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Afghanistan : des combats à la formation

Caroline Leprince a observé sur le terrain le déroulement de la nouvelle mission de formation de l’armée canadienne en Afghanistan

Par Claude Gauvreau

2 avril 2013 à 0 h 04

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Depuis que l’armée canadienne a mis fin à ses opérations de combat, en juillet 2011, sa présence en Afghanistan ne suscite guère l’intérêt des médias. Caroline Leprince, elle, était dans la capitale, Kaboul, en décembre dernier, pour voir de près la façon dont les forces armées canadiennes s’acquittent de leur nouvelle mission de formation, dans le cadre de l’opération Attention.

«À l’invitation du ministère de la Défense nationale, je suis allée visiter les bases de l’armée canadienne, en compagnie de quatre autres chercheurs universitaires, explique la diplômée de la maîtrise en science politique, chercheuse en résidence à l’Observatoire de la Chaire Raoul-Dandurand sur les missions de paix et les opération humanitaires. Quelque 950 soldats canadiens sont actuellement déployés en Afghanistan avec pour mandat de contribuer à la formation des forces armées et policières locales afin qu’elles soient complètement autonomes et capables, d’ici 2014, d’assurer la sécurité du pays.»

Malgré la résistance des talibans dans certaines régions du sud du pays, près de la frontière avec le Pakistan, les forces de sécurité nationale afghanes, composées de 352 000 soldats et policiers, contrôleraient 87 % de l’ensemble du territoire, avec l’aide de l’OTAN. «La mission de combat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) de l’OTAN doit se terminer en 2014, observe Caroline Leprince. Les présidents Obama et Karzaï ont eu des discussions, récemment, concernant la possibilité de maintenir par la suite de 8 000 à 12 000 soldats sur le terrain, sous l’égide de l’OTAN, pour appuyer l’entraînement de l’armée afghane.»

Former des instructeurs

Le rôle de l’armée canadienne se limite présentement à donner une formation professionnelle aux instructeurs des forces de sécurité afghanes, notamment en matière de pilotage d’avions, de soutien logistique, de soins médicaux et de gestion de personnel. «Seuls ces instructeurs peuvent enseigner aux recrues des forces armées et policières», remarque la chercheuse.

Les militaires canadiens demeurent à l’intérieur de leurs campements et ont peu de contacts avec les soldats afghans et la population civile en général. Pour atténuer l’impression de dépaysement, la base américaine Phoenix, où se trouve le quartier général des forces canadiennes, abrite un Green Bean Coffee, un Burger King et un Pizza Hut à côté des échoppes vendant des produits afghans. «Le moral des troupes est bon et les conditions de sécurité sont adéquates, note Caroline Leprince. Plusieurs soldats canadiens ont toutefois le sentiment que leur travail est peu valorisé et reconnu, moins qu’à l’époque où ils étaient en mission de combat.»

En mars 2014, le Canada est censé mettre fin à sa mission de formation, dont les coûts s’élèvent à un demi-milliard de dollars, et retirer ses troupes. «Outre le poids financier que représente la mission, le gouvernement fédéral est sensible à l’opinion publique canadienne, peu favorable à une présence prolongée de l’armée», souligne la chercheuse. N’oublions pas que plus de 160 Canadiens sont décédés depuis le début des opérations militaires, en 2002. C’est l’un des conflits où le Canada a enregistré le plus de pertes de vies humaines depuis la Seconde guerre mondiale.