Le moins que l’on puisse dire de Monique Régimbald-Zeiber, une des organisatrices du Forum Art, Culture et Mieux-être, une initiative du Fonds de recherche Québec qui aura lieu le 8 février prochain au centre PHI, est qu’elle croit en l’importance de l’interdisciplinarité en art. Ce concept est d’ailleurs au cœur de l’événement qu’elle prépare. «L’objectif premier du Forum est de mettre ensemble des gens qui le sont rarement pour les amener à discuter des enjeux et défis présentés par la thématique du rapport entre art, culture et mieux-être», explique la professeure associée et ex-vice-doyenne à la recherche et à la création de la Faculté des arts. Né d’une collaboration entre la Faculté des arts de l’UQAM et l’Université Concordia, ce rendez-vous, espère la professeure associée, réunira des représentants de toutes les universités québécoises et de plusieurs groupes communautaires.
Ce Forum répond à l’invitation lancée par le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, qui, au mois de décembre 2011, appelait les universités à lui soumettre des projets de recherche intersectoriels. Un projet est dit intersectoriel lorsqu’il chevauche les frontières définies par les trois grands Fonds de recherche du Québec : Santé; Nature et Technologie; Société et Culture. Les recherches devaient, en plus, porter sur les thématiques du Nord, du défi du vieillissement ou encore du rapport entre art, culture et mieux-être.
Favoriser les échanges
Pour Monique Régimbald-Zeiber, les échanges qui auront lieu lors du Forum permettront de voir «quelle serait la possibilité de mettre l’art et la culture au centre d’une activité sociale dont le résultat serait un mieux-être». Des exemples? L’accompagnement par l’art de personnes malades, la création d’installations interactives dans l’espace public ou encore la création de mobiliers plus ergonomiques.
Selon la professeure associée, «les plus grands défis reliés à la création de projets intersectoriels concernent l’ampleur des enjeux et le fait que les professeurs ne sont pas familiers avec les travaux et méthodes de leurs collègues.» Pour faire face à la complexité des enjeux, le Forum a été divisé en deux parties. Alors que l’après-midi sera consacré à des échanges entre les participants, cinq exemples de projets intersectoriels dans le domaine des arts et la culture seront présentés dans la matinée.
Parmi ceux-ci, figure le projet de Patrick Evans, professeur à l’École de design de l’UQAM, intitulé «Cuisine nordique». Cet architecte qui travaille sur les problèmes de surpopulation dans les maisons inuites s’est rendu compte, au fil de discussions avec les principaux intéressés, que la cuisine est une pièce mal adaptée à leur mode de vie. «Les Inuits mangent traditionnellement par terre des produits de la chasse, souvent de la viande crue, explique Patrick Evans. Si tu manges de la baleine et que tu découpes ça sur ton comptoir de cuisine, tu risques de le casser. Mais si tu coupes ta viande par terre et que tu t’y assois après pour manger, ça pose des problèmes de salubrité.»
Le professeur et ses étudiantes ont redessiné la cuisine des habitants d’Inukjuak pour l’adapter à leur réalité. Ce projet est intersectoriel parce qu’il prend en compte non seulement des enjeux culturels, mais aussi les défis technologiques et architecturaux propres à la construction dans le Nord et des questions de santé publique reliées à l’alimentation de ces personnes.
Intégration essentielle
Interpelée par les défis de l’intersectorialité, Monique Régimbald-Zeiber a la tête aux résultats. «Si l’on réussit à mieux saisir les liens de ce qui se fait en art et en recherche depuis 40 ans, cela nous permettra de mieux mesurer et comprendre l’impact des activités artistiques dans la société, mentionne-t-elle. On doit pouvoir faire inscrire dans la politique nationale d’innovation en recherche des projets qui viennent de ce secteur.»