«Le caractère interdisciplinaire des activités de formation et de recherche et leur ancrage dans le milieu sont des marques distinctives de la Faculté des sciences humaines», souligne sa doyenne, Anne Rochette. Celle-ci constate que de plus en plus de chercheurs de différents départements multiplient les collaborations au sein de la faculté, ainsi qu’avec des collègues d’autres facultés à l’UQAM et à l’extérieur.
Les organismes subventionnaires incitent les chercheurs à travailler en équipe autour d’objets d’étude dont la complexité nécessite les contributions de diverses disciplines, note pour sa part Danielle Julien, vice-doyenne à la recherche. «Notre Institut des sciences cognitives, par exemple, réunit des chercheurs en linguistique, en philosophie, en psychologie, en informatique. Même les sciences naturelles ont recours à l’expertise de nos chercheurs, comme Louise Vandelac (sociologie) et Michèle Garneau (géographie), très actives à l’Institut des sciences de l’environnement.»
Le même phénomène s’observe dans le domaine de la formation. «Il y aura toujours des programmes d’études disciplinaires, tels ceux en histoire, en sociologie ou en philosophie, mais la demande sociale est forte pour que l’on offre davantage de programmes multidisciplinaires et spécialisés en vue de répondre aux besoins particuliers du milieu», indique Anne Rochette. C’est pourquoi la faculté a créé récemment des programmes de doctorat et de maîtrise en sciences, technologies et société, ainsi qu’un Diplôme d’études supérieures spécialisées en gestion des risques majeurs.
Quatre nouveaux doctorats
L’UQAM sera bientôt la première université en Amérique du Nord à offrir un programme de doctorat en sexologie et la première au Québec à proposer un doctorat interdisciplinaire en santé et société, sans compter que deux autres projets de doctorat en travail social et en géographie sont en chantier.
«Nous souhaitons développer de plus en plus de programmes avec d’autres facultés», dit la vice-doyenne aux études Josée Lafond. Cela permettra de compléter les formations disciplinaires traditionnelles et de mieux préparer les étudiants à affronter la réalité du marché du travail.» Certains chercheurs en géographie travaillent déjà avec des collègues en sciences de la Terre et en études urbaines, tandis que les perspectives de collaboration sont prometteuses dans le domaine des études internationales, où la faculté possède une masse critique de chercheurs.
La faculté entend également accroître les ententes et les échanges avec des universités étrangères. «Les étudiants d’autres pays sont susceptibles d’être attirés par certains de nos programmes qui n’existent pas ailleurs, tel le doctorat en sciences, technologies et société», observe Josée Lafond.
Priorité aux nouveaux chercheurs
Au chapitre de la recherche, la priorité de la faculté est l’accompagnement de ses nouveaux chercheurs, dont le nombre s’est accru et est appelé à augmenter, souligne Danielle Julien. «Les cinq premières années sont souvent déterminantes dans la carrière d’un jeune chercheur, dit-elle. Ils doivent rapidement faire leurs preuves dans un contexte de grande compétition. D’où l’importance de bien encadrer leur cheminement.»
Déjà reconnue pour la quantité et la qualité de ses liens avec les groupes sociaux, les milieux professionnels et les organismes gouvernementaux, la faculté vise à élargir le champ de ses partenariats dans une perspective de mobilisation des connaissances. «Au-delà de la diffusion des résultats de leurs travaux grâce aux publications et aux colloques, les chercheurs doivent démontrer que leurs recherches auront des retombées concrètes dans le milieu et que celui-ci est impliqué à chacune des étapes d’un projet», dit la vice-doyenne.
La faculté a identifié cinq grandes thématiques de recherche, qui ne couvrent pas la totalité des travaux des chercheurs, mais qui illustrent bien la diversité de leurs champs d’intérêt : les déterminants sociaux de la santé; le fonctionnement de l’esprit humain; les identités, les cultures et la mondialisation; les inégalités, marginalités et nouvelles pratiques sociales; les innovations sociales, culturelles, scientifiques et technologiques. L’existence de multiples avenues de recherche et d’une approche interdisciplinaire permet de confronter les perspectives et les méthodes propres à différentes disciplines afin de mieux comprendre les mutations que connaît la société et d’analyser les enjeux les plus importants. «Nous souhaitons être encore plus présents dans le secteur de la santé et avons des projets en chantier dans des domaines où nous sommes des acteurs majeurs, comme ceux de la violence et de la diversité sexuelles», observe Danielle Julien.
La Faculté des sciences humaines est en pleine croissance. Mais pour maintenir sa vitesse de croisière, elle devra compter sur davantage de ressources, tant humaines que financières. «C’est là un de ses principaux défis», conclut Anne Rochette.
