De l’éradication de la variole aux nanotechnologies, en passant par le statut de l’expert scientifique dans la société et l’interprétation des modèles climatologiques, le quatrième Congrès de la Société de philosophie des sciences, qui se tiendra à l’UQAM du 1er au 3 juin prochains, propose une grande richesse de sujets. Sous le thème Science, philosophie, société, cette rencontre organisée conjointement par la Société de philosophie des sciences et le Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST) promet d’intéresser non seulement les philosophes, mais également les chercheurs et étudiants en histoire et en sociologie des sciences.
Il constitue une occasion unique pour les étudiants au doctorat de participer à un événement majoritairement en français dans ce domaine, mentionne Mathieu Marion, professeur au Département de philosophie et coresponsable local du congrès avec son collègue de l’Université de Montréal Frédéric Bouchard. «Des penseurs français comme Henri Poincaré, qui était aussi un célèbre mathématicien et physicien, ont beaucoup contribué à la philosophie des sciences au 19e siècle, explique-t-il. Mais cette discipline a été délaissée par la suite en France et, au 20e siècle, elle s’est surtout développée dans les pays anglo-saxons. Ce n’est que récemment qu’on a recommencé à s’y intéresser dans le monde francophone.»
Créée en France en 2002, la Société de philosophie des sciences est depuis le début animée d’un désir de s’internationaliser, d’où l’intérêt de tenir ce premier congrès à l’extérieur de l’Europe (les trois premiers ont eu lieu en France et en Suisse). Quelque 75 conférenciers sont attendus.
La conférence d’ouverture sera prononcée par le professeur James R. Brown, de l’Université de Toronto. «À partir de l’exemple de l’éradication de la variole, on s’interrogera sur les choix de société qui sont faits dans un contexte de science incertaine, note Frédéric Bouchard. Cela nous amènera à parler de science, de philosophie politique et de santé publique.»
Une autre conférence permettra de réfléchir à la façon dont les enjeux entourant la transformation de l’être humain grâce aux technologies ont été présentés au public par divers experts scientifiques et à la part que les philosophes des sciences devraient prendre dans cet important débat.
Les présentations et discussions du colloque aborderont autant des questions générales touchant l’interface entre science et société que des sujets traitant plus spécifiquement d’enjeux propres aux différentes disciplines scientifiques, que ce soit la biologie, la médecine, la physique ou même les sciences sociales.
La conférence de clôture bouclera la boucle en s’intéressant au problème de crédibilité des experts scientifiques dans des dossiers d’intérêt public et hautement politiques comme celui des changements climatiques.