Littérature, théâtre, danse, histoire de l’art, architecture, chanson, télévision, cinéma… rares sont les productions culturelles au Québec qui échappent à l’attention du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ). Célébrant cette année son dixième anniversaire, le CRILCQ, dont les membres proviennent de l’UQAM, de l’Université de Montréal et de l’Université Laval, constitue le plus grand regroupement de chercheurs en études québécoises. «Nous rassemblons 52 chercheurs, dont 17 de l’UQAM, et près de 400 étudiants et stagiaires postdoctoraux qui se consacrent tant à l’analyse formelle qu’à l’interprétation historique des pratiques et des corpus littéraires et artistiques québécois», note Daniel Chartier, professeur au Département d’études littéraires et responsable du centre à l’Université.
Malgré des modes d’organisation, des traditions et des objets de recherche différents dans chacune des universités participantes, la création du CRILCQ a permis d’abolir les frontières entre les trois établissements, soutient Daniel Chartier, qui est aussi directeur du Laboratoire international d’étude multidisciplinaire comparée des représentations du Nord. «À l’Université Laval et à l’Université de Montréal, les recherches portent plus spécifiquement sur la littérature, tandis que les travaux à l’UQAM ont davantage un caractère pluridisciplinaire. Nos chercheurs s’intéressent non seulement à l’histoire de la littérature au Québec, mais aussi à celle de l’art, de la danse, du cinéma et de la télévision.»
Les recherches effectuées au CRILCQ se déploient sur trois grands axes : l’histoire des pratiques et des discours culturels et artistiques du Québec; les interactions et échanges culturels; l’évolution formelle et esthétique des pratiques littéraires et artistiques, incluant les formes numériques et hypermédiatiques.
Des travaux de synthèse
Au cours des dix dernières années, le centre s’est distingué, entre autres, par ses grands travaux de synthèse, comme le Dictionnaire des œuvres littéraires au Québec, qui en est à son huitième tome, et le projet collectif portant sur toutes les composantes – matérielles, économiques et sociales – de la vie littéraire au Québec.
Le CRILCQ participe également à l’édification du patrimoine littéraire et artistique québécois par la constitution et la mise en valeur de larges corpus d’archives, de collections et d’œuvres. «Notre rôle consiste, notamment, à garder vivante une mémoire culturelle commune, dit le professeur. Mais certains de nos chercheurs portent leur regard sur des phénomènes culturels plus contemporains, liés à la culture populaire ou de grande consommation, ou s’intéressent aux œuvres de création qui ont fleuri pendant la crise sociale du printemps dernier, par exemple.»
Promouvoir la culture à l’étranger
Le centre de recherche a enfin pour mandat de faire connaître à l’étranger la vie littéraire et culturelle du Québec. «Depuis quelques années, l’intérêt pour les productions culturelles québécoises s’est accru en Europe, observe Daniel Chartier. L’Université Sorbonne nouvelle-Paris 3 vient de créer un centre d’études québécoises et un autre a été mis sur pied à Londres. Notre rôle est de les appuyer scientifiquement et de développer des échanges avec eux.»
Après deux colloques consacrés, ces derniers mois, à la télévision et à l’univers de la satire et de la caricature, le CRILCQ organisera deux autres événements l’automne prochain. D’abord, un colloque international, en octobre, pour célébrer les 50 ans de la revue Parti pris, puis un autre, en novembre, qui soulignera le centenaire du décès de l’auteur de Maria Chapdelaine, Louis Hémon
À la fin des années 90, des intellectuels ont exprimé une certaine inquiétude quant à l’avenir de la culture québécoise. «Moins présente aujourd’hui, cette inquiétude ne disparaîtra pas totalement, tant et aussi longtemps que la culture québécoise sera minoritaire en Amérique du Nord. C’est peut-être la crainte de disparaître qui, au fond, fait sa force», conclut le chercheur.