Même si elle n’a pas encore vu le long-métrage de fiction Gabrielle, qui raconte la vie d’une jeune femme ayant une déficience intellectuelle, la titulaire de la Chaire de déficience intellectuelle et troubles du comportement Diane Morin n’a que de bons mots pour le film. «Il semble que ce film reflète bien la réalité de ces personnes, dit-elle. Il dresse un portrait positif et parle d’autonomie et d’autodétermination, des principes que nous priorisons dans nos méthodes d’intervention. Plus nous parlons de la déficience intellectuelle, plus nous sommes en mesure de lutter contre les préjugés.»
La Fondation de l’UQAM a tenu, le 27 septembre dernier, une cérémonie soulignant le renouvellement pour une période de cinq ans de la Chaire de déficience intellectuelle et troubles du comportement. La Chaire a reçu une contribution de 500 000 $ de la Fédération québécoise des centres de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement. «C’est grâce à l’appui financier et à la concertation d’organismes offrant des services et du soutien aux personnes ayant une déficience intellectuelle que cette chaire a vu le jour», rappelle Diane Morin.
Créée en 2008, la Chaire de recherche, qui réunit des chercheurs provenant de différentes disciplines et universités et des praticiens du milieu, est financée par les trois centres de réadaptation en déficience intellectuelle et troubles envahissants du développement (CRDITED) de la région de Montréal. Six autres centres québécois de réadaptation se sont ajoutés à la liste des partenaires. «Ils font bien plus que nous apporter du soutien financier, explique Diane Morin. Comme on retrouve de plus en plus de praticiens-chercheurs au sein des centres de réadaptation, nous travaillons de pair avec ces derniers afin d’élaborer des programmes de recherche qui répondent autant à leurs besoins qu’à ceux des personnes qui ont une déficience intellectuelle.»
Les membres de la Chaire mènent des projets de recherche visant à améliorer la qualité de vie des personnes ayant une déficience intellectuelle, de même que celle de leurs familles et des intervenants. Un premier volet de recherche vise à mieux identifier les personnes ayant une déficience intellectuelle qui présentent de manière spécifique des troubles du comportement et à documenter les causes qui génèrent de tels troubles. Le deuxième volet de recherche porte sur les méthodes d’évaluation et d’intervention. Des méthodes d’intervention qui sont désormais plus respectueuses des choix de la personne et de son entourage tout en étant moins intrusives. «Nous travaillons dans le but d’inclure à part entière dans la société les personnes ayant une déficience intellectuelle, de les rendre plus autonomes, plus fonctionnelles. L’inclusion sociale est un concept très important pour nous», explique la titulaire, qui est également professeure au Département de psychologie.
La Chaire de recherche s’est également dotée d’un comité consultatif, formé de professionnels du milieu de la déficience intellectuelle. «Cela crée des liens plus directs entre les praticiens et les chercheurs», croit Diane Morin. Le comité veille aussi au bon transfert des connaissances. «Il est important pour nous de diffuser nos résultats de recherche et de les rendre accessibles à l’ensemble des centres de réadaptation du Québec et à tous les intervenants du milieu, et ce, de la manière la plus efficace possible», précise la chercheuse. Selon la titulaire de la Chaire, la formation de la relève est également primordiale. «Il y a une grande demande pour des intervenants spécialisés en déficience intellectuelle.»
La professeure Mélina Rivard, récemment embauchée au Département de psychologie, s’est jointe à l’équipe de la chaire cette année. Cette spécialiste des troubles de comportement chez les jeunes enfants ayant des troubles du spectre de l’autisme (TSA) ou une déficience intellectuelle (DI) et les autres chercheurs de la chaire comptent mener des études auprès d’enfants de deux à six ans. La recherche s’échelonnera sur une période de trois ans. «Nous voulons suivre la trajectoire de ces enfants afin de voir ce qui peut influencer les troubles de comportement. Lorsque nous sommes capables d’intervenir tôt dans la vie d’un tout-petit, il est plus facile de corriger ses comportements agressifs. Nous travaillons sur la prévention», conclut Diane Morin, qui agira comme codirectrice du projet.