paix, revient sur plusieurs des sites liés au passage de Mesrine au Québec. Ponctué d’entretiens d’où émerge une mémoire vivante et collective, le film retrace les activités du gangster à Montréal et en Gaspésie sous la forme d’un récit aux accents de cinéma-vérité

Quatre investigations

Les quatre films de Michael Blum présentés par la Cinémathèque reposent sur d’autres investigations. Tourné à la manière d’une comédie burlesque, Wandering Marxwards (1999) examine la pertinence d’une relecture du travail de Karl Marx, 150 ans après la publication du Manifeste du Parti communiste. Dans l’essai vidéo The Three Failures (2006), l’artiste porte un regard critique sur les trois grandes idéologies du 20e siècle en les réunissant dans un conte : un personnage excentrique raconte l’échec du communisme, l’impasse de la social-démocratie et le déclin du capitalisme dans un discours composé de citations. Charlie Marx and the Chocolate Factory (2009) propose, pour sa part, un essai sur le lien existant entre la production du chocolat dans une confiserie de Kiev et la théorie politique. Enfin, Capri in Tangerang (2011) est la suite du film My Sneakers (2001), dans lequel Michael Blum se rend en Indonésie à la recherche de la manufacture où ses chaussures Nike ont été fabriquées.