
Trois doctorantes et un doctorant de l’UQAM – Marie-Luc Arpin (administration), Sheila Hoffman (muséologie), Élisabeth Jacob (éducation) et Simon Lévesque (sémiologie) – ont obtenu la bourse Vanier. D’une valeur de 50 000 dollars par année pour une durée de trois ans, il s’agit de la plus prestigieuse bourse d’études supérieures au Canada. Les candidats à ce programme de bourses sont évalués et sélectionnés selon trois grands critères : l’excellence du dossier académique, le potentiel de recherche et les capacités de leadership.
Marie-Luc Arpin
«Je n’ai pas le choix de me tenir informée de ce qui se passe à la Commission Charbonneau, car les révélations qui en émanent peuvent nourrir mon projet ou m’amener à explorer d’autres pistes», lance en riant Marie-Luc Arpin. Sous la direction du professeur Jean-Pierre Reveret, du Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’ESG, la doctorante en administration s’intéresse à l’ingénieur en contexte de controverse sociotechnique. «Il existe des grands projets d’ingénierie qui soulèvent des controverses, pas tant à cause des enjeux techniques, somme toute bien maîtrisés, mais plutôt à cause d’autres enjeux – environnementaux, entre autres. C’est le cas du complexe Turcot, des gaz de schiste, du projet de barrage de la Romaine ou des sables bitumineux en Alberta.»
La jeune chercheuse souhaite se pencher sur deux cas – encore à déterminer – de controverses sociotechniques selon une approche anthropologique. «J’aimerais analyser le rapport de l’ingénieur à la connaissance, ainsi que son système de valeurs et ses pratiques, précise-t-elle. Je privilégierai des observations non participantes et des entretiens avec plusieurs acteurs impliqués dans ces controverses, car pour cerner l’ingénieur dans un tel contexte, il faut discuter avec les intervenants qu’il côtoie.»
Elle-même ingénieure de formation, Marie-Luc Arpin a été associée de recherche pendant trois ans à la Chaire internationale en cycle de vie de l’École polytechnique. Cette chaire est affiliée au Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), auquel collabore Jean-Pierre Reveret.
Sheila K. Hoffman
C’est durant sa carrière comme conservatrice et directrice de musées aux États-Unis que Sheila K. Hoffman, doctorante en muséologie, prend conscience d’un problème grandissant dans son domaine. «Il m’apparaissait évident que le monde muséal n’était pas prêt à prendre le virage technologique. Plusieurs personnes du milieu sont très réfractaires aux changements apportés par les nouvelles technologies», dit-elle. Pour tenter de trouver des solutions, la jeune américaine francophile s’est inscrite l’an dernier au doctorat en muséologie à l’UQAM, le seul programme de troisième cycle offert en Amérique du Nord dans le domaine.
Dans le cadre de ses études doctorales, sous la direction des professeurs Yves Bergeron et Jennifer Carter, du Département d’histoire de l’art, Sheila K. Hoffman s’intéresse, entre autres, à la conservation numérique (digital curation) et aux technologies de l’information et de la communication (TIC) appliquées au domaine des musées. «Grâce à une meilleure diffusion de l’information, une meilleure compréhension des technologies et de meilleurs outils pour archiver et organiser des contenus, les musées pourraient mieux partager les savoirs avec le public.» Selon la chercheuse, «les TIC viennent révolutionner le monde des musées et la muséologie au même titre que la photographie a profondément bouleversé la peinture et la manière de voir l’image.» Celle qui est également présidente du Comité d’éthique pour le Comité national des conservateurs (CurCom), une instance faisant partie de l’Alliance américaine des musées, poursuit le même combat au sein de l’organisme. «Le mandat du comité est d’identifier les compétences et les expertises reliées au métier de conservateur de musée, dit-elle. Les conservateurs de musées doivent être capables d’utiliser les nouvelles technologies et de comprendre leur fonctionnement.»
Élisabeth Jacob
Élisabeth Jacob possède plusieurs cordes à son arc. Titulaire d’un baccalauréat en ergothérapie à l’Université Laval et d’une maîtrise en éducation à l’Université du Québec à Chicoutimi, elle a travaillé en santé communautaire à l’international et en milieu scolaire au Québec. Depuis deux ans, elle est consultante en services éducatifs auprès d’éducatrices en CPE et d’enseignantes au préscolaire dans des communautés Attikameks, au Saguenay et en Mauricie.
Sa thèse de doctorat, dirigée par les professeures Annie Charron, du Département de didactique, et Yvonne Da Silveira, de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, porte sur l’accompagnement d’enseignantes de maternelle, dans le milieu des Premières Nations, qui cherchent à favoriser l’apprentissage de l’écriture chez les enfants par le jeu symbolique. «Les jeux symboliques – jouer au restaurant ou aux pompiers –, dans lesquels les enfants tiennent différents rôles, stimulent le langage oral et contribuent à nourrir l’intérêt pour la lecture et l’écriture, surtout s’ils sont accompagnés d’outils pédagogiques appropriés, souligne Élisabeth Jacob. Le hic est qu’il existe peu de matériel pédagogique en langue autochtone, alors que plusieurs communautés ont choisi d’utiliser cette langue comme langue d’enseignement.» Les enseignantes, poursuit la doctorante, doivent aussi composer avec les carences de la formation qu’elles reçoivent en éducation préscolaire et en enseignement primaire, laquelle a tendance à négliger le volet préscolaire.
Plusieurs avenues s’ouvrent devant Élisabeth Jacob. «Ma priorité est de terminer mon doctorat, dit-elle. Après, j’aurai à choisir entre la carrière universitaire, le travail auprès des enseignants et enfants autochtones et la coopération internationale.»
Simon Lévesque
Détenteur d’un bac en études littéraires de l’UQAM et doctorant en sémiologie, Simon Lévesque a pris conscience durant son baccalauréat que ses intérêts débordaient le strict cadre de la littérature. «Celle-ci a toujours été au centre de mes intérêts, dit-il, mais je voulais aussi élargir mes horizons en allant chercher des outils théoriques en histoire, en philosophie et en histoire de l’art. La sémiologie est une forme d’appréhension du monde qui permet justement d’embrasser plusieurs approches disciplinaires.»
Dans le cadre de sa thèse, dirigée par le professeur Samuel Archibald, du Département d’études littéraires, Simon Lévesque s’intéressera aux œuvres de trois écrivains français contemporains : Jean-Marie-Gustave Le Clézio, Jean Échenoz et Emmanuel Carrère. «J’entends analyser ce que j’appelle le statut ontologique des objets fictionnels, notamment comment existent les objets, les personnages et les lieux convoqués par la fiction, comment nous interagissons avec eux à travers la lecture.»
Parallèlement à ses études, Simon Lévesque participe activement à la vie étudiante et académique. Membre du Centre de recherche Figura sur le texte et l’imaginaire, du comité exécutif de l’association des étudiants en sémiologie et du Conseil d’administration de la Coop de l’UQAM, il a dirigé pendant trois ans la revue des arts l’Artichaut, a participé à la création du Laboratoire de résistance sémiotique, un groupe de recherche étudiant, et a cofondé la revue électronique d’exploration sémiotique Cygne noir. Celui qui se destine à une carrière universitaire n’exclut pas non plus la possibilité de se frotter un jour à l’écriture de fiction.