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Médias et santé: un partenariat à favoriser

Par Marie-Claude Bourdon

8 février 2010 à 0 h 02

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Comment amener la population à changer ses habitudes alimentaires et à faire plus d’exercice? Cette préoccupation des autorités de la santé publique est aussi celle du Groupe de recherche Médias et santé. «Les médias ne sont pas le seul facteur de création de nouvelles normes sociales, dit Lise Renaud, directrice du Groupe et professeure au Département de communication sociale et publique. Mais toute intervention médiatique contribue à façonner les normes.»

Interdisciplinaire, regroupant des chercheurs de plusieurs universités, le Groupe de recherche Médias et Santé a atteint, après quatre ans, sa vitesse de croisière. Il compte à son actif plusieurs ouvrages et de nombreux articles publiés, des projets de recherche à la pelle et tout un éventail d’activités de diffusion et de mobilisation des connaissances qu’il génère.

Entre le monde de la santé et celui des médias, la communication n’est pas toujours naturelle. Au fil des ans, les chercheurs du groupe ont donc rencontré les professionnels de la santé publique, de même que les télédiffuseurs, journalistes, scénaristes et autres acteurs du monde des communications pour tester leurs perceptions. «Il y a beaucoup d’incompréhension, souligne Lise Renaud. D’un côté, les gens de la santé ont l’impression que ceux de communications reçoivent mal leur message. De leur côté, ceux-ci disent que l’information ne leur est pas transmise de la bonne façon.»

Faciliter les échanges

Par ses nombreuses activités de recherche et les rencontres qu’il multiplie entre les acteurs concernés, le Groupe Médias et santé se veut une courroie de transmission. «Les rencontres que nous organisons sont de plus en plus populaires, affirme Lise Renaud. Il y a un véritable intérêt de la part des gens de la santé publique et une grande ouverture du côté des communications.»

Pour faciliter les échanges et faire progresser la réflexion, de part et d’autre, plusieurs outils sont utilisés : un service de veille médiatique, un résumé des faits marquants de la recherche mis à jour périodiquement sur le site Web, un blogue s’adressant aux professionnels de la santé et un autre en chantier pour les scénaristes d’émissions pour enfants.

«On va leur proposer des résultats de recherche portant sur le développement des enfants et les habitudes de vie, mais aussi des exemples d’interventions qui ont réussi», explique Judith Gaudet, chercheuse au Centre et ex-productrice contenu pour l’émission jeunesse Ramdam.

Dans une étude conduite par le Groupe à ses débuts, il est apparu que les personnages des téléromans québécois faisaient très peu d’exercice. «Nous sommes allés voir les maisons de production qui font des téléromans et nous leur avons dit que nous comprenions leurs contraintes, raconte Lise Renaud. Cela coûte cher de tourner des scènes d’exercice physique, surtout à l’extérieur. Mais pourquoi ne pas suggérer l’idée que les personnages s’adonnent à une activité?» Depuis, se réjouit la professeure, on voit de plus en plus de scènes avec des personnages qui reviennent de faire du jogging ou une raquette de tennis à la main!

Qu’est-ce qui fait qu’un communiqué de presse sur la santé attire ou non l’attention des médias? Les professionnels de la santé publique ont eux-mêmes soulevé cette question, qui a fait l’objet d’une autre recherche. À partir des résultats obtenus, on leur a proposé de corriger le tir dans leurs communications, de façon à faire ressortir l’information la plus susceptible d’intéresser recherchistes, journalistes ou rédacteurs en chef.

«Ce qui est fondamental pour moi, c’est que nos partenaires s’approprient nos résultats de recherche, affirme Lise Renaud. On ne peut pas changer une norme sociale – que ce soit sur le plan des habitudes alimentaires ou de l’exercice – avec une seule campagne de sensibilisation. Il faut des stratégies à long terme, répéter le message, utiliser les réseaux sociaux.»

Un nouveau cours en ligne

À côté des activités du Groupe, Lise Renaud mène aussi d’autres projets. Depuis le printemps dernier, un nouveau cours en ligne sur la promotion de la santé, la prévention de la maladie et la communication est disponible pour les professionnels de la santé publique des régions éloignées du Québec. Produit conjointement avec l’Institut national de santé publique et le Service de l’audiovisuel de l’UQAM, ce cours est offert dans le cadre d’un programme de maîtrise proposé par l’Université de Montréal mais regroupant des cours de plusieurs universités. «J’en suis très fière, entre autres parce que j’ai réussi à y inclure des cas basés sur des expériences menées en région», confie Lise Renaud.

Le 28 janvier dernier, une réception était organisée pour célébrer la parution de l’ouvrage Les Médias et la Santé. De l’émergence à l’approbation des normes sociales, deuxième recueil important publié par les chercheurs du groupe, de même que le lancement du cours en ligne et la production de vidéos sur les agents de santé communautaire en Afrique, un autre projet signé Lise Renaud. Les 11 et 12 mars prochains, le Groupe organise par ailleurs le colloque Internet et Santé : nouvelles pratiques, nouveaux enjeux. Comme son titre l’indique, cet événement a pour but d’alimenter la réflexion sur les nouvelles façons de transmettre l’information à l’ère d’Internet et des médias sociaux.