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Gestion du changement et performance en santé

Par Claude Gauvreau

7 janvier 2013 à 0 h 01

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Depuis plus d’un an, des travailleurs s’activent sur le site du futur Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), qui doit être livré au printemps 2016. La superficie totale du nouveau Centre sera de 268 000 mètres carrés, soit l’équivalent d’une cinquantaine de terrains de football. Coût de l’opération: deux milliards de dollars. «Cet investissement majeur ne concerne pas seulement les briques et le mortier, mais surtout le redéploiement à grande échelle des services cliniques et des activités d’enseignement et de recherche», souligne Monique Aubry, professeure au Département de management et technologie et membre de la Chaire en gestion de projet.


La chercheuse codirige une équipe qui a reçu une subvention de trois ans de plus de 340 000 dollars des Instituts de recherche en santé du Canada pour une recherche intitulée «La contribution des bureaux de projet à la gestion du changement et à la performance organisationnelle dans le secteur de la santé». Quatre cas seront étudiés: les bureaux de projet du CHUM, du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine (CHUSJ) et du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ).


«Ces établissements ont mis en place un bureau de projet, composé notamment de gestionnaires et de représentants de différents groupes d’emploi, pour aider les décideurs à développer des pratiques, des méthodes et des outils de gestion efficaces. C’est dans ce contexte de transformation organisationnelle d’envergure que nous avons conçu cette recherche, en partenariat avec les établissements de santé», explique la professeure.


Une position stratégique


Les bureaux de projet sont apparus dans les années 80, alors que la pression mondiale pour diminuer les coûts de production et la forte concurrence des marchés incitaient au changement, à l’innovation et à l’adaptation, encourageant les organisations et entreprises à investir des sommes importantes dans différents types de projets. Présents dans les organisations des secteurs public et privé, ces entités, qui relèvent généralement de la haute direction, occupent aujourd’hui une position stratégique.


Dans le système de santé québécois, l’État exige des centres hospitaliers qu’ils soient plus efficients en se recentrant sur leur mission universitaire et en offrant des soins plus spécialisés. «Être plus efficient signifie notamment qu’un même service ou que certains types de soins devraient être offerts dans un seul établissement, plutôt que dans deux ou trois, ce qui implique de nouvelles façons de faire, observe Monique Aubry. Même si leurs fonctions varient d’un hôpital à l’autre, selon la culture organisationnelle et la philosophie de gestion de chacun, les bureaux de projet visent justement à soutenir ces changements et à assurer que la transition se fasse de façon adéquate.»


Un esprit de partenariat


Les bureaux de projet se préoccupent beaucoup de la gestion des ressources humaines, un défi énorme dans un contexte de transformations organisationnelles majeures. «L’objectif est de faire en sorte, une fois les changements accomplis, que les employés sachent clairement ce qu’ils doivent faire, se sentent valorisés, aiment ce qu’ils font et ne soient pas tentés de quitter l’organisation. Dans d’autres pays, des projets similaires à ceux de nos centres hospitaliers ont entraîné le départ de nombreux cadres», note la chercheuse.


Le rôle des bureaux de projet consiste également à gérer le changement de façon collaborative, en développant des liens entre les différentes équipes, pour éviter que les projets ne soient menés en silo. Ils offrent par ailleurs un pool d’expertises sur des questions spécifiques de gestion et constituent des lieux d’apprentissage et de partage de connaissances. Selon Monique Aubry, une gestion de projet efficace exige que le bureau de projet soit bien intégré, que les gens qui le composent soient reconnus pour leur expertise et aient le soutien de l’organisation. «La mission du bureau de projet doit non seulement être connue, mais comprise par l’ensemble des membres de l’organisation», conclut la professeure.