
La pensée et les écrits de Jules Duchastel, professeur associé au Département de sociologie, seront au centre des discussions lors de la conférence intitulée «Duchastel sociologue», qui se tiendra à l’UQAM le 28 mars prochain, de 9h à 18h.
«Nous avons voulu rendre hommage à son œuvre, laquelle se déploie sur 40 ans de carrière», souligne Joseph-Yvon Thériault, professeur au Département de sociologie et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie (MCD). Les participants à la conférence commenteront son apport dans quatre domaines de recherche, soit l’idéologie et la culture, l’épistémologie et la méthodologie, le discours politique et l’État, puis la mondialisation, la citoyenneté et la démocratie.
Organisé par la Chaire MCD, dont Jules Duchastel a été le premier titulaire, de 2001 à 2008, l’événement réunira près d’une dizaine de chercheurs réputés, dont Jacques Beauchemin, professeur au Département de sociologie et actuellement sous-ministre au ministère québécois de l’Immigration et des Communautés culturelles, Josiane Boulad-Ayoub, professeure émérite au Département de philosophie, Gérard Boismenu, doyen de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, Daniel Drache, professeur au Département de science politique de l’Université York, et Nicole Ramognino, professeure à l’Université Aix-Marseille.
Pionnier de l’analyse du discours
Membre de la Société royale du Canada et chercheur de réputation internationale, Jules Duchastel a fait sa marque dans le domaine de la sociologie politique. Il s’est particulièrement intéressé à l’étude des transformations de la régulation politique au Canada au cours des cinquante dernières années. «Jules a été un pionnier de l’analyse du discours politique, dit Joseph-Yvon Thériault. Ses analyses, notamment dans l’ouvrage intitulé L’identité fragmentée. Nation et citoyenneté dans les débats constitutionnels canadiens,1941-1992, ont été essentielles à la compréhension du multiculturalisme canadien.»
Les travaux du sociologue sur la modernité libérale au Québec, avant 1960, ont aussi été marquants, note le titulaire de la Chaire MCD. «Il a contribué à renouveler l’interprétation de la nature du régime duplessiste en montrant que celui-ci, malgré son conservatisme social, était de type libéral.» Selon le Canadian Journal of Sociology, son livre Restons traditionnels et progressifs. Pour une nouvelle analyse du discours politique: le cas du régime Duplessis au Québec, publié avec Gilles Bourque, est l’un des ouvrages de sociologie de langue française les plus importants du XXe siècle.
Dès la fin des années 90, Jules Duchastel a été l’un des premiers au Québec à lancer un chantier de recherches sur le phénomène de la mondialisation. À la tête de la Chaire MCD, où il est toujours directeur de recherche, le professeur associé s’est intéressé aux mutations des formes de la citoyenneté, de la démocratie, de la communauté politique et de la justice sociale, engendrées par le double processus de mondialisation et de fragmentation des sociétés.
Le sociologue s’est illustré, par ailleurs, par une abondante production méthodologique en analyse du discours assistée par ordinateur, pratiquée et développée au Centre d’Analyse de texte par ordinateur (ATO) qu’il a fondé en 1983.
«Jules Duchastel a été un bâtisseur d’équipes et d’institutions», rappelle Joseph-Yvon Thériault. Actif au sein des diverses instances de l’Université, il a occupé plusieurs postes de direction, notamment au vice-décanat de la famille des sciences humaines, au Groupe de recherche en analyse du discours politique (GRADiP), au Centre de recherche interuniversitaire sur les transformations et les régulations économiques et sociales (CRITERES) et à l’Association canadienne des sociologues et anthropologues de langue française (ACSALF).