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L’UQAM décerne un doctorat honorifique à Alain Desrosières dans le cadre du 25e anniversaire du CIRST

9 décembre 2011 à 10 h 12

Mis à jour le 7 juin 2022 à 12 h 21

Photo : Denis Bernier.” rel=”shadowbox”>Pierre Doray, Claude Corbo, Alain Desrosières et Robert Proulx.Sur recommandation de sa Faculté des sciences humaines, l’UQAM a décerné hier un doctorat honoris causa à Alain Desrosières, reconnaissant sa contribution exceptionnelle à l’histoire et à la sociologie des statistiques, champ nouveau et emblématique du croisement fécond entre science, technologie et société. Cet honneur lui a été attribué dans le cadre du 25e anniversaire du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST), principal regroupement interdisciplinaire de chercheurs au Canada dont les travaux sont consacrés à l’étude des multiples dimensions de l’activité scientifique et technologique.

Né à Lyon en 1940 et diplômé à la fois de l’École polytechnique et de l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (ENSEA), Alain Desrosières est statisticien, chercheur et administrateur à l’Institut national de statistiques et des études économiques (INSEE) de France. Initié à la sociologie au cours de sa formation à l’ENSEA, il a alors été fortement influencé par Pierre Bourdieu, jeune sociologue inconnu à l’époque, qui sera parmi les premiers à proposer une réflexion sur les outils statistiques, notamment les classifications.

Rattaché à l’unité de recherche de l’INSEE en 1975, Alain Desrosières entame des travaux sur les nomenclatures des professions et catégories socioprofessionnelles qui aboutiront à une refonte du système français de catégorisation des professions. S’appuyant sur cette expérience, il propose en 1988,  en collaboration avec Laurent Thévenot, une analyse qui,  dans Les catégories socioprofessionnelles, conçoit les statistiques non pas comme un pur reflet de la réalité ou une pure construction logique, mais plutôt comme le résultat de négociations conduisant à la création de diverses conventions.

En 1993, Alain Desrosières publie son oeuvre maîtresse, La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, qui retrace l’évolution de la statistique en tant que discipline scientifique et activité de l’État, du XVIIIe siècle à nos jours, en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Traduite en plusieurs langues, cette vaste synthèse sans équivalent constitue une référence prisée aussi bien des historiens des sciences, des sociologues, que des politologues et de bien des statisticiens eux-mêmes.

En 2008, le chercheur publie Pour une sociologie historique de la quantification et Gouverner par les nombres, recueils majeurs de la sociologie de la quantification. Pour Alain Desrosières, quantifier suppose toujours de construire des conventions d’équivalence entre des objets, des hommes, etc., que l’on va placer dans les mêmes catégories avant de pouvoir les mesurer. Quantifier, c’est donc plus qu’enregistrer le monde, c’est le produire et le construire, c’est agir sur lui.

Intellectuel aux connaissances encyclopédiques et excellent vulgarisateur scientifique,  Alain Desrosières a publié plus d’une centaine de contributions – livres, articles et chapitres de livres – au cours de sa carrière. Sa double trajectoire de chercheur et d’administrateur public lui a permis de faire advenir un objet hybride, la sociologie des statistiques.