Le Conseil d’administration de l’UQAM a attribué à la professeure retraitée Céline Saint-Pierre, du Département de sociologie, le statut de professeure émérite, lors de sa réunion du 28 septembre dernier. Les membres du comité d’attribution ont souligné la rigueur, la polyvalence et l’envergure de la carrière de Mme Saint-Pierre, son dévouement à la réalisation de la mission de l’UQAM, son leadership, l’inspiration qu’elle a suscitée chez un grand nombre de personnes, ainsi que sa présence au sein de prestigieux organismes ou associations, notamment l’Association internationale de sociologie et le Conseil supérieur de l’éducation.
Céline Saint-Pierre s’est jointe au Département de sociologie dès le mois d’août 1969, devenant ainsi une de ses fondatrices et, par le fait même, de l’UQAM. Venue de l’Université de Montréal, où elle était déjà jeune professeure, elle a rallié l’UQAM par conviction à cause de l’originalité de sa mission qui mettait sur un même pied les trois composantes de la charge d’un professeur d’université, à savoir l’enseignement, la recherche et les services à la collectivité.
Titulaire d’un doctorat en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris, obtenu en 1973, Céline Saint-Pierre a laissé sa marque au Département de sociologie, où elle a enseigné jusqu’en 1992. Comme pédagogue, sa réputation s’est tôt étendue à l’extérieur de son département, ce qui lui a valu de faire école auprès de toute une génération de jeunes étudiants.
Comme chercheuse, sa réalisation la plus emblématique est sans conteste la mise sur pied, en 1985-86, en collaboration avec des collègues de l’UQAM et de l’École Polytechnique, du Centre d’évaluation sociale des technologies (CREST). Ce centre constituait une première au Québec et au Canada dans le champ des sciences sociales, tant du point de vue de la structure organisationnelle de la recherche, en finançant des postes de professeurs-chercheurs, que du champ de recherche couvert, celui de l’évaluation sociale des technologies. Il est aujourd’hui connu sous le nom de «Centre interuniversitaire de recherche en sciences et technologies» (CIRST) et il figure comme l’un des centres les plus importants en Amérique du Nord dans ce domaine. En 2006, le CIRST lui a décerné le titre de chercheuse émérite pour avoir contribué à sa création et à son développement. Elle siège toujours comme membre de son comité directeur.
Céline Saint-Pierre s’est impliquée de manière soutenue et constante à l’UQAM en assumant de nombreuses tâches auprès de plusieurs instances comme la direction des études supérieures, le Comité de protocole conjoint UQAM-CSN-FTQ-CEQ, et en accédant au poste de vice-rectrice à l’Enseignement et à la recherche (1992-1996).
Comme auteure, il convient de souligner l’importance de sa contribution à la sociologie québécoise grâce au nombre et à la qualité de ses propres publications qui ont exercé une influence durable dans trois domaines : sociologie du travail, sociologie des sciences et des technologies, histoire sociale. C’est d’ailleurs cette renommée qui lui a valu d’occuper le poste de directrice du développement à la Chaire Fernand-Dumont sur la culture (INRS-UCS), de 2002 à 2004, puis d’accéder au poste de présidente du Conseil de la Chaire, une responsabilité qu’elle assume toujours.
Les deux autres volets de son implication concernent ses activités au sein de la société québécoise et sur la scène internationale. Au Québec, Céline Saint-Pierre a participé activement avec, entre autres, le réputé historien Stanley Bréhaut Ryerson, à la mise sur pied d’une équipe de recherche vouée à l’étude du mouvement ouvrier politique au Québec, aux XIXe et XXe siècles. Cette équipe a produit de nombreuses et d’importantes publications sur cet aspect peu connu de notre histoire.
Au niveau international, le plus beau fleuron de sa carrière est sans conteste son rôle dans le cadre de l’Association internationale de sociologie (AIS), de 1974 à 1998, une implication qui lui a valu les félicitations et la reconnaissance des plus grands sociologues de notre temps, comme Alain Touraine, Neil Smelser, Tom Bottomore et Fernando Henrique Cardoso.
Membre de la Société royale du Canada (1989) et Chevalier de l’Ordre national du Mérite du gouvernement français (1997), Céline Saint-Pierre a été élue présidente du Conseil supérieur de l’éducation, poste qu’elle a occupé de 1997 à 2002, et a reçu, en 2002, un doctorat honoris causa de l’Université de Moncton. Membre de la Société des bâtisseurs de la Fondation de l’UQAM, Mme Saint-Pierre a pris sa retraite de l’UQAM en 2004.
Elle est néanmoins demeurée active comme membre de conseils d’administration au sein de plusieurs organismes sans but lucratif, dont les principaux sont dédiés à l’éducation. Conférencière sur diverses questions autour de l’éducation et de l’enseignement supérieur ainsi que de la mobilisation des connaissances, elle continue à publier et à être associée à l’UQAM, notamment comme aviseur ou conseillère auprès de trois centres ou groupes de recherche et comme chercheuse émérite du CIRST. Elle a participé récemment à un projet de coopération internationale impliquant l’UQAM et la Guinée dans le développement de l’enseignement supérieur de ce pays.