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Une expo signée École de la montagne rouge

Par Claude Gauvreau

26 novembre 2012 à 0 h 11

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Présents aux grandes manifestations étudiantes du printemps dernier, ils étaient facilement reconnaissables avec leurs salopettes rouges. On se souvient aussi d’eux pour leurs affiches colorées ou pour leur immense cube de toile rouge que les manifestants faisaient valser au-dessus de leurs têtes. Les étudiants membres du collectif École de la Montagne rouge ont donné, avec d’autres groupes, une signature visuelle au mouvement de protestation contre la hausse des droits de scolarité.


Après la galerie FOFA de l’Université Concordia et le centre Interference Archive de Brooklyn (New York), c’est au tour du Centre de design de l’UQAM d’accueillir ces jeunes créateurs en présentant l’exposition Création en temps de crise sociale, dont le commissaire est Frédéric Metz, designer et professeur associé à l’École de design. Se déroulant depuis le 22 novembre jusqu’au 9 décembre prochain, cette exposition présente une vue d’ensemble du travail de l’École de la montagne rouge : une œuvre foisonnante, réalisée en à peine six mois – de février à septembre 2012 –, composée notamment d’affiches, de photos, de vidéos et d’éléments de scénographie.


«C’est le Centre de design qui nous a proposé l’idée d’une exposition, puis Frédéric Metz nous a aidés à faire un tri dans tout ce que nous avions produit durant la grève, raconte Guillaume Lépine, finissant du baccalauréat en design graphique et l’un des fondateurs du collectif. En présentant nos dessins et nos esquisses d’affiches, nos outils et notre matériel de travail, l’exposition permet aussi de comprendre notre processus de création.»


Une démarche intuitive


Formée à l’origine d’une dizaine d’étudiants, inscrits pour la plupart en design graphique, l’École de la montagne rouge est née le 13 février dernier, au lendemain d’une assemblée générale où les étudiants de la Faculté des arts avaient voté en faveur de la grève. Le collectif déniche ensuite un local à l’École de design qui devient rapidement un atelier de création et un lieu de réflexions et de débats. Comme d’autres mouvements populaires avant lui, le groupe fait usage de la sérigraphie, une technique qui permet d’imprimer rapidement et à peu de frais. Des milliers d’affiches sont distribuées dans les manifestations et autres lieux publics. «Notre démarche était souvent intuitive et spontanée, souligne Guillaume Lépine. Des dizaines d’étudiants en arts, mais aussi en histoire, en socio, en urbanisme ou en communication, fréquentaient quotidiennement notre local et nous proposaient des idées de slogans, d’images et de symboles. Constamment habités par un sentiment d’urgence, nous nous sommes laissés imprégner par l’énergie créatrice du mouvement.»


Le Black Mountain College


Les étudiants ont choisi le nom École de la montagne rouge en s’inspirant de l’exemple du Black Mountain College, une université américaine expérimentale créée en 1933, en Caroline du Nord, fréquentée par des artistes célèbres tels que John Cage, Merce Cunningham et Willem de Kooning. «L’enseignement du Black Mountain College était multidisciplinaire et les professeurs ne prétendaient pas détenir le monopole du savoir, note le jeune designer. Dans notre travail, nous avons tenté de recréer l’esprit qui l’animait, celui d’une communauté de création.»


En septembre dernier, l’École de la montagne rouge a mis un terme à ses activités. «La décision a suscité beaucoup de discussions et a été difficile à prendre, reconnaît Guillaume Lépine. L’École étant née de la grève, il était logique qu’elle se retire au moment où celle-ci prenait fin.» Cela dit, l’étudiant en design graphique est fier de ce qui a été accompli. «Nous avons tous le sentiment d’avoir fait partie d’un mouvement qui était plus grand que chacun d’entre nous. Le fait que les étudiants se soient mobilisés aussi massivement et aient tenu le coup aussi longtemps constitue une victoire, d’où notre slogan Mouvement historique. Victoire historique


Aujourd’hui, Guillaume Lépine est heureux d’être retourné en classe et nourrit plusieurs projets. «Les derniers mois ont été épuisants, mais j’ai appris le sens du mot solidarité. Beaucoup de questions ont surgi dans ma tête : quel est le rôle des designers graphiques dans la société… à quoi servent les créateurs d’images?»