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Les TIC au service de l’écriture

L’ordinateur contribue à faciliter le processus d’écriture chez les élèves du primaire.

Par Claude Gauvreau

2 avril 2012 à 0 h 04

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) favorisent-elles l’apprentissage de l’écriture au primaire? Quels sont leurs avantages et leurs limites? Ces questions sont au centre des recherches de Simon Collin, professeur au Département de didactique des langues. Celui-ci mène, depuis 2008, une étude longitudinale auprès d’élèves de l’école primaire Perce-Neige de la Commission scolaire Marie-Victorin, sur la rive sud, dont trois classes sont équipées d’un ordinateur portable par élève. L’objectif? Comprendre comment les TIC contribuent à renforcer la compétence et la motivation des élèves en écriture.

Embauché à l’UQAM en décembre 2010, ce jeune chercheur, membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE) et spécialiste de la didactique du français langue seconde, a fait ses études de doctorat à l’Université de Montréal. Pour sa thèse, qui portait sur l’interaction en ligne comme outil de soutien aux enseignants stagiaires, Simon Collin a remporté trois prix, dont la Médaille académique du Gouverneur général.

Français d’origine, le professeur dit se plaire à l’UQAM. «J’ai été frappé par le sentiment d’appartenance qui règne ici, dit-il. Les rapports sont très soudés, tant entre les professeurs et les autres membres du personnel, qu’entre les professeurs et les étudiants.»

Moins de fautes d’orthographe

Située en milieu défavorisé, l’école Perce-Neige se compose d’une majorité d’enfants immigrants, dont la langue maternelle n’est pas le français. L’établissement accueille également des élèves en difficulté d’apprentissage et d’adaptation. Pour les fins de sa recherche, Simon Collin a fait une analyse comparative de textes écrits par les élèves sur ordinateur et sur papier, puis a réalisé des entrevues avec des enseignants pour connaître leur perception de la contribution de l’ordinateur à l’apprentissage de l’écriture.

«Les fautes d’orthographe sont beaucoup moins nombreuses dans les textes écrits sur ordinateur, relève le professeur, grâce notamment au correcteur automatique. Par contre, les fautes dans la construction syntaxique sont plus fréquentes.» La recherche montre aussi que la motivation des enfants à écrire à l’ordinateur est plus grande et se maintient dans le temps. «La motivation est liée aux possibilités d’apprentissage offertes par la technologie et à son aspect ludique», note Simon Collin. Les enseignants, pour leur part, observent un développement de la compétence à écrire des élèves, notamment en ce qui concerne la diversification du vocabulaire. Ils reconnaissent toutefois que l’intégration des TIC exige la mise en place de stratégies spécifiques de gestion de classe.

«Les TIC permettent une plus grande flexibilité que l’écriture sur papier et intègrent des fonctions de planification, de rédaction et de révision variées et moins cloisonnées, souligne le chercheur. Elles offrent enfin une variété de ressources – dictionnaires, grammaires et conjugueurs en ligne – plus faciles et plus rapides à utiliser que les ouvrages de référence traditionnels.» Cela dit, l’apport des TIC, comme tout outil pédagogique, comporte des limites. «Les correcteurs automatiques, par exemple, ne sont pas toujours fiables et les élèves ne savent pas toujours les utiliser à bon escient. Les enseignants doivent aussi aider les enfants à chercher de l’information pertinente sur Internet.»

Le prochain volet de la recherche portera sur l’écriture collaborative à l’ordinateur. «On peut, par exemple, jumeler un élève fort avec un autre plus faible, note Simon Collin. Certains logiciels permettent l’écriture, à plusieurs, d’un même document, à partir d’ordinateurs différents. Chaque élève voit en simultané les suggestions ou modifications apportées par ses camarades.»

Contrer le décrochage des enseignants

Le didacticien mène plusieurs recherches de front. Il s’intéresse notamment au phénomène du décrochage des jeunes enseignants dans les écoles primaires et secondaires. Ballottés d’une école à l’autre, aux prises avec la précarité et l’isolement, ces derniers sont nombreux – 20 % environ – à abandonner la profession en début de carrière, soit au cours des cinq premières années. «Ils ont souvent une vision idéalisée des élèves et héritent des classes les plus difficiles et des matières les plus arides, dit Simon Collin. De plus, ils ne peuvent pas toujours compter sur un système de monitorat pour les soutenir et se retrouvent donc livrés à eux-mêmes. Cette réalité est radicalement différente de celle qu’ils ont vécue pendant leurs stages de formation, alors qu’ils étaient étroitement encadrés par des enseignants en exercice.»

Le chercheur plaide pour une meilleure adaptation de la formation initiale des enseignants à la réalité du milieu scolaire. «D’où l’importance d’une plus grande collaboration entre les universités et les commissions scolaires pour faciliter l’insertion professionnelle.»