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Deux femmes de mérite

Les professeures Martine Hébert et Thérèse St-Gelais sont honorées par le Y des femmes de Montréal.

Par Valérie Martin

10 septembre 2013 à 11 h 09

Mis à jour le 7 juin 2022 à 12 h 15

Les professeures Martine Hébert, du Département de sexologie, et Thérèse St-Gelais, du Département d’histoire de l’art, ont reçu le titre de Femme de mérite du Y des femmes de Montréal, respectivement dans les catégories Éducation et Arts et culture. Elles seront honorées lors de la 20e édition de la Soirée-bénéfice Prix Femmes de mérite qui aura lieu le 30 septembre prochain au Palais des congrès de Montréal.

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Martine Hébert. Photo: Nathalie St-Pierre

Les recherches de Martine Hébert portent principalement sur les enfants victimes d’abus sexuels. Un domaine jugé émergent il y a une vingtaine d’années. «Lorsque j’ai commencé mes études, on disposait de très peu de connaissances scientifiques sur les caractéristiques ou les profils des enfants agressés sexuellement ainsi que sur leurs besoins. Il y avait également très peu d’information sur les meilleures interventions pour leur venir en aide», raconte celle qui a d’abord été psychologue auprès de cette clientèle vulnérable.

Dans le cadre de ses recherches, Martine Hébert a identifié les facteurs qui aident les enfants à surmonter ou à mieux gérer des traumatismes comme l’agression sexuelle. «Quels sont les facteurs qui font que certains jeunes s’en sortent et d’autres pas? Nous pouvons désormais mieux déceler les indicateurs, comme les capacités personnelles et les ressources familiales, qui permettent à certains enfants d’être plus résilients et de surmonter plus facilement les épreuves», explique-t-elle.

Savoir mieux évaluer les enfants victimes d’agression sexuelle permet aux intervenants de trouver les meilleurs traitements possibles adaptés à chaque enfant, précise Martine Hébert qui a participé à la conception et à l’évaluation de plusieurs programmes de formation destinés aux intervenants, dans le cadre de nombreux partenariats avec les milieux de pratique. Au Centre d’expertise Marie-Vincent, créé en 2005, la professeure et son équipe ont implanté un programme de thérapie, d’abord développé aux États-Unis, destiné aux petites victimes de moins de 12 ans. «Nous avons pu démontrer que les enfants qui ont suivi cette thérapie souffrent moins d’anxiété et de dépression et présentent entre autres de meilleures compétences sociales», dit Martine Hébert.

La professeure mène actuellement une vaste enquête auprès de 8 000 adolescents québécois âgés de 14 à 18 ans, qui a notamment pour objectif de documenter la prévalence de la violence dans les relations amoureuses des jeunes. «Nous cherchons par exemple à savoir si des adolescents victimes d’agression sexuelle durant l’enfance ont tendance à souffrir davantage de violence dans le cadre d’une relation amoureuse.» Subventionné par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le projet vise également à mieux orienter les programmes de prévention et de traitement destinés aux adolescents.

Thérèse St-Gelais

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Thérèse St-Gelais. Photo: Nathalie St-Pierre

Thérèse St-Gelais s’est toujours intéressée à l’art des femmes et à l’art féministe: au début des années 80, elle fut la première étudiante de l’Université de Montréal à déposer un mémoire de maîtrise sur le sujet. «J’avais constaté au tout début de mes études que les femmes artistes n’étaient pas représentées dans l’histoire de l’art», se remémore-t-elle. Elle a ensuite poursuivi sa réflexion en réalisant une thèse de doctorat à l’Université Paris X Nanterre portant sur les autoportraits de femmes artistes.

À l’époque, Thérèse St-Gelais contribue également à la mise sur pied à l’UQAM du cours L’apport des femmes aux arts visuels. «C’est un cours qui permet de développer une pensée critique», lance celle qui l’enseigne depuis 1989.

Lauréate en 2012 d’un Prix d’excellence en enseignement décerné par la Faculté des arts, Thérèse St-Gelais compte parmi les professeurs qui ont dirigé le plus grand nombre d’étudiants aux deuxième et troisième cycles en histoire de l’art.

Sa passion pour l’art des femmes et l’art féministe l’a également menée à organiser plusieurs expositions, colloques et ateliers. «J’essaie de mettre de l’avant des productions qui le méritent et qui ne sont pas reconnues à leur juste valeur. Des femmes artistes comme Camille Claudel et Artemisia Gentileschi ne sont pas reconnues pour les bonnes raisons. Je veux que l’on parle de leurs œuvres et non de leur destin tragique.» En 2011-2012, elle a participé à la conception de trois expositions en tant que commissaire, dont Archi-féministes!, volets 1 et 2 (co-commissaire) chez Optica, Loin des yeux, près du corps à la Galerie de l’UQAM et Ghada Amer au Musée d’art contemporain, une exposition solo de l’artiste peintre d’origine égyptienne reconnue pour ses œuvres où se mêlent pornographie, plaisirs saphiques et clichés sur la féminité. L’exposition Loin des yeux, près du corps, présentait une vingtaine d’œuvres réalisées par 10 femmes artistes, de nationalités et de générations différentes. «J’ai pu y intégrer des nuances dans l’art des femmes artistes et m’éloigner le plus possible des clichés employés pour décrire l’art féminin (douceur, beauté, délicatesse, etc.)», dit celle qui est aussi directrice de l’unité de programmes en études féministes à l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) depuis 2012.