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Pionnier des études sur les États-Unis

La Chaire Raoul-Dandurand a rendu hommage à Louis Balthazar, ex coprésident de l’Observatoire sur les États-Unis.

7 novembre 2013 à 15 h 11

Mis à jour le 7 juin 2022 à 12 h 15

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Louis Balthazar à la tribune lors de la soirée hommage. Photo: Denis Bernier

La Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques et l’Observatoire sur les États-Unis, qui lui est rattaché, ont rendu hommage à Louis Balthazar, professeur émérite du Département de science politique de l’Université Laval. Celui-ci a quitté sa fonction de coprésident de l’Observatoire, qu’il a assumée de 2002 à 2013. Le professeur Charles-Philippe David, du Département de science politique, titulaire de la  Chaire Raoul-Dandurand et coprésident de l’Observatoire, a rappelé combien «Louis Balthazar a contribué à former une génération de nouveaux chercheurs dans le champ des études américaines et à faire de la Chaire une référence dans ce domaine au Québec.»

Titulaire d’un doctorat en science politique de l’Université Harvard (1971), Louis Balthaazar est un pionnier des études sur les États-Unis au Québec. Ce spécialiste de la politique étrangère américaine et des relations canado-américaines a été codirecteur de la revue Perspectives internationales du ministère des Affaires extérieures du Canada, de 1974 à 1981, et membre du Conseil supérieur de l’éducation du Québec, de 1982 à 1986. Il a reçu la médaille de l’Ordre national du Québec, en 2007, et la Médaille du Jubilé de la Reine du Canada, en 2012. Le professeur émérite est l’auteur et le co-auteur de nombreux ouvrages, dont Bilan du nationalisme au Québec (1986), Le Québec dans l’espace américain (1999) et La politique étrangère des États-Unis : fondements, acteurs, formulations (2003).

La soirée hommage a pris la forme d’une table ronde, intitulée «Obama : un nouveau modèle de la politique américaine ?», qui a réuni trois chercheurs de l’Observatoire sur les États-Unis. Guy Lachapelle, de l’Université Concordia, Julien Toureille, doctorant en science politique à l’UQAM et directeur adjoint de l’Observatoire, et Carl Grenier, de l’Université Laval, ont souligné les contributions de Louis Balthazar aux études sur la politique intérieure, étrangère et économique des États-Unis. Ce dernier a conclu en commentant les interventions.

Les trois chercheurs ont rappelé les immenses espoirs soulevés par l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis, il y a cinq ans. Les résultats de ses efforts, ont-ils affirmé, ont été mitigés, notamment au chapitre économique – les investissements publics  sont à leur plus bas niveau depuis 1947 –, de l’environnement, de l’immigration et de la politique étrangère.

Les contradictions de Barack Obama

Dans son intervention, tout comme dans ses derniers écrits, Louis Balthazar a jugé plutôt sévèrement les réalisations de Barack Obama, tout en reconnaissant qu’il s’est constamment buté à l’hostilité du Parti républicain et de sa faction la plus conservatrice, le Tea Party, qui ont tenté de bloquer ses réformes en matière de santé, d’environnement et d’immigration.

Sur la scène internationale, ce président qui promettait la paix, rappelle le professeur, s’est embourbé en Afghanistan, n’est pas arrivé à définir une  stratégie de paix au Moyen-Orient, a poursuivi discrètement la guerre à la terreur de son prédécesseur en accentuant le recours aux assassinats ciblés et l’utilisation de drones (avions-robots) qui terrorisent les populations et a cédé l’initiative à la Russie dans le dossier de la guerre civile en Syrie. «Homme en proie aux contradictions, son idéalisme est tempéré par un pragmatisme selon lequel la moralité des actions doit être évaluée en fonction de leurs conséquences pratiques», observe Louis Balthazar

Malgré les difficultés sociales et économiques, Obama parviendra-t-il à rassembler une forte majorité d’Américains ? Réussira-t-il à frapper un grand coup diplomatique en concluant un accord avec l’Iran sur la question de l’utilisation de l’arme nucléaire ? Selon le professeur, cela n’est pas impensable

«Barack Obama a été un président pédagogue au cours de son premier mandat. Mais, depuis sa réélection, il n’a pas toujours été un homme de persuasion, un persuader in chief,  soutient Louis Balthazar. C’est ce que les Américains attendent de leur président.»

La soirée s’est conclue par un cocktail de reconnaissance en présence d’Andrew Parker, consul général des États-Unis à Montréal, de Robert Proulx, recteur de l’UQAM, et de John Parisella, ancien délégué général du Québec à New York.