Internet a grandement facilitél’accès à la recherche universitaire, particulièrement pour les étudiants des pays en voie de développement qui, grâce à un nombre grandissant de portails de contenu scientifique, obtiennent facilement des articles de revues en accès libre dans leur version intégrale. Le Web a aussi vu se développer un grand nombre de cours offerts sur des plateformes d’apprentissage en ligne.
C’est avec cette idée en tête que la directrice de la Bibliothèque des sciences de l’éducation, Anne Bourgeois, a visité, portable en main, le Centre de documentation de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) à Ouagadougou, au Burkina Faso, dans le cadre d’une mission effectuée en octobre 2010.
«Le 2iE dispose de peu d’infrastructures (classes, matériel didactique, informatique…) et, pour compenser, a développé une expertise en formation à distance qui lui permet de rejoindre des étudiants des quatre coins du continent africain, explique-t elle. Les cours sont mis en ligne grâce au portail Moodle.»
Moodle est une plateforme d’apprentissage en ligne utilisée par plusieurs établissements d’enseignement, dont l’UQAM. Les professeurs peuvent déposer sur la plateforme plusieurs documents comme des plans de cours, des notes de cours et des tests préparatoires, à l’intention de leurs étudiants.
Recherche documentaire
«Le 2iE était intéressé à adapter le cours Maîtriser ses habiletés derecherche documentaire et derédaction aux besoins de ses étudiants», raconte Anne Bourgeois. Ce cours, qui est présenté sous forme de tests interactifs et de 13 activités, permet aux utilisateurs des bibliothèques de l’UQAM de se familiariser avec l’abc de la recherche et de la rédaction : comment citer ses sources, comment distinguer les différents types de revues, comment trouver des documents dans une bibliothèque, comment faire des recherches sur Google ou dans une base de données spécialisée, etc. Le cours, qui existe depuis 2009 dans sa version électronique, a été développé par le Service des bibliothèques et la Bibliothèque des sciences de l’éducation, en étroite collaboration avec le Service de l’informatique et des télécommunications (SITEL).
Selon l’instigatrice du projet, c’est la première fois qu’un service documentaire de l’Université collabore avec un service d’une autre institution dans le cadre d’un projet de coopération internationale universitaire. «Les projets habituels impliquent davantage les facultés, comme la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, par exemple, qui a contribué à plusieurs projets au Burkina Faso», remarque Anne Bourgeois.
Bien que les étudiants aient recours aux mêmes méthodes pour effectuer leurs recherches, il a fallu revoir le contenu du cours et l’adapter à la réalité des futurs ingénieurs du 2iE. «Par exemple, un des ateliers expliquait comment trouver un livre grâce au système de classification de la Library of Congress, mais ce système n’existe pas là-bas. Il y a très peu de livres sur place et ces derniers se retrouvent derrière un comptoir de prêt selon une classification maison», explique Anne Bourgeois, qui a travaillé sur ce projet en collaboration avec Léa Ouattara, chef du Service ingénierie, documentation et TIC, et de Francis Sampore, directeur de la formation continue et à distance du 2iE. «Nous nous sommes plutôt concentrés sur la recherche dans Internet, sur la question du plagiat et du choix des sources, puisque que la majorité des étudiants africains utilisent le Web pour faire leurs recherches.»
Les étudiants ont aussi recours à des bases de données scientifiques (SIRUS, SCOPUS, etc.) qu’ils peuvent consulter gratuitement grâce à un programme de l’ONU pour l’environnement auquel le Burkina Faso est éligible. «Ils ignoraient qu’au Canada, nous payons très cher pour un tel service!, s’amuse gentiment Anne Bourgeois. Les étudiants utilisent aussi les portails qui offrent des articles de revues en accès libre. Avec peu de moyens, ils font beaucoup», remarque-t-elle.
Une expérience positive
C’est en septembre prochain que le cours sera mis en ligne dans la plateforme Moodle du 2iE. Il inclura des tests interactifs selon trois niveaux (débutant, intermédiaire et avancé) et du matériel pédagogique (quizz, diaporamas, etc.). Anne Bourgeois, qui alloue environ deux jours par mois au projet, se dit très satisfaite. «Le rythme est certes différent, mais, règle générale, tout se passe très bien. J’ai dû m’adapter à la façon de faire de mes collaborateurs et démontrer beaucoup de souplesse pour pouvoir travailler d’une manière aussi détendue et joyeuse qu’eux, tout en respectant les objectifs et les échéances», conclut-elle.