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Un modèle pour sa communauté

Portrait de Maryse Alcindor, diplômée de la Faculté des sciences humaines et lauréate du Prix Reconnaissance 2011.

Par Marie-Claude Bourdon

2 mai 2011 à 0 h 05

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Le 12 mai prochain aura lieu le Gala Reconnaissance 2011 de l’UQAM au Belvédère du Centre des sciences de Montréal, sous la présidence d’honneur de Jean Laurin (B.Sp. administration, 1974), président et chef de la direction de Devencore NKF. Sept diplômées des six facultés de l’Université et de son École des sciences de la gestion recevront à cette occasion un prix Reconnaissance, soulignant leur réussite professionnelle et leur contribution au développement de leur secteur d’activité, de l’Université et de la société en général.

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Arrivée au Québec à l’âge de 15 ans, Maryse Alcindor (B.Sp. histoire, 1973; M.A. histoire, 1978) a d’abord été enseignante au secondaire, avant de se réorienter en droit, ce qui l’a menée à une fructueuse carrière dans la fonction publique québécoise, notamment au ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. En 2005, elle est de venue la première femme noire à occuper un poste de sous-ministre.

Ce parcours sans faute, elle le doit en grande partie à ses nombreuses années passées sur les bancs de l’université. «Dans ma famille, l’éducation au sens large a toujours été quelque chose de déterminant, confie-t-elle. Mon père, tous mes frères et sœurs, mon mari et ma fille sont passés par l’enseignement!» Après un brevet en enseignement, Maryse Alcindor choisit d’étudier l’histoire à l’UQAM. «J’ai toujours eu l’impression que pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient», dit la diplômée, qui a consacré son mémoire de maîtrise à l’histoire de son pays natal, Haïti, «première république noire fondée par le premier groupe d’esclaves à avoir conquis sa liberté», rappelle-t-elle.

Son goût pour les études la ramène bientôt à l’université. Après des études en droit à l’Université de Montréal et quelques années en pratique privée, Maryse Alcindor se retrouve à la Commission des droits de la personne du Québec. Elle fait partie, en 1987, du comité police minorités institué par la Commission, puis elle devient directrice de l’éducation et de la coopération de l’organisme. C’est dans ce cadre qu’elle établit, en 1993, un partenariat entre la Commission et l’Institut des droits de l’Homme de Strasbourg pour l’organisation d’une université d’été portant sur l’éducation aux droits. «L’université s’adressait entre autres à des enseignants de l’Afrique francophone et de l’Europe de l’Est, dit-elle. Notre but était de susciter l’adhésion aux principes de la Charte des droits afin que chaque individu se les approprie et devienne un agent multiplicateur dans sa communauté.»

Par la suite, elle contribuera à la formation de femmes para-juristes en Afrique, «des femmes qui sont des leaders naturelles dans leur milieu, qui œuvrent dans l’enseignement, dans des centres de santé ou des associations syndicales et qui peuvent informer d’autres femmes sur leurs droits, que ce soit en matière de polygamie ou d’héritage».

Toujours préoccupée par le sort de son pays d’origine, elle s’implique à la même époque dans la mise sur pied de la Commission nationale Vérité et Justice d’Haïti, dont elle rédigera le rapport.

Aujourd’hui retraitée de la fonction publique, Maryse Alcindor ne s’est pas retirée de la vie active. Elle est membre du conseil d’administration de divers organismes, dont la Fondation Paul-Gérin-Lajoie et la Fondation Kanpé, qui combat la pauvreté en Haïti. «Je demeure optimiste pour l’avenir d’Haïti, affirme-t-elle. Malgré ses tentations pour les grandes épopées qui le détournent trop souvent des efforts nécessaires à la reconstruction, c’est un pays de jeunes animé d’une grande aspiration démocratique et qui porte en lui tous les germes de l’espoir.»