Photo : Denis Bernier.”>Sur recommandation de la Faculté de communication, l’UQAM a décerné le 7 octobre dernier un doctorat honoris causa à Elihu Katz, reconnaissant sa contribution exceptionnelle, continue et innovatrice en recherche dans le champ de la sociologie des médias. Cet honneur lui a été attribué dans le cadre de sa participation à titre de conférencier invité au Symposium intitulé «Retour critique sur deux textes canoniques de la recherche sur les médias : Personal Influence et Media Events», qui s’est déroulé à l’UQAM, les 7 et 8 octobre. Ces deux ouvrages ont été rédigés par Elihu Katz, en collaboration avec Paul Lazarsfeld, pour Personal Influence, et Daniel Dayan, pour Media Events.
Né à New York et formé entièrement au Département de sociologie de l’Université Columbia, Elihu Katz a travaillé comme assistant de recherche au célèbre Bureau of Applied Social Research pendant ses études doctorales à cette université. Son parcours scientifique est d’ailleurs emblématique de l’école de pensée développée à Columbia pour analyser et décrire les relations entre les médias, les individus et la société.
Il a repris et étendu la portée de la théorie du two-step flow, développée par Paul Lazarsfeld, voulant que le flux informationnel véhiculé par les médias soit d’abord capté par les leaders d’opinion qui agissent comme médiateurs et filtres envers les personnes qu’ils influencent. La communication de masse serait ainsi limitée par les opinions préexistantes, le réseau de relations interpersonnelles et le champ social du récepteur. Un émetteur médiatique viendrait renforcer chez un individu une intention de vote ou un choix de consommation déjà constitués, mais ne réussirait pas à le faire changer d’avis, si ce que propose le média est contraire à son opinion. Ce modèle s’inscrit en faux contre celui dit de la «seringue hypodermique», fondé sur la croyance que l’influence des médias est totale, directe et immédiate.
Ayant consacré l’ensemble de sa carrière à l’étude de la communication, Elihu Katz s’est intéressé à une foule de sujets, notamment à la diffusion d’idées et d’innovations dans le monde médical et, ce faisant, a initié une tradition de recherche sur la diffusion des innovations. Son intérêt pour la formation des opinions publiques en Israël, l’a aussi conduit à développer, cette fois avec Michael Gurevitch, un modèle d’étude du processus de persuasion appelé Uses and Gratifications Theory.
Sa contribution au groupe de travail sur l’introduction de la radiodiffusion sur le territoire israélien l’a conduit à s’associer à des travaux d’évaluation du rôle de la télévision dans plusieurs pays en voie de développement. Au milieu des années 70, il s’associe avec Daniel Dayan pour circonscrire la problématique des Media Events, c’est-à-dire la diffusion médiatique d’événements à caractère historique qui captivent des auditoires très étendus. Plus tard, il s’intéresse, avec sa collègue Tamar Liebes de l’Université Hébraïque de Jérusalem, aux différences de perception et d’interprétation de la culture populaire américaine à travers des émissions de la série «Dallas», chez des groupes d’origines ethniques diverses vivant en Israël.
Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, cosignés ou écrits en collaboration, souvent à titre d’éditeur, et de quelque 170 communications scientifiques sur tous les aspects de la communication, Elihu Katz est titulaire de très nombreux doctorats et distinctions honorifiques. Il a notamment remporté, en 1987, le Prix McLuhan Téléglobe Canada, administré par la Commission canadienne pour l’Unesco. Ce prix est décerné aux personnes qui se sont distinguées par leur apport déterminant à la compréhension de l’influence des médias et des technologies de la communication sur la société.