Quand il a été élu président des États-Unis, en 2008, le démocrate Barack Obama avait suscité beaucoup d’espoir en promettant de changer le visage de l’Amérique. Aujourd’hui, à huit mois des présidentielles de novembre, sa cote de popularité n’est plus que de 45 %. Quelles sont les chances des républicains de le vaincre? Quels seront les grands enjeux des élections? Qui parviendra à rallier les nombreux indécis?
Ces questions et bien d’autres seront au centre des discussions lors du colloque Élections américaines 2012 : en route vers le duel de novembre, qui se tiendra le 22 mars au Palais des Congrès, à Montréal. L’événement est organisé par l’Observatoire des États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, en collaboration avec le ministère des Relations internationales du Québec et le Consulat des États-Unis à Montréal.
Directrice de recherche à la Chaire Raoul-Dandurand et professeure associée au Département de géographie, Élisabeth Vallet constate que les présidentielles de 2012 se déroulent dans un contexte fort différent de celles de 2008. «Il y a quatre ans, l’élection mettait aux prises deux nouveaux candidats, Barack Obama et John McCain. Aujourd’hui, aucun démocrate ne conteste le leadership d’Obama, qui sollicite un deuxième mandat, tandis qu’aucun candidat charismatique, du côté républicain, n’est parvenu à se détacher jusqu’à maintenant», souligne celle qui est coauteure, avec sa collègue Karine Prémont, du Petit guide des élections présidentielles américaines 2012 (Septentrion).
Des républicains divisés
Depuis le début des primaires, les républicains sont à la recherche d’un leader et d’une identité. Divisé, le Grand Old Party est traversé par différents courants idéologiques : les conservateurs traditionnels, dont les préoccupations sont surtout économiques, la droite religieuse et morale, représentée notamment par le candidat Rick Santorum, la droite libertarienne, incarnée par les ultraconservateurs du Tea Party, et les néoconservateurs, partisans d’une politique étrangère musclée.
«La bataille des primaires ne sert pas seulement à désigner le candidat républicain à l’élection présidentielle, mais aussi à déterminer quelle faction contrôlera le parti et imposera son discours, observe Élisabeth Vallet. Jusqu’à présent, les différents candidats ont tenu un discours radical visant à séduire la base militante du parti. Mais plus la date de la Convention nationale approchera, plus le discours sera modéré. L’establishment du parti, dominé par les conservateurs traditionnels, privilégiera un candidat comme Mitt Romney, plus susceptible de convaincre une partie des indécis, des femmes et des minorités ethniques. Romney est aussi le seul qui possède l’argent et la machine électorale lui permettant d’être présent dans les 50 États.»
Les conventions nationales des deux partis, prévues pour la fin de l’été, devront aussi désigner le candidat à la vice-présidence. «C’est une décision très importante, dit la chercheuse, car le colistier est choisi pour sa capacité à rallier des électeurs que le candidat à la présidence ne séduit pas aisément.»
Convaincre les indépendants
Selon la plupart des observateurs, l’économie, la santé et les questions d’immigration et de sécurité constituent les principaux enjeux des présidentielles. «L’état de l’économie occupera beaucoup de temps er d’espace dans le discours des candidats présidentiels et dans le médias, souligne Élisabeth Vallet. Sur ce terrain, les candidats à l’investiture républicaine défendent des positions assez semblables : réduction de la taille de l’État, baisse d’impôt pour les particuliers et les entreprises, compressions dans les services sociaux. Obama, pour sa part, propose un plan de relance de l’emploi et des compressions dans le secteur public.»
Les Américains ne sont pas plus polarisés, ni plus conservateurs, qu’ils ne l’étaient en 2008, affirme la professeure. «La grande nouveauté, dit-elle, c’est qu’il n’y a jamais eu autant d’électeurs indépendants, qui ne s’identifient à aucun des deux partis.» La plupart des sondages, en effet, établissent la proportion de ces indécis à plus de 40 %. «Reste à voir quel parti réussira à les séduire au dernier moment», note Élisabeth Vallet.
Actuellement, les choses vont plutôt bien pour Obama, poursuit la chercheuse. «Le président souhaite que Rick Santorum et Newt Gingrich demeurent dans la course à l’investiture républicaine le plus longtemps possible, car les démocrates pourront utiliser leur discours radical comme un épouvantail.» En outre, malgré un taux de chômage de 8,3 % et une dette colossale, l’économie va un peu mieux depuis quelques mois et l’emploi connaît même une légère reprise. «Si les Américains perçoivent que la situation économique s’améliore, cela jouera en faveur d’Obama.»
Les experts ébauchent différents scénarios mais hésitent à se prononcer sur les résultats des présidentielles. «Il reste encore huit mois d’ici les élections générales de novembre, remarque Élisabeth Vallet, et huit mois c’est une éternité.»
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Écoles d’été en science politique et droit
La Faculté de science politique et de droit organise cette année une première École d’été sur les négociations commerciales, qui s’ajoute à celles sur les missions de paix des Nations Unies, sur les opérations humanitaires et sur la consolidation de la paix. Organisées en collaboration avec le Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CÉIM) et la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, ces écoles sont ouvertes aux étudiants des cycles supérieurs de toutes les universités canadiennes, à des professionnels d’ici et d’ailleurs et, pour certains séminaires, aux étudiants de troisième année de baccalauréat de l’UQAM.
Proposant des colloques, des journées thématiques, des séminaires et des exercices, chaque école reçoit des spécialistes désireux de partager leur expertise. La période d’inscription pour les étudiants déjà admis dans un programme se termine le 31 mars, tandis que les professionnels et autres étudiants libres peuvent s’inscrire jusqu’à trois semaines avant le début de chaque séminaire.
L’École sur les missions de paix des Nations Unies (30 avril au 11 mai), vise à analyser leur origine, leur évolution et leur complexité actuelle (coordination de multiples interventions). Les participants pourront élaborer des mandats d’intervention, dans le cadre de crises fictives, intégrant les intérêts et les objectifs opérationnels de l’ensemble des intervenants d’une mission de paix.
Une autre école portant sur les opérations humanitaires (22 mai au 1er juin) cherchera à cerner les interactions entre les différents acteurs de l’aide humanitaire et à analyser l’environnement dans lequel se déroulent les opérations des Nations Unies, des différents États et des autres acteurs internationaux, gouvernementaux ou non gouvernementaux.
Les origines des débats en matière de consolidation de la paix et le concept des 5 «R» – Réinsertion, Réintégration, Réconciliation, Reconstruction et Réforme – seront au centre des séminaires de l’École sur la consolidation de la paix (11 au 17 juin). On y traitera notamment d’expériences pertinentes (Commissions vérité et réconciliation) et du rôle joué par les Nations Unies, le Canada et par d’autres pays dans les processus de consolidation de la paix.
Présidée par Bernard Landry, ancien premier ministre du Québec et professeur au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale, l’École sur les négociations commerciales (16 au 25 août) permettra de mieux saisir les grandes tendances de l’économie mondiale, les enjeux des négociations commerciales et les règles du système commercial. Les activités seront organisées conjointement avec l’École nationale d’administration publique (ÉNAP).