«On ne fait pas une carrière de professeur en agissant seul et sans que soient réunies certaines conditions : des passions, bien sûr, quelques idées originales, beaucoup de travail, mais aussi d’heureuses rencontres avec des gens de qualité, avec lesquels on a envie de collaborer», souligne Marc Choko, professeur associé à l’École de design. Figure marquante du design au Québec, celui-ci a reçu, le 16 novembre dernier, le titre de professeur émérite lors de la Collation des grades de la Faculté des arts.
Diplômé en architecture et en aménagement de l’Université de Montréal et docteur en urbanisme de l’Université Paris VIII, Marc Choko a commencé à enseigner à l’École de design en 1977, d’abord comme chargé de cours, puis comme professeur. Il a aussi été directeur de recherche à l’INRS-Urbanisation, Culture et Société, de 1985 à 2005, et a occupé le poste de vice-président du Comité de recherche logement et cadre bâti de l’Association internationale de sociologie, de 1988 à 1992. De plus, il a été professeur associé de l’Académie des sciences sociales de Wuhan, de 1994 à 1997, et de l’Académie des sciences sociales de Beijing, de 1994 à 2000.
Deux carrières
Le professeur émérite a eu deux carrières. À titre d’architecte-urbaniste, il s’est d’abord intéressé, dans les années 80, au développement et à l’habitat en milieu urbain. À cette époque, il mène des recherches sur des expériences montréalaises, comme les habitations Jeanne-Mance et la Cité Jardin. «Parce que je suis en faveur du logement social, j’ai défendu les habitations Jeanne-Mance et je les défends encore», dit Marc Choko. Sa seconde carrière débute quand il prend la direction du Centre de design de l’UQAM, en 1999. À partir de ce moment, il se consacre de plus en plus au design graphique.
Directeur du Centre jusqu’en 2008, le chercheur y a laissé sa marque en organisant une quinzaine d’expositions, portant principalement sur le design contemporain et l’affiche, et en établissant de nombreux liens avec l’étranger. Il a notamment collaboré pour que Montréal obtienne le statut «Ville UNESCO de design».
Marc Choko a été commissaire de nombreuses expositions, a publié plus d’une quinzaine d’ouvrages, de nombreux articles et des catalogues, dont plusieurs ont été traduits en anglais, en italien, en espagnol et en chinois, en plus de donner des centaines de conférences et d’entrevues dans les médias.
Certaines de ses publications, comme L’affiche au Québec (2001) et Le design au Québec (en collaboration, 2003) sont devenues des références. L’intérêt de ces ouvrages déborde le cadre strict du design et s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’histoire du Québec. «À travers l’évolution du design, on peut lire en filigrane celle de la société québécoise, notamment de sa modernité, qui n’est pas apparue soudainement avec la Révolution tranquille, rappelle le professeur, Dès les années 30 et 40, divers objets en design industriel et en design graphique témoignent de l’émergence d’un courant moderniste.»
Passionné d’affiches – il en collectionne depuis le milieu des années 60 –, Marc Choko a beaucoup documenté le travail des affichistes au Québec et au Canada, en plus d’organiser des expositions et de publier plusieurs livres sur leur travail. «L’affiche est l’art du pauvre, dit-il, mais c’est de l’art. Un art accessible à tous qui, en tapissant les murs de nos villes, fait partie du paysage urbain. C’est pourquoi je suis opposé à l’idée, défendue par certains, selon laquelle il faudrait nettoyer la ville en enlevant les affiches des palissades.»
Toujours actif, le professeur émérite travaille notamment à un ouvrage et à une exposition sur Alfred Halasa, affichiste et professeur à l’École de design. Il prépare aussi, en collaboration avec la Société des designers graphiques du Québec, dont il est membre honoraire, un concours d’affiches sur des thématiques sociales, qui serait ouvert aux étudiants en graphisme dans les cégeps et les universités, francophones et anglophones, du Québec. Prévu pour l’automne 2014, le concours sera suivi d’une exposition au Musée McCord.