En 2002, après plus d’une décennie dans le domaine des relations et de la coopération internationales, Nassib El-Husseini (Ph.D. science politique, 1996), est en plein questionnement existentiel. À 40 ans, celui qui a été responsable d’un convoi humanitaire à Bagdad, en Irak, durant la première guerre du Golfe, chargé de cours au Département de science politique et chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, se cherche. Au même moment, la contorsionniste Isabelle Chassé, qu’il connaît depuis la tendre enfance, fonde avec d’autres artistes du cirque une nouvelle troupe joliment intitulée Les 7 doigts de la main. Ce sera le coup de foudre.
«En voyant leur premier spectacle, je suis tombé en amour», se rappelle Nassib El-Husseini. Quelques mois seulement après la mise sur pied de la troupe, il devient son directeur général. «Mon coffre à outils me vient de l’UQAM, dit-il. Je n’ai fait que l’adapter au monde des affaires et à celui des arts.»
Travailler au sein des 7 doigts de la main le remplit de bonheur. «Le monde circassien est un monde très solidaire, dit l’ex-coopérant. Sur scène, les artistes du cirque dépendent les uns des autres, même pour leur sécurité. Un faux pas et c’est fini! On ne retrouve pas un tel esprit de fraternité au sein des autres disciplines artistiques et encore moins dans le domaine de la coopération internationale.»
La gestion de la troupe repose d’ailleurs sur la notion d’égalité entre ses membres. «Les artistes et les employés à temps plein reçoivent le même salaire. Moi de même!», soutient celui qui se voit comme le capitaine du bateau. «Je veille un peu sur tout : je m’assure de la bonne gestion des affaires, je rassure les artistes… Je suis là pour servir l’art et les créateurs!»
Sous sa gouverne, la petite compagnie s’est imposée dans le monde du cirque. Plusieurs spectacles seront diffusés aux quatre coins de la planète cet été, dont le succès Traces que le magazine américain Times a classé au top 10 des meilleurs spectacles de 2011. D’ici l’automne 2014, elle disposera enfin de son propre quartier général dans les anciens locaux du musée Juste pour rire, sur le boulevard Saint-Laurent. En septembre prochain, la troupe présentera au Théâtre du Nouveau Monde un tout nouveau spectacle, Le murmure du coquelicot, combinant théâtre et cirque, aux côtés du comédien Rémy Girard.
«Nous sommes une troupe à échelle humaine, souligne Nassib El-Husseini. Les personnages de nos spectacles ne sont pas des créatures fantastiques. Nous incarnons de vraies personnes aux prises avec des problèmes de la vie au quotidien. Nous abordons parfois des sujets lourds comme la maladie mentale ou la perte de la biodiversité, mais avec une certaine légèreté.»
Au-delà des nombreux prix récoltés au cours des 10 années d’existence de la compagnie, l’amour du public demeure aux yeux de son directeur général la plus belle des récompenses. «Sans l’appui indéfectible du public, des diffuseurs et des médias, la troupe ne serait pas là où elle est maintenant.»