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Urbaniste communautaire

L’étudiant Mikael St-Pierre brigue un poste de conseiller municipal dans l’arrondissement montréalais d’Hochelaga.

Par Claude Gauvreau

31 octobre 2013 à 10 h 10

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

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Mikael St-Pierre. Photo: Nathalie St-Pierre.

Âgé de 24 ans seulement, Mikaël St-Pierre, membre de l’équipe de Mélanie Joly, se présente au poste de conseiller de Ville dans Hochelaga, une circonscription de l’est de Montréal. Titulaire d’un baccalauréat en urbanisme et finissant à la maîtrise en design de l’environnement, il est l’un des plus jeunes candidats en lice aux élections municipales du 3 novembre prochain.

«L’idée de soumettre ma candidature a commencé à germer dans ma tête l’été dernier, alors que je participais au projet de publication Imaginer Montréal, dans le cadre de l’École Urbania, explique Mikael St-Pierre. J’y ai rencontré tous les candidats à la mairie de Montréal, dont Mélanie Joly. C’est elle qui m’a le plus impressionné, par son énergie, son audace et sa vision de Montréal. Je l’ai revue par la suite et j’ai accepté son invitation à me joindre à son équipe, tout comme trois autres participants au projet Imaginer Montréal qui agissent à titre de bénévoles.»

Défenseur de l’«urbanisme communautaire», le jeune homme est aussi chargé de cours au Cégep Maisonneuve. Il a été rédacteur en chef de l’Inter-Urbain, un magazine alternatif en urbanisme, et animateur à la radio sur les ondes de CISM. Lauréat du premier prix au concours Nordicité de l’Association des designers urbains du Québec (ADUQ), il s’intéresse particulièrement au design d’espaces urbains et à l’agriculture urbaine.

Pour lui, le fait d’être un novice en politique municipale n’a rien de négatif en soi. «Ce sont des gens d’expérience qui ont plongé la ville dans la situation difficile où elle se trouve aujourd’hui, souligne-t-il Je suis chaque jour sur le terrain et je constate que le cynisme de la population à l’égard de la classe politique a atteint des sommets. Mais les gens ont soif de renouveau et apprécient que des jeunes se lancent en politique.»

Pour une politique familiale

Mikael St-Pierre dit ne pas s’être engagé en politique pour répéter les erreurs que d’autres ont commises avant lui. «Je crois à la transparence. Si je suis élu, je mettrai en place un mécanisme de reddition de comptes hebdomadaire, au moyen du Web 2.0, qui me permettra de répondre directement aux questions des citoyens.»

L’urbaniste en herbe propose l’adoption d’une politique d’inclusion familiale et sociale, une première à Montréal, afin de contrer l’exode des familles. Plus de 200 familles ont quitté Hochelaga entre 2006 et 2011, après la fermeture de trois écoles primaires et par manque de logements accessibles. «Il faut favoriser la réouverture graduelle des écoles et la construction de logements de grande taille, comportant trois chambres ou plus, dit-il. On pourrait aussi développer des partenariats avec des groupes de propriétaires et penser à des mesures incitatives pour que des efforts de rénovation soient entrepris – environ 30 % des logements dans Hochelaga ont besoin de travaux d’entretien -, tout en évitant une flambée des loyers et des taxes foncières.»

Revitaliser Sainte-Catherine

La revitalisation économique, sociale et culturelle de la rue Sainte-Catherine, à l’ouest du boulevard Pie IX, est un autre dossier prioritaire pour Mikael St-Pierre. «Des entreprises de services et des ateliers d’artistes pourraient avoir pignon sur rue sur cette importante artère commerciale. On peut penser à des politiques permettant de défrayer une partie des coûts des loyers afin que des artisans, nombreux dans le quartier, occupent des locaux actuellement vacants.»

Le candidat insiste également sur l’importance de verdir le quartier avec la plantation de 10 000 arbres d’ici 2017 et préconise l’adoption d’un fonds d’initiative populaire. «Ce serait une enveloppe budgétaire pouvant être utilisée pour financer des projets conçus par des citoyens, comme l’aménagement d’une ruelle verte. On financerait cela par l’abolition du Fonds de dépenses des élus, dont l’argent sert plutôt à payer des repas aux restaurants ou à organiser des parties de golf. Qui sont les personnes les mieux placées pour savoir comment aménager leur quartier ?  Les fonctionnaires de la Ville ou les citoyens ?»

Mikael St-Pierre estime que la lutte sera serrée dans Hochelaga. Est-ce que les gens iront voter en force ? «Difficile à prévoir», dit-il. Qu’il soit élu ou non, il a de toute façon l’intention de terminer sa maîtrise. «Si je suis élu, je vais m’engager à fond, mais je n’ai pas l’intention de faire plus de deux mandats à un même poste. Pour moi, la politique n’est pas une fin en soi, mais un moyen parmi d’autres pour faire bouger les choses.»