David Altmejd peut rarement profiter d’un moment de répit. Lorsqu’il n’est pas en train de concevoir une sculpture ou de préparer une exposition, l’artiste présente ses œuvres dans des galeries à Londres, New York ou Bruxelles.
Malgré son horaire surchargé, le lauréat du Prix Reconnaissance de la Faculté des arts a consacré près d’une heure au journal L’UQAM lors d’une exceptionnelle journée de congé – un jour férié, de surcroît! David Altmejd serait-il workaholic? «Je dirais plutôt sculpturaholic, lance-t-il, mi-blagueur, mi-sérieux. J’ai besoin de faire exister mes sculptures, de les faire vivre de manière indépendante. Je suis convaincu qu’elles développent leur propre intelligence, qu’elles font leurs propres choix.»
Fasciné par l’évolution
David Altmejd ne se destinait pourtant pas aux arts, mais plutôt aux sciences. Après ses études collégiales, il s’inscrit en sciences biologiques à l’Université McGill. «J’ai toujours été fasciné par l’évolution de l’être humain, raconte-t-il. Ce qui m’intéressait dans la biologie, c’était la possibilité de construire et d’inventer, et non pas d’apprendre le langage scientifique conventionnel. J’ai donc lâché les sciences pour étudier au baccalauréat en arts visuels à l’UQAM.» Ses parents – sa mère est l’ancienne rectrice par intérim de l’UQAM, Danielle Laberge – et son entourage l’appuient dans cette voie, sachant qu’il a du talent en dessin et en peinture.
Dès ses premiers cours au baccalauréat, il tombe amoureux de la sculpture. «Les objets ont une grande puissance, explique-t-il. Ils existent dans le même espace que nous, respirent le même air et dégagent une grande énergie.» Il apprécie la grande liberté de cet art, notamment pour ce qui est de la taille des œuvres. Il présente d’ailleurs dans la même exposition des sculptures énormes – sa plus récente mesure 2,4 m de haut par 3,6 m de large – et d’autres, minuscules comme une boîte de mouchoirs!
Son inspiration, il la puise à plusieurs endroits. D’abord, dans les personnages fantastiques. «Je suis nostalgique des films de science-fiction de mon enfance, souligne-t-il. Le fantastique me permet d’explorer davantage que le réel.» Ensuite, dans les matériaux qu’il utilise. «Je m’intéresse beaucoup au processus, à la découverte des limites et possibilités des différents matériaux.» Utilisant principalement le verre, le cristal, le plexiglass et le bois, David Altmejd rêve du jour où il travaillera le métal. «Mais pour cela, je devrai agrandir mon atelier et prendre des cours de soudure!», précise-t-il.
Sa plus grande source d’inspiration demeure sa sculpture précédente, celle qu’il est en train de terminer. «Lorsque je travaille sur une œuvre, ça bouillonne dans ma tête à tel point que j’ai déjà hâte d’entamer la prochaine, dit-il. Tous les accidents, tous les imprévus me donnent des idées.»
Renommée internationale
À seulement 35 ans, David Altmejd possède déjà une renommée internationale. Il a notamment représenté le Canada à la Biennale de Venise en 2007, et ses œuvres se retrouvent dans des collections permanentes comme celles du musée Guggenheim et du Whitney Museum de New York. En 2009, le Montréalais a remporté le prix Sobey, l’une des plus prestigieuses récompenses en arts visuels au Canada. Ce prix, décerné à un artiste de moins de 40 ans, est doté d’une bourse de 50 000$.
Trois galeries représentent David Altmejd : la Stuart Shave Modern Art de Londres, la Andrea Rosen Gallery de New York et la galerie Xavier Hufkens de Bruxelles. C’est à ce dernier endroit qu’il présentera sa prochaine exposition solo, Le Guide, à laquelle il a consacré près de cinq mois de travail.
Malgré tous ses succès, David Altmejd demeure humble. «Je m’arrête au Café des arts chaque fois que je passe par l’UQAM, et je peux assurer que je ne suis pas si connu que ça, dit-il en riant. Je ne suis pas vraiment conscient des prix remportés, parce que je suis concentré sur mon travail. C’est la seule chose vraie pour moi.»
Quels sentiments l’habitent à l’idée de recevoir le Prix Reconnaissance le 26 avril prochain? «Wow!, laisse-t-il échapper. Je suis super fier que cette reconnaissance provienne de chez moi. J’ai toujours un profond attachement envers l’Université, notamment envers la directrice de la Galerie de l’UQAM, Louise Déry. Cette approbation de mes pairs me touche davantage qu’un article dans le New York Times.»
Pour connaître les autres lauréats des Prix Reconnaissance : www.prixreconnaissance.uqam.ca