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Créateur d’équations

Portrait de Nantel Bergeron, diplômé de la Faculté des sciences et lauréat du prix Reconnaissance 2012.

Par Marie-Claude Bourdon

30 avril 2012 à 0 h 04

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Le 10 mai prochain aura lieu le Gala Reconnaissance 2012 de l’UQAM au Belvédère du Centre des sciences de Montréal, sous la présidence d’honneur d’Isabelle Hudon, présidente de la Financière Sun Life, Québec, et présidente du conseil d’administration de l’UQAM. Sept diplômés des six facultés de l’Université et de son École des sciences de la gestion recevront à cette occasion un prix Reconnaissance, soulignant leur réussite professionnelle et leur contribution au développement de leur secteur d’activité, de l’UQAM et de la société en général.

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On a tendance à opposer esprit mathématique et esprit créatif. Pourtant, «c’est le côté artistique de la chose» qui a d’abord attiré Nantel Bergeron (M.Sc. mathématiques, 87) vers les mathématiques. D’ailleurs, la plus grande qualité d’un bon mathématicien, selon lui, c’est une imagination débordante, car les mathématiques permettent d’inventer de nouvelles façons de voir le monde. «Les mathématiques sont un langage, dit-il. Un peu comme un musicien, le mathématicien travaille à l’intérieur d’un système très rigide, mais ses possibilités de création sont infinies.»

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en structures algébriques combinatoires et professeur au Département de mathématiques et statistiques de l’Université York, à Toronto, Nantel Bergeron a les maths dans le sang. Et ce n’est pas une figure de style. Son frère et sa sœur, François et Anne Bergeron, respectivement professeurs aux Départements de mathématiques et d’informatique de l’UQAM, sont aussi des mathématiciens chevronnés!

Au départ, ce crack des maths ne se destinait pas aux mathématiques, mais à la chimie. «Je voulais comprendre le monde, dit-il, et la chimie m’apparaissait comme le meilleur moyen d’en percer les secrets». Il se détourne cependant très tôt de cette science, «qui se limite à comprendre comment les éléments se combinent pour former la matière», pour s’intéresser plutôt à la physique. Sauf que le baccalauréat en physique et ses expériences de laboratoire, très peu pour lui. Ce qui l’intéresse, c’est la théorie. Les grandes lois de l’univers. Et pour mieux les appréhender, il faut d’abord faire des mathématiques. C’est ainsi qu’il complète ses études de premier et de deuxième cycles en mathématiques à l’UQAM. «Je prévoyais faire mon doctorat en physique, raconte-t-il. C’est un professeur américain qui m’a convaincu de faire un doctorat en mathématiques avec lui.»

En fait, il n’a pas été difficile à convaincre. Car, de plus en plus, c’est à travers les mathématiques et le cadre formel qu’elles lui offrent que l’étudiant poursuit sa quête de compréhension du monde. Admis à l’Université de Californie à San Diego, Nantel Bergeron complète ensuite des études post-doctorales aux prestigieuses universités de Princeton et de Harvard, avant d’être recruté par l’Université York. «J’essaie toujours de faire des liens entre mon travail et d’autres domaines des mathématiques ou de la science, note-t-il. Par exemple, les structures algébriques que j’invente peuvent permettre à un physicien de mieux comprendre les interactions entre des particules élémentaires.»

Auteur de plus de 75 publications scientifiques et organisateur de plus de 20 conférences internationales depuis 1997, Nantel Bergeron collabore avec de nombreux mathématiciens à travers le monde, y compris avec son frère. «Parfois même sans le vouloir, raconte-t-il en riant. À un moment, je travaillais sur une très jolie structure algébrique avec un étudiant de New York et je la trouvais si intéressante que je ne pouvais croire que personne n’en avait eu l’idée auparavant. Je me suis donc mis à faire des appels dans différentes universités pour finir par me faire dire que François Bergeron travaillait exactement sur la même structure!»