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Avec ses neuf départements et école, sa vingtaine d’unités de recherche et ses quelque 60 programmes d’étude, la Faculté des sciences humaines est l’une des plus imposantes de l’UQAM. Elle est aussi reconnue pour la grande diversité de ses champs d’expertise. La sexologie, le travail social et les sciences des religions y côtoient en effet des disciplines plus traditionnelles comme la philosophie, l’histoire et la sociologie. Ses chercheurs sont impliqués dans la recherche de solutions à des problèmes sociaux contemporains et entretiennent des liens étroits avec le milieu. Plusieurs d’entre eux interviennent dans les médias et participent aux débats publics sur les grands enjeux sociaux : pluralisme identitaire, laïcité, lutte contre les inégalités. La faculté vise également à former des citoyens possédant des habiletés intellectuelles, des capacités d’analyse et un sens critique qui leur permettent de jouer un rôle de leader dans différentes sphères de la société.
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La Faculté des sciences humaines, c’est :
- Plus de 4 700 étudiants
- Près de 29 000 diplômés
- 220 professeurs
- Quelque 600 chargés de cours
- 71 employés de soutien
- 8 départements (géographie, histoire, linguistique, philosophie, psychologie, sciences des religions, sexologie, sociologie) et 1 école (travail social)
- 36 programmes d’études de premier cycle
- 25 programmes d’études de cycles supérieurs
- 2 instituts (études et recherches féministes, sciences cognitives), 7 chaires de recherche du Canada, 4 chaires de recherche-innovation, 1 chaire internationale, 4 centres de recherche institutionnels, 7 laboratoires FCI
- Un taux de réussite de près de 40 % aux concours des organismes subventionnaires
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L’IREF a 20 ans
Créé en 1990, l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) de l’UQAM célèbre cette année son 20e anniversaire. Pour l’occasion, l’Institut organise une série de conférences-midi :
- L’intervention féministe : fondements d’une pratique et enjeux actuels. Avec Christine Corbeil, professeure retraitée de l’École de travail social et professeure associée à l’IREF, et Isabelle Marchand, chargée de cours à l’École de travail social. Jeudi 8 avril.
- Réflexions sur l’histoire des études et de la pensée féministes au Québec. Défis anciens et nouveaux défis. Avec Nadia Fahmy-Eid, professeure retraitée du Département d’histoire. Mercredi 14 avril.
- Vieilles et après! Rapports des femmes au vieillissement. Avec Michèle Charpentier, professeure à l’École de travail social et directrice scientifique du Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale du CSSS Cavendish, et Anne Quéniart, professeure au Département de sociologie. Mercredi 21 avril.
Toutes les conférences se tiendront de 12h30 à 14h, au local DS-1950 du pavillon J.-A. de Sève.
L’IREF est un lieu de coordination, de recherche, d’enseignement et de diffusion des savoirs dans le domaine des études féministes. Il constitue l’un des plus vastes champs d’études interdisciplinaires au Québec et au Canada sur les conditions de vie des femmes, les divers courants du féminisme et les rapports sociaux de sexes.
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Conférence sur Marie Gérin-Lajoie
La Faculté des sciences humaines et son Conseil de diplômés présentent, le 8 avril prochain, une grande conférence publique de Jennifer Stoddart, commissaire à la protection de la vie privée du Canada, intitulée Marie Gérin-Lajoie, éclaireuse : défendre et promouvoir les droits et libertés d’un siècle à l’autre.
Marie Gérin-Lajoie a servi d’objet d’étude mais aussi d’inspiration à de nombreuses personnes qui ont consacré leur carrière à la défense des droits de la personne et des libertés individuelles. Jennifer Stoddart, diplômée de l’UQAM (M.A. histoire, 1974) et récipiendaire du Prix Reconnaissance 2009 de la Faculté des sciences humaines, est de ce nombre. Avant d’être à la tête de la Commission d’accès à l’information du Québec, puis du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, elle s’est intéressée à la vie et à l’œuvre de Marie Gérin-Lajoie, avocate des droits des femmes. Elle livrera ses réflexions sur l’avancement des droits et libertés, notamment du droit à la vie privée et des droits des femmes.
La conférence se déroulera de 19h à 20h, à la salle Marie-Gérin-Lajoie (J-M400) du pavillon Judith-Jasmin
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Comment évaluer l’excellence en recherche?
Quelles logiques suivent les comités de pairs avant de rendre leur verdict concernant l’octroi d’une subvention ou d’une bourse de recherche? Quels mécanismes sont à l’œuvre quand il s’agit de juger de la qualité d’un projet ou d’une démarche scientifique? Quelle place occupent les intérêts individuels, les relations interpersonnelles, les perceptions et les émotions lors des discussions en comité? Ces questions fascinantes seront abordées par Michèle Lamont, professeure au Département de sociologie de l’Université Harvard, dans le cadre d’une conférence publique se déroulant en français, organisée par le Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST).
Auteure de l’ouvrage How Professors Think : Inside the Curious World of Academic Judgement, Michèle Lamont a étudié et analysé de nombreuses délibérations d’experts et a interrogé les membres des jurys, dans diverses disciplines des sciences humaines et sociales, afin de découvrir ce qui se cache derrière les portes closes des comités d’évaluation.
La conférence aura lieu le jeudi 15 avril, de 16h à 18h, au local D-R200 du pavillon Athanase-David